dimanche 11 juin 2017

Les doubles couteaux dans les arts martiaux en Chine du sud [partie 11]


Partie 1Partie 2Partie 3Partie 4Partie 5Partie 6Partie 7Partie 8Partie 9Partie 10Partie 11

Texte de Benjudkins, traduit et adapté par Véronique

Quelques mots de conclusion

Les couteaux papillons restent l’un des artefacts les plus mythiques et reconnaissables de la culture martiale de la Chine du sud. Leur création initiale à la fin du XVIIIème, début du XIXème siècle a pu être améliorée par des croisements récents avec des coutelas européens, et des objets militaires. Cette garde tout à fait unique, en forme de D (vue dans beaucoup de cas mais pas systématiquement) fut alors ajoutée à une ancienne tradition qui consistait à transporter deux armes dans un seul fourreau.


Vers 1820 ces armes étaient suffisamment populaires pour que les marchands anglais et américains de Canton les croisent et les ajoutent à leurs collections. Vers 1830 nous trouvons de multiples récits au sujet de ces armes, fournies aux troupes miliciennes et aux braves engagés par Lin dans ses conflits avec les Anglais. Les descriptions du Commander Bingham nous indiquent qu’il existait une tradition martiale bien réelle dans laquelle des milliers de troupes étaient entraînées à combattre avec ces épées, et même à les faire mouliner quand il fallait se dégager d’une contrainte (même si cela ne me semble pas une bonne idée, mais c’est un autre sujet).

Les contacts de plus en plus fréquents entre Européens et citoyens chinois dans les années 1840 / 1850 firent qu’il y eut de plus en plus de témoignages au sujet de ces “doubles couteaux” et des photographies et gravures sur le sujet. Si on compare aux hudiedao modernes, la différence majeure est dans le fait que les épées anciennes étaient plus longues et plus pointues que les modernes.

De façon tout à fait intéressante ces armes commencent aussi à se voir sur les côtes américaines quand l’immigration de Chinois de Canton et Fujian augmente au milieu du XIXème siècle. Des comptes rendus des années 1880 indiquent qu’elles étaient communément utilisées par les criminels et délinquants et des photographies du tournant du siècle montrent qu’elles étaient aussi utilisées par les artistes de rue et les chanteurs d’Opéra.

Toutefois ces lames étaient généralement plus courtes, plus larges et avec des pointes moins marquées que leurs exemplaires du milieu du XIXème siècle. Bien que continuant à être l’apanage de certains jusque dans les années 1930, les hudiedao commencèrent à disparaître des rues au profit d’armes à feu, plus modernes. Vers le milieu du XXème siècle on ne considéra plus les hudiedao comme des armes effrayantes assimilées au milieu du crime organisé, elles ne furent plus que des outils rattachés aux arts martiaux traditionnels et à l’Opéra.


Tout en abordant une multitude de points, je pense que cet article a apporté deux contributions substantielles à la compréhension de ces armes. D’une part il a repoussé leur probable date de création une génération (voire plus) plus tôt dans l’histoire : plutôt que d’être un artefact de la fin du XIXème ou de 1850, nous avons clairement mis en évidence l’utilisation des hudiedao à Canton dès 1830 et avons de bonnes raisons de penser qu’ils étaient déjà là dans les années 1820.

Ces armes avaient effectivement la faveur des artistes martiaux civils et de divers individus de la région des rivières et des lacs du sud de la Chine. Mais nous avons aussi vu qu’elles étaient également employées par milliers dans les milices, par les braves et les gardes du sud de la Chine. Et nous avons des récits au sujet de milliers d’individus dans la région du Delta de la Rivière des Perles recevant un enseignement à leur utilisation à la fin des années 1830.
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