Partie 1 ●
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Partie 9 ● Partie 10 ● Partie 11
Texte de Benjudkins, traduit et adapté par Véronique
Quelques mots de conclusion
Les couteaux papillons restent l’un des
artefacts les plus mythiques et reconnaissables de la culture martiale de la
Chine du sud. Leur création initiale à la fin du XVIIIème, début du
XIXème siècle a pu être améliorée par des croisements récents avec
des coutelas européens, et des objets militaires. Cette garde tout à fait
unique, en forme de D (vue dans beaucoup de cas mais pas systématiquement) fut
alors ajoutée à une ancienne tradition qui consistait à transporter deux armes
dans un seul fourreau.
Vers 1820 ces armes étaient suffisamment
populaires pour que les marchands anglais et américains de Canton les croisent
et les ajoutent à leurs collections. Vers 1830 nous trouvons de multiples
récits au sujet de ces armes, fournies aux troupes miliciennes et aux braves
engagés par Lin dans ses conflits avec les Anglais. Les descriptions du
Commander Bingham nous indiquent qu’il existait une tradition martiale bien
réelle dans laquelle des milliers de troupes étaient entraînées à combattre
avec ces épées, et même à les faire mouliner quand il fallait se dégager d’une
contrainte (même si cela ne me semble pas une bonne idée, mais c’est un autre
sujet).
Les contacts de plus en plus fréquents
entre Européens et citoyens chinois dans les années 1840 / 1850 firent qu’il y
eut de plus en plus de témoignages au sujet de ces “doubles couteaux” et des
photographies et gravures sur le sujet. Si on compare aux hudiedao modernes, la
différence majeure est dans le fait que les épées anciennes étaient plus
longues et plus pointues que les modernes.
De façon tout à fait intéressante ces
armes commencent aussi à se voir sur les côtes américaines quand l’immigration
de Chinois de Canton et Fujian augmente au milieu du XIXème siècle.
Des comptes rendus des années 1880 indiquent qu’elles étaient communément
utilisées par les criminels et délinquants et des photographies du tournant du
siècle montrent qu’elles étaient aussi utilisées par les artistes de rue et les
chanteurs d’Opéra.
Toutefois ces lames étaient généralement
plus courtes, plus larges et avec des pointes moins marquées que leurs
exemplaires du milieu du XIXème siècle. Bien que continuant à être l’apanage
de certains jusque dans les années 1930, les hudiedao commencèrent à
disparaître des rues au profit d’armes à feu, plus modernes. Vers le milieu du
XXème siècle on ne considéra plus les hudiedao comme des armes
effrayantes assimilées au milieu du crime organisé, elles ne furent plus que
des outils rattachés aux arts martiaux traditionnels et à l’Opéra.
Tout en abordant une multitude de
points, je pense que cet article a apporté deux contributions substantielles à
la compréhension de ces armes. D’une part il a repoussé leur probable date de
création une génération (voire plus) plus tôt dans l’histoire : plutôt que d’être
un artefact de la fin du XIXème ou de 1850, nous avons clairement
mis en évidence l’utilisation des hudiedao à Canton dès 1830 et avons de bonnes
raisons de penser qu’ils étaient déjà là dans les années 1820.
Ces armes avaient effectivement la
faveur des artistes martiaux civils et de divers individus de la région des
rivières et des lacs du sud de la Chine. Mais nous avons aussi vu qu’elles
étaient également employées par milliers dans les milices, par les braves et
les gardes du sud de la Chine. Et nous avons des récits au sujet de milliers d’individus
dans la région du Delta de la Rivière des Perles recevant un enseignement à
leur utilisation à la fin des années 1830.
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