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Texte de Benjudkins, traduit et adapté par Véronique
Qu’est ce qui caractérise le hudiedao ?
Qu’est ce qui le différencie d’autres lames utilisées par paires ?
Hudiedao, wu dip do, bat cham do,
shuang dao, couteaux papillon… ces armes portent des douzaines de noms
différents ! Toutefois elles ont des points communs, mais quels
sont-ils ? Et qu’est ce qui les différencie des autres armes utilisées par
paire dans les arts martiaux chinois ?
Il est intéressant de constater que
le terme hudiedao ou couteau papillon n’apparaît jamais dans les textes anglais
du XIXe siècle du moins dans tout ce que j’ai lu sur le sujet.
Invariablement on y parle de double épée. Une caractéristique retrouvée assez
systématiquement est que les deux lames sont rangées dans un fourreau unique.
Certains textes (mais pas tous) parlent de la garde en forme de D et décrivent
la forme générale de la lame. J’ai utilisé les textes les plus détaillés (des
années 1830) ainsi que les gravures et photos des années 1840 et 1850 pour
tenter d’interpréter et compléter les descriptions succinctes des années 1820.
Certains collectionneurs étaient
très intéressés par la culture chinoise et utilisaient des agents locaux pour
les aider à acheter et répertorier leurs pièces. Ce sont ces Européens qui,
pratiquement sans exception, appelaient ces armes des “couteaux papillon”.
J’ai consulté deux dictionnaires
anciens qui comportaient des termes militaires. Aucun ne répertoriait le mot
hudiedao, par contre, pour ce qui concerne les doubles couteaux ils donnaient
le mot shwang koo keem, ou, en pinyin moderne
shuang goo gim (Medhurst, English and Chinese Dictionary 1848 ;
Morrison, Dictionary of the Chinese Language, 1819).
De nombreux romans
chinois anciens, y compris “La Légende des 3 Royaumes” écrit par Luo Guanzhong au XVe
siècle d’après l’œuvre de Chen Shou écrite au IIIe siècle et “Au Bord de l’eau” de Shi Nai’an, parlent
de protagonistes utilisant des doubles couteaux, cela implique que même des
personnes ne pratiquant pas les arts martiaux en connaissaient l’existence. En
fait l’héritage littéraire de ces deux romans à lui seul pourrait fort bien
expliquer l’engouement de ces lames dans l’imaginaire des artistes martiaux du
XXIe siècle.
En langage martial
moderne, le mot “double couteau” se réfère à deux lames de taille moyenne qui
sont rangées dans un seul fourreau. Elles devinrent extrêmement populaires à la
fin du XIXe siècle et sont toujours utilisées de nos jours. Du fait
qu’aucun de ces types d’armes n’a jamais servi dans le monde militaire, il ne
leur a jamais été attribué de nom officiel. Par contre nous avons pléthore de
noms plus ou moins poétiques donnés par les civils ou les artistes martiaux.
Exemple de hudiedao à garde en S, mesurant 45 cm de long |
Il en va de même des lames à
proprement parler. Mais deux types ressortent du lot. Certaines sont longues et
étroites avec une section triangulaire, elles ressemblent un peu à des rapières
européennes qui auraient été raccourcies et étaient clairement destinées à
l’estoc. D’autres sont plus larges et plus lourdes avec une pointe robuste. Si
elles pouvaient toujours servir à transpercer d’épais vêtements ou des
vêtements de cuir, elles pouvaient aussi servir pour la taille.
Hudiedao du milieu ou de la fin du XIXe siècle,
mesurant 49 cm de long. Les pointes sont manquantes.
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On peut aussi rencontrer des modèles
ayant la forme et la moitié de la taille d’un dao en queue de bœuf, très
populaire parmi les artistes martiaux civils au XIXe siècle. Dans ce cas les lames étaient
parfois très décorées.
Enfin il y a des lames plus courtes,
plus épaisses, fabriquées pour couper et hacher. C’est ce qui ressemble le plus au modèle
utilisé par les personnes pratiquant le wushu et les artistes martiaux
modernes. Certaines de ces armes pouvaient être portées cachées, elles sont
mieux équilibrées et ont une pointe plus solide que les imitations de piètre qualité que l’on trouve de nos
jours. Et il est intéressant de remarquer que ces lames plus courtes, qui ont
un aspect plus “moderne” sont finalement bien moins communes à l’époque que les
autres types susmentionnés.
Les fourreaux étaient pratiquement
toujours faits en cuir, et ne contenaient pas de séparation intérieure pour
chaque lame (chose qui peut être parfois vue dans les doubles lames du nord)
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