Partie 1 ●
Partie 2 ● Partie 3 ● Partie 4 ● Partie 5 ● Partie 6 ● Partie 7 ● Partie 8 ●
Partie 9 ● Partie 10 ● Partie 11
Texte de Benjudkins, traduit et adapté par Véronique
Le Hudiedao et l’arme à feu
Tandis que les armes à feu dominaient le monde la
violence en Chine à la fin du XIXe siècle, l’armement traditionnel
ne disparut jamais totalement. Il y a sans doute des raisons économiques et
tactiques à cela.
Il en allait de même en Amérique. Le 13 février
1886, le Harper’s Weekly a publié
un article richement illustré et intitulé “Chinese Highbinders” (page
103) c’est un document important pour les étudiants du monde sino-américain,
particulièrement pour ce qui concerne la façon dans les asio-américains étaient
perçus par le reste de la société.
A la page 100 du même ouvrage on trouve une
gravure avec une étude très détaillée des armes confisquées à divers criminels.
Comme on peut s’y attendre les armes à feu et couteaux y sont légion, il y a
aussi une hachette et un couperet. Mais le plus intéressant, pour nous, est la
présence de masses, d’une saï, d’une chemise renforcée, de canons d’avant-bras.
Et, bien entendu, un hudiedao avec sa garde en D et son fourreau double. Il
semblerait que le hudiedao ait bénéficié d’une aura quasi mystique parmi les
gangsters au milieu des années 1880.
L’auteur de l’article (celui dans le Harper’s Weekly) dit que ces armes
étaient importées directement de Chine : “les armes du truand sont
toutes importées de Chine, sauf la hachette et le pistolet. L’illustration montre
une collection d’armes blanches chinoises, saisies sur des criminels et à
présent en possession de la police de San Francisco. La plus mortelle des armes est ce qu’on appelle une double épée. Deux
épées, chacune d’environ 2 pieds de long, portées dans un unique fourreau. Les
Chinois les tiennent chacune dans une main, et « hachent» leur chemin
parmi les ennemis. Seul un côté est aiguisé, mais, comme pour toutes les lames
chinoises, l’affûtage est extrême, aussi coupant qu’un rasoir. Une arme efficace
est le couteau à double tranchant, habituellement porté dans un fourreau en
cuir. Sa garde est en laiton, généralement richement décoré, et la lame est de
l’acier le plus fin. La plupart des assassinats à Chinatown ont été perpétrés
avec cette arme, un coup suffit pour tuer.
Le couperet utilisé par les truands est plus
petit et plus léger que ne le serait celui d’un boucher. La matraque en acier
d’environ 1 pied et demi de long, est rangé dans un étui, porté au côté comme
une épée. Une autre arme est une curieuse épée avec une garde très grande. La
hachette est de fabrication américaine, mais aiguisée comme un rasoir.
La « cotte de maille » saisie sur un
truand chinois, est en tissu, doublé de nombreuses couches de papier de riz,
pouvant arrêter une balle. Ce type de vêtement est porté communément par les
hommes ayant une mission d’assassinat particulièrement dangereuse. Les canons
d’avant bras sont plus courants, ils montent jusqu’au coude, et sont doublés de
pièces métalliques pouvant intercepter même un coup violent donné avec une arme
blanche.”
Ce passage, basé sur des conversations avec des
officiers de l’ordre public, est une source intéressante de renseignements. Les
doubles couteaux n’étaient pas exceptionnels, mais ils étaient craints. Ils
semblent avoir été particulièrement utiles quand il s’agissait d’affronter une
foule d’opposants sans armes, et étaient souvent utilisés pour des meurtres
commandités. Il est également intéressant de constater que leur extrémité large
et de profil triangulaire, pouvait être une réponse à la présence d’un ennemi
qui aurait porté une armure (pour mémoire les armures étaient en paille).
Mais les
hommes désespérés et les tueurs à gages n’étaient pas les seuls résidents de la
Chinatown de San Francisco à utiliser des hudiedao au XIXe siècle.
Les chanteurs d’Opéra Cantonnais et les artistes de rue les utilisaient
également.
____________________
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire