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D’après un article de Ben Judkins, appuyé dans ses travaux par ceux de :
Barbara E. Ward à qui nous devons “The Red Boats of the Canton Delta : A Historical Chapter in the Sociology of Chinese Regional Drama” qui a été l’une des sources de Ben Judkins et donc l’une des miennes.
Le docteur Hans
K. Van Tilburg, coordinateur de l’héritage maritime au sein de la National
Oceanic and Atmospheric Administration pour son expertise concernant
l’architecture des vaisseaux chinois du XIXe siècle, lui aussi l’une
des sources de Ben Judkins et donc lui aussi l’une des miennes.
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Il est difficile
de réfuter la grande popularité du mannequin de bois utilisé par Yip Man, ainsi
que par Bruce Lee qui a contribué à celle-ci. Ainsi cet outil est devenu un
symbole des arts martiaux de Chine du sud, faisant à la fois partie de la
culture, mais aussi de l’héritage de ceux-ci. Il est intéressant de se poser la
question de ses origines.
A quel point le
mannequin que nous connaissons a évolué et à quel niveau apparait-il dans
l’Histoire du wing chun. Les histoires les plus romantiques le font apparaître
seulement à la fin de la dynastie Qing (entre les XVIIIe et XIXe
siècles) et le fait que nous n’ayons aucune preuve d’une utilisation plus
ancienne de ce type de mannequin de bois laisse penser qu’il aurait pu
apparaître à cette période.
- Une origine nautique
Il est très
difficile d’établir avec certitude le moment où est apparu le mannequin de bois
sous la forme que nous lui connaissons aujourd’hui. Concernant les origines du
wing chun, nous disposons de quelques sources concrètes et celles sur
l’évolution du mannequin de bois sont encore plus rares.
Le peu d’éléments
à notre disposition rend ainsi difficile toute affirmation et à moins que dans
les années à venir une découverte majeure ne soit effectuée sur le sujet, nous
en resterons encore longtemps au stade des spéculations. Ce n’est d’ailleurs
pas très différent de l’archéologie expérimentale.
Une théorie sur
l’origine du mannequin de bois a retenu mon attention et nous allons la
développer ici.
Beaucoup de
pratiquants de wing chun considèrent que le mannequin de bois était déjà
utilisé durant la période des compagnies d’opéra des jonques rouges. Ces
troupes voguaient sur les eaux du delta de la rivière des perles entre 1870 et
1938 sur des jonques spécialement conçues pour elles.
Certains récits
placent l’origine des jonques rouges aussi loin que les années 1850 mais en
raison du bannissement des opéras mis en place suite à l’échec de la révolte
des Turbans Rouges, Barbara Ward conclut que les jonques n’ont pas été chose
commune avant les années 1870.
La tradition des
jonques rouges ne semble d’ailleurs pas avoir survécu à l’ère post seconde
guerre mondiale. Durant cette période prospère, les performances d’opéra
devinrent un business suffisamment rentable pour être hébergées dans des
théâtres et l’ancienne tradition nautique faut abandonnée.
Certains
étudiants de wing chun qui voient l’opéra Cantonais comme un lien majeur dans
la transmission de leur système considèrent que les mannequins de bois
faisaient partie intégrante du gréement des jonques ou étaient montés sur la
flotte de jonques rouges, les jonques ayant été spécialement construites pour
les troupes d’opéra et majoritairement uniformes. Les étudiants en opéra
auraient alors utilisé les mannequins de bois pour leur entraînement aux arts
scéniques, mais également pour améliorer leur wing chun. Les jonques rouges
sont souvent imaginées comme des écoles d’arts martiaux flottantes.
Les artistes
martiaux ne sont pas les seuls à perpétuer cette image, en effet le Cantonese
Opera Museum de Foshan contient de nombreuses références quant au rôle
traditionnel du mannequin de bois dans l’entraînement aux arts scéniques. Le
musée exhibe même une maquette (historiquement incorrecte) d’une jonque rouge
classique qui possède un mannequin de bois installé sur le pont arrière :
Le musée dispose également dans sa collection d’un mannequin enterré, le type de mannequin traditionnel avant les années 1950. La description du musée explique que frapper le mannequin de bois faisait partie de l’entraînement pour tous les nouveaux étudiants en opéra. Ainsi peut-on se poser la question suivante : le mannequin de bois utilisé en wing chun est-il un héritage des jonques rouges et / ou d’autres traditions d’opéra ?
C’est possible
mais il y a quelques problèmes avec cette théorie. Celle-ci nécessite d’être
examinée précautionneusement. Pour commencer, cette histoire n’explique en rien
l’origine de notre outil d’entraînement, en fait le problème n’est que repoussé
un peu plus loin. Ensuite un certain nombre de questions pratiques apparaissent
lorsqu’on essaye de placer un mannequin de bois dans le contexte de ce que nous
savons des jonques d’opéra.
Pour commencer,
la plupart des récits relatant l’utilisation du mannequin de bois sur les
jonques rouges ont été enregistrés après 1980, dans la période post Bruce Lee,
lorsque le wing chun était déjà en train de gagner en popularité. De plus
lorsqu’on regarde le travail de Barbara Ward qui a interviewé des centaines
d’artistes d’opéra, ainsi que de membres du public dans la période post seconde
guerre mondiale : aucun ne semble se rappeler de mannequins de bois sur
les jonques. Ward n’a d’ailleurs pas inclus les mannequins dans sa
reconstitution des vaisseaux qui est l’une des plus détaillées et fiable dont
nous disposons.
Des problèmes
plus basiques encore apparaissent lorsqu’on considère la vie sur les jonques.
La troupe d’opéra et le personnel naviguant étaient épouvantablement à l’étroit
et la situation était encore pire avec tous les costumes et le matériel qu’il
fallait transporter d’un lieu de performance à l’autre. Les membres des jonques
rouges survivants qui ont été interviewés par Ward ont tous expliqué qu’il n’y
avait pas d’entraînement à bord, d’aucune sorte. Il n’y avait tout simplement
pas assez de place pour bouger.
Il n’y avait de
toute façon aucune nécessité de s’entraîner à bord. Les jonques rouges n’ont
jamais été des vaisseaux faits pour les eaux profondes et les longs voyages.
Ces barges de rivière allaient de ville en ville pour leurs performances. La
pratique et l’entraînement avaient lieu à terre.
Il y a donc peu
de chance que des mannequins de bois aient été montés à demeure sur le pont des
jonques. Ceux-ci auraient été dans le chemin de l’équipage lorsque le bateau
aurait été en mouvement et au mauvais endroit si les entraînements se passaient
à terre.
C'était des embarcations à voiles?
RépondreSupprimerLe mât serait là de toute façons qu'on l'utilise comme mannequin de bois ou pas.
Je me suis déjà beaucoup entrainer avec le mât d'un navire pendant de longs quart.
SupprimerLes jonques rouges avaient effectivement des voiles. En revanche ce n'est pas le mât qui était utilisé comme mannequin de bois selon la théorie développée dans cet article :).
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