dimanche 8 janvier 2017

Les doubles couteaux dans les arts martiaux en Chine du sud [partie 1]

Partie 1Partie 2Partie 3Partie 4Partie 5Partie 6Partie 7Partie 8Partie 9Partie 10Partie 11

Texte de Benjudkins, traduit et adapté par Véronique

Introduction

Aucune arme n’est plus intimement liée à l’héritage martial du sud de la Chine que les hudiedao (en Cantonnais : wu dip do) plus communément appelés couteaux papillon. Entre les mains de pratiquants de wing chun tels que Bruce Lee ou Ip Man, ces lames sont devenues à la fois un symbole du monde martial et une source de fierté régionale pour toute une génération de jeunes artistes martiaux.
Toutefois ces lames ne sont pas utilisées dans un seul style. Le choy li fut, le hung gar, le lau gar, la grue blanche (et de nombreux autres styles) utilisent de telles armées dans certaines lignées. C’est vraiment un marqueur culturel des arts martiaux du sud de la Chine en général.

Utilisation des doubles couteaux dans le hung gar

On en voit aussi parfois dans d’autres régions. Elles ont même quitté la Chine et l’Asie avec des aventuriers de Guangdong et Fujian. Il y a également d’autres techniques de combat qui utilisent des épées par paires, des dagues, des masses qui rappellent par certains côtés ces couteaux papillon.

Les moines shaolin ont laissé une trace très marquée dans les arts martiaux de Guangdong et Fujian. Pourtant il se dit que le “temple shaolin du sud” ne serait qu’un mythe. Mais ce mythe a impacté de nombreux aspects des arts martiaux du Sud de la Chine, y compris dans le domaine des armes.
Dans les écoles de wing chun à l’heure actuelle il est courant de penser que la base du style provient de Chi Shin (abbé du sanctuaire shaolin disparu, et l’un des cinq aînés) et que les épées doivent venir des Opéras des jonques rouges ou de Ng Mui (une nonne et autre survivante du temple précédemment cité). Au fil du temps on a commencé à rattacher ces doubles couteaux à shaolin, tout en déplorant le fait que des moines puissent porter une arme, ce qui est clairement incompatible avec les lois monastiques.

Il est dit, et accepté, que les moines avaient besoin de protection sur les routes, contre les brigands, particulièrement lorsqu’ils transportaient de la monnaie. Il se dit que les moines n’avaient le droit de porter que les couteaux papillons car ceux ci étaient moins létaux que les traditionnels Dao. Les pointes pouvaient être émoussées, et la  moitié inférieure de la lame n’était le plus souvent pas affûtée.
Toutefois cette histoire comporte bien des lacunes ! Ces questions de pointe émoussée et de lame partiellement affûtée semblent n’être que de piètres excuses pour la qualité médiocre des armes utilisées à l’entraînement dans les années 70, plutôt qu’une réalité historique.

Doubles couteaux du milieu du XIXe siècle
Les premières références au Hudiedao que j’aie pu trouver remontent aux années 1820. Jeffery D. Modell quant à lui dit que ce serait un produit de la fin du XIXe siècle. Pour d’autres cela daterait des années 1850 ou 1860. Le consensus général semble être qu’à part quelques exemples plus anciens, cette arme n’a pas vraiment été populaire avant la fin du XIXe siècle. Cette conclusion vient de l’étude de pièces anciennes. La plupart des lames anciennes retrouvées datent de la fin du XIXe, voire même des premières décades du XXe. Cela correspondrait assez à notre compréhension du XIXe siècle comme étant une période d’innovation en matière d’arts martiaux, quand le système moderne de combat à mains nues chinois fut mis en place.

Des découvertes récentes, dans les écrits, permettent de ramener ces dates au début du XIXe siècle. Comme nous le verrons plus loin, des marchands occidentaux, dans les années 1820, ainsi que des officiers britanniques dans la région de Guangzhou (aujourd’hui appelée Canton), ont observé des armes extrêmement similaires dans leur région. Certains en ont même achetées qu’ils ont ensuite rapportées en Europe ou en Amérique.
Guangzhou était aussi appelée la cité des 5 béliers, c’était l’un des 5 ports qui furent ouverts par le traité de Nankin en 1842 à la fin de la première guerre de l’opium et elle fut bombardée tant par les Britanniques que par les Français en 1858 lors de la 2ème guerre de l’opium.

A cette époque là (1820) les mouvements de personnes et de biens étaient extrêmement limités en Chine. Les occidentaux étaient confinés dans un quartier de Guangzhou et ils ne pouvaient rester que pour une durée limitée. Le fait que tant d’individus aient collectionné des hudiedao, malgré ces restrictions, semble indiquer que ces armes étaient très courantes à cette époque.
On trouve des citations plus fréquentes à ce sujet à partir des années 1830 et 1840. Il y a des exemples de gravures de divers modèles généralement destinés à des collections privées ou des “cabinets de curiosités” d’Occidentaux fortunés. Puis, à partir des années 1850 on trouve de nombreuses photographies sur le sujet, des deux côtés du Pacifique et il est clair que cette arme a été fort appréciée dans les milieux des gangsters et criminels de San Francisco et New York.
____________________

Pour me retrouver sur Facebook, il vous suffit de cliquer sur le logo ci-dessous puis de cliquer sur “J’aime” pour rejoindre ma page !

https://www.facebook.com/Passion-Wing-Chun-1159015210946904/?ref=br_rs

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire