Partie 1 ●
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Partie 9 ● Partie 10 ● Partie 11
Texte de Benjudkins, traduit et adapté par Véronique
Introduction
Aucune arme n’est
plus intimement liée à l’héritage martial du sud de la Chine que les hudiedao
(en Cantonnais : wu dip do) plus communément appelés couteaux papillon. Entre
les mains de pratiquants de wing chun tels que Bruce Lee ou Ip Man, ces lames
sont devenues à la fois un symbole du monde martial et une source de fierté
régionale pour toute une génération de jeunes artistes martiaux.
Toutefois ces lames
ne sont pas utilisées dans un seul style. Le choy li fut, le hung gar, le lau
gar, la grue blanche (et de nombreux autres styles) utilisent de telles armées
dans certaines lignées. C’est vraiment un marqueur culturel des arts martiaux
du sud de la Chine en général.
Utilisation des doubles couteaux dans le hung gar
On en voit aussi
parfois dans d’autres régions. Elles ont même quitté la Chine et l’Asie avec
des aventuriers de Guangdong et Fujian. Il y a également d’autres techniques de
combat qui utilisent des épées par paires, des dagues, des masses qui
rappellent par certains côtés ces couteaux papillon.
Les moines shaolin
ont laissé une trace très marquée dans les arts martiaux de Guangdong et
Fujian. Pourtant il se dit que le “temple shaolin du sud” ne serait qu’un
mythe. Mais ce mythe a impacté de nombreux aspects des arts martiaux du Sud de
la Chine, y compris dans le domaine des armes.
Dans les écoles de
wing chun à l’heure actuelle il est courant de penser que la base du style
provient de Chi Shin (abbé du sanctuaire shaolin
disparu, et l’un des cinq aînés) et que les
épées doivent venir des Opéras des jonques rouges ou de Ng Mui (une nonne et autre survivante du temple précédemment cité).
Au fil du temps on a commencé à rattacher ces doubles couteaux à shaolin, tout
en déplorant le fait que des moines puissent porter une arme, ce qui est
clairement incompatible avec les lois monastiques.
Il est dit, et
accepté, que les moines avaient besoin de protection sur les routes, contre les
brigands, particulièrement lorsqu’ils transportaient de la monnaie. Il se dit
que les moines n’avaient le droit de porter que les couteaux papillons car ceux
ci étaient moins létaux que les traditionnels Dao. Les pointes pouvaient être
émoussées, et la moitié inférieure de la
lame n’était le plus souvent pas affûtée.
Toutefois cette
histoire comporte bien des lacunes ! Ces questions de pointe émoussée et
de lame partiellement affûtée semblent n’être que de piètres excuses pour la
qualité médiocre des armes utilisées à l’entraînement dans les années 70,
plutôt qu’une réalité historique.
Doubles couteaux du milieu du XIXe siècle |
Des découvertes
récentes, dans les écrits, permettent de ramener ces dates au début du XIXe
siècle. Comme nous le verrons plus loin, des marchands occidentaux, dans les
années 1820, ainsi que des officiers britanniques dans la région de Guangzhou
(aujourd’hui appelée Canton), ont observé des armes extrêmement similaires dans
leur région. Certains en ont même achetées qu’ils ont ensuite rapportées en
Europe ou en Amérique.
Guangzhou était
aussi appelée la cité des 5 béliers, c’était l’un des 5 ports qui furent
ouverts par le traité de Nankin en 1842 à la fin de la première guerre de
l’opium et elle fut bombardée tant par les Britanniques que par les Français en
1858 lors de la 2ème guerre de l’opium.
A cette époque là
(1820) les mouvements de personnes et de biens étaient extrêmement limités en
Chine. Les occidentaux étaient confinés dans un quartier de Guangzhou et ils ne
pouvaient rester que pour une durée limitée. Le fait que tant d’individus aient
collectionné des hudiedao, malgré ces restrictions, semble indiquer que ces
armes étaient très courantes à cette époque.
On trouve des
citations plus fréquentes à ce sujet à partir des années 1830 et 1840. Il y a
des exemples de gravures de divers modèles généralement destinés à des
collections privées ou des “cabinets de curiosités” d’Occidentaux fortunés.
Puis, à partir des années 1850 on trouve de nombreuses photographies sur le
sujet, des deux côtés du Pacifique et il est clair que cette arme a été fort
appréciée dans les milieux des gangsters et criminels de San Francisco et New
York.
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