dimanche 25 juin 2017

Les origines nautiques du mannequin de bois [partie 2]

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Partie 1Partie 2 Partie 3

D’après un article de Ben Judkins, appuyé dans ses travaux par ceux de :

Barbara E. Ward à qui nous devons “The Red Boats of the Canton Delta : A Historical Chapter in the Sociology of Chinese Regional Drama” qui a été l’une des sources de Ben Judkins et donc l’une des miennes.

Le docteur Hans K. Van Tilburg, coordinateur de l’héritage maritime au sein de la National Oceanic and Atmospheric Administration pour son expertise concernant l’architecture des vaisseaux chinois du XIXe siècle, lui aussi l’une des sources de Ben Judkins et donc lui aussi l’une des miennes.
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Faut-il donc éliminer la théorie selon laquelle l’origine du mannequin de bois du wing chun serait nautique ? Pas nécessairement !
Et si le mannequin de bois était initialement un élément de la machinerie des jonques ?

Ma source, Ben Judkins, a eu une discussion avec un pratiquant d’arts martiaux de Chine du nord qui a grandi entouré de vaisseaux. Il n’était pas difficile pour lui d’imaginer que le mannequin de bois était un élément de la machinerie des jonques qui avait été détourné de son usage premier. Le docteur Hans K. Van Tilburg -une autorité concernant l’architecture des vaisseaux chinois du XIXe siècle selon Ben Judkins- après avoir visionné des photos de mannequins de bois de wing chun a eu une réaction des plus intéressantes. Pour lui le mannequin de bois était clairement un treuil qui avait été retiré de son logement et placé à la verticale. Il trouvait également que les mannequins modernes possédaient une incroyable ressemblance avec le même type de treuils.

Ces pièces de machinerie de pont étaient très communes sur tous les vaisseaux chinois à la fin de la période impériale. On en trouvait de taille et de configuration variées dépendant du travail attendu d’eux. En général ils consistaient en un tronc horizontal autour duquel s’enroulaient des cordes afin de hisser les voiles, l’ancre ou encore le gouvernail (nous parlons ici de la pièce située à l’arrière du bateau). Beaucoup de jonques chinoises de cette période pouvaient relever leur gouvernail lorsqu’elles naviguaient dans des eaux peu profondes. Ces troncs étaient équipés d’une série de trous ou fentes dans lesquelles venaient se loger des morceaux de bois. Ceux-ci pouvaient être courts ou longs et étaient utilisés par les marins pour hisser ou maintenir une charge.

Parfois les trous étaient arrangés pour que si deux “bras” étaient insérés en même temps, cela formait un angle aigu, comme sur le mannequin de bois de wing chun. C’était important puisque tous les treuils chinois ne possédaient pas d’engrenage ou de mécanisme de verrouillage. A la place, l’un des bras pouvait être coincé contre le pont afin de maintenir la charge en place.


Sur la photo, on peut ici voir un exemple de treuil sur une jonque de pécheur vietnamienne. On y voit clairement les cordes enroulées autour du tronc afin de lever une charge. Autre détail intéressant, le tronc du treuil est ici octogonal, ce qui n’est pas le cas sur les jonques chinoises. Qu’est-ce que donnerait un mannequin octogonal ?
Toujours sur ce modèle, on constate qu’il semble avoir trois paires de bras, ce qui, si on plaçait notre treuil à la verticale, correspondrait aux bras du mannequin de bois, et à la jambe.


Sur cette gravure du pont arrière de la jonque Keying, nous pouvons voir une personne assise sur le treuil servant à hisser la voile. Ici les bras ont été retirés et il n’y a aucune corde enroulée autour du tronc. C’est particulièrement intéressant puisque nous pouvons ainsi voir le diamètre du tronc par rapport à un individu mais aussi que le jeu de trous n’est pas sans rappeler le triangle inversé du mannequin de bois moderne, bien qu’ici les trous pour les bras du mannequin soient très écartés.

Pourtant les treuils chinois étaient toujours installés et utilisés à l’horizontale. Après l’introduction de vaisseaux européens dans les eaux de Chine du sud, des éléments de machinerie verticaux ont commencé à faire leur apparition. On parlait alors de cabestan, mais ce type d’arrangement était surtout commun sur les vaisseaux européens.

Inutile de dire qu’un treuil chinois monté à la verticale posséderait une ressemblance plus qu’évidente avec le mannequin de bois sous la forme que nous lui connaissons.
Dans l’édition de 1867 de Notes on Japan and China volume 1-2 (édité par N.B. Denneys, à Hong Kong : Charles A. Saint), nous pouvons lire page 170 que lorsqu’il fallait une aide mécanique pour relever une ancre, le modèle de treuil ancien était le plus souvent utilisé, mais le cabestan étranger gagnait graduellement du terrain.

Bien que gagnant du terrain, Judkins n’a pas trouvé une seule illustration d’un treuil monté à la verticale sur une jonque chinoise. Il semblerait que le treuil soit resté la machine de choix durant toute la période des bateaux traditionnels et même durant la période post seconde guerre mondiale.

D’autres éléments d’architecture navale chinoise rappellent de façon assez suggestive le mannequin de bois. La longue “jambe” incurvée du mannequin est l’un des éléments les plus frappants visuellement, pourtant il n’y a rien de tel sur les treuils. Au vu de l’utilisation faite des treuils sur le bateau, une telle forme n’aurait pas eu grand intérêt, ce qui explique sans doute son absence. Néanmoins le mât des vaisseaux chinois était souvent renforcé en étant fixé à une jambe de forme similaire (voir l’illustration suivante). La taille de cet appendice variait largement en fonction de la taille du vaisseau et du mât qui devait être supporté mais la ressemblance avec les mannequins de bois est manifeste.

Cette photo provient de la collection privée du docteur Hans K. Van Tilburg
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dimanche 18 juin 2017

Les origines nautiques du mannequin de bois [partie 1]

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Partie 1 Partie 2 Partie 3

D’après un article de Ben Judkins, appuyé dans ses travaux par ceux de :

Barbara E. Ward à qui nous devons “The Red Boats of the Canton Delta : A Historical Chapter in the Sociology of Chinese Regional Drama” qui a été l’une des sources de Ben Judkins et donc l’une des miennes.

Le docteur Hans K. Van Tilburg, coordinateur de l’héritage maritime au sein de la National Oceanic and Atmospheric Administration pour son expertise concernant l’architecture des vaisseaux chinois du XIXe siècle, lui aussi l’une des sources de Ben Judkins et donc lui aussi l’une des miennes.
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Il est difficile de réfuter la grande popularité du mannequin de bois utilisé par Yip Man, ainsi que par Bruce Lee qui a contribué à celle-ci. Ainsi cet outil est devenu un symbole des arts martiaux de Chine du sud, faisant à la fois partie de la culture, mais aussi de l’héritage de ceux-ci. Il est intéressant de se poser la question de ses origines.

A quel point le mannequin que nous connaissons a évolué et à quel niveau apparait-il dans l’Histoire du wing chun. Les histoires les plus romantiques le font apparaître seulement à la fin de la dynastie Qing (entre les XVIIIe et XIXe siècles) et le fait que nous n’ayons aucune preuve d’une utilisation plus ancienne de ce type de mannequin de bois laisse penser qu’il aurait pu apparaître à cette période.
 
  • Une origine nautique
Il est très difficile d’établir avec certitude le moment où est apparu le mannequin de bois sous la forme que nous lui connaissons aujourd’hui. Concernant les origines du wing chun, nous disposons de quelques sources concrètes et celles sur l’évolution du mannequin de bois sont encore plus rares.
Le peu d’éléments à notre disposition rend ainsi difficile toute affirmation et à moins que dans les années à venir une découverte majeure ne soit effectuée sur le sujet, nous en resterons encore longtemps au stade des spéculations. Ce n’est d’ailleurs pas très différent de l’archéologie expérimentale.

Une théorie sur l’origine du mannequin de bois a retenu mon attention et nous allons la développer ici.

Beaucoup de pratiquants de wing chun considèrent que le mannequin de bois était déjà utilisé durant la période des compagnies d’opéra des jonques rouges. Ces troupes voguaient sur les eaux du delta de la rivière des perles entre 1870 et 1938 sur des jonques spécialement conçues pour elles.
Certains récits placent l’origine des jonques rouges aussi loin que les années 1850 mais en raison du bannissement des opéras mis en place suite à l’échec de la révolte des Turbans Rouges, Barbara Ward conclut que les jonques n’ont pas été chose commune avant les années 1870.
La tradition des jonques rouges ne semble d’ailleurs pas avoir survécu à l’ère post seconde guerre mondiale. Durant cette période prospère, les performances d’opéra devinrent un business suffisamment rentable pour être hébergées dans des théâtres et l’ancienne tradition nautique faut abandonnée.

Certains étudiants de wing chun qui voient l’opéra Cantonais comme un lien majeur dans la transmission de leur système considèrent que les mannequins de bois faisaient partie intégrante du gréement des jonques ou étaient montés sur la flotte de jonques rouges, les jonques ayant été spécialement construites pour les troupes d’opéra et majoritairement uniformes. Les étudiants en opéra auraient alors utilisé les mannequins de bois pour leur entraînement aux arts scéniques, mais également pour améliorer leur wing chun. Les jonques rouges sont souvent imaginées comme des écoles d’arts martiaux flottantes.

Les artistes martiaux ne sont pas les seuls à perpétuer cette image, en effet le Cantonese Opera Museum de Foshan contient de nombreuses références quant au rôle traditionnel du mannequin de bois dans l’entraînement aux arts scéniques. Le musée exhibe même une maquette (historiquement incorrecte) d’une jonque rouge classique qui possède un mannequin de bois installé sur le pont arrière :


Le musée dispose également dans sa collection d’un mannequin enterré, le type de mannequin traditionnel avant les années 1950. La description du musée explique que frapper le mannequin de bois faisait partie de l’entraînement pour tous les nouveaux étudiants en opéra. Ainsi peut-on se poser la question suivante : le mannequin de bois utilisé en wing chun est-il un héritage des jonques rouges et / ou d’autres traditions d’opéra ?

C’est possible mais il y a quelques problèmes avec cette théorie. Celle-ci nécessite d’être examinée précautionneusement. Pour commencer, cette histoire n’explique en rien l’origine de notre outil d’entraînement, en fait le problème n’est que repoussé un peu plus loin. Ensuite un certain nombre de questions pratiques apparaissent lorsqu’on essaye de placer un mannequin de bois dans le contexte de ce que nous savons des jonques d’opéra.

Pour commencer, la plupart des récits relatant l’utilisation du mannequin de bois sur les jonques rouges ont été enregistrés après 1980, dans la période post Bruce Lee, lorsque le wing chun était déjà en train de gagner en popularité. De plus lorsqu’on regarde le travail de Barbara Ward qui a interviewé des centaines d’artistes d’opéra, ainsi que de membres du public dans la période post seconde guerre mondiale : aucun ne semble se rappeler de mannequins de bois sur les jonques. Ward n’a d’ailleurs pas inclus les mannequins dans sa reconstitution des vaisseaux qui est l’une des plus détaillées et fiable dont nous disposons.

Des problèmes plus basiques encore apparaissent lorsqu’on considère la vie sur les jonques. La troupe d’opéra et le personnel naviguant étaient épouvantablement à l’étroit et la situation était encore pire avec tous les costumes et le matériel qu’il fallait transporter d’un lieu de performance à l’autre. Les membres des jonques rouges survivants qui ont été interviewés par Ward ont tous expliqué qu’il n’y avait pas d’entraînement à bord, d’aucune sorte. Il n’y avait tout simplement pas assez de place pour bouger.
Il n’y avait de toute façon aucune nécessité de s’entraîner à bord. Les jonques rouges n’ont jamais été des vaisseaux faits pour les eaux profondes et les longs voyages. Ces barges de rivière allaient de ville en ville pour leurs performances. La pratique et l’entraînement avaient lieu à terre.

Il y a donc peu de chance que des mannequins de bois aient été montés à demeure sur le pont des jonques. Ceux-ci auraient été dans le chemin de l’équipage lorsque le bateau aurait été en mouvement et au mauvais endroit si les entraînements se passaient à terre.
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dimanche 11 juin 2017

Les doubles couteaux dans les arts martiaux en Chine du sud [partie 11]


Partie 1Partie 2Partie 3Partie 4Partie 5Partie 6Partie 7Partie 8Partie 9Partie 10Partie 11

Texte de Benjudkins, traduit et adapté par Véronique

Quelques mots de conclusion

Les couteaux papillons restent l’un des artefacts les plus mythiques et reconnaissables de la culture martiale de la Chine du sud. Leur création initiale à la fin du XVIIIème, début du XIXème siècle a pu être améliorée par des croisements récents avec des coutelas européens, et des objets militaires. Cette garde tout à fait unique, en forme de D (vue dans beaucoup de cas mais pas systématiquement) fut alors ajoutée à une ancienne tradition qui consistait à transporter deux armes dans un seul fourreau.


Vers 1820 ces armes étaient suffisamment populaires pour que les marchands anglais et américains de Canton les croisent et les ajoutent à leurs collections. Vers 1830 nous trouvons de multiples récits au sujet de ces armes, fournies aux troupes miliciennes et aux braves engagés par Lin dans ses conflits avec les Anglais. Les descriptions du Commander Bingham nous indiquent qu’il existait une tradition martiale bien réelle dans laquelle des milliers de troupes étaient entraînées à combattre avec ces épées, et même à les faire mouliner quand il fallait se dégager d’une contrainte (même si cela ne me semble pas une bonne idée, mais c’est un autre sujet).

Les contacts de plus en plus fréquents entre Européens et citoyens chinois dans les années 1840 / 1850 firent qu’il y eut de plus en plus de témoignages au sujet de ces “doubles couteaux” et des photographies et gravures sur le sujet. Si on compare aux hudiedao modernes, la différence majeure est dans le fait que les épées anciennes étaient plus longues et plus pointues que les modernes.

De façon tout à fait intéressante ces armes commencent aussi à se voir sur les côtes américaines quand l’immigration de Chinois de Canton et Fujian augmente au milieu du XIXème siècle. Des comptes rendus des années 1880 indiquent qu’elles étaient communément utilisées par les criminels et délinquants et des photographies du tournant du siècle montrent qu’elles étaient aussi utilisées par les artistes de rue et les chanteurs d’Opéra.

Toutefois ces lames étaient généralement plus courtes, plus larges et avec des pointes moins marquées que leurs exemplaires du milieu du XIXème siècle. Bien que continuant à être l’apanage de certains jusque dans les années 1930, les hudiedao commencèrent à disparaître des rues au profit d’armes à feu, plus modernes. Vers le milieu du XXème siècle on ne considéra plus les hudiedao comme des armes effrayantes assimilées au milieu du crime organisé, elles ne furent plus que des outils rattachés aux arts martiaux traditionnels et à l’Opéra.


Tout en abordant une multitude de points, je pense que cet article a apporté deux contributions substantielles à la compréhension de ces armes. D’une part il a repoussé leur probable date de création une génération (voire plus) plus tôt dans l’histoire : plutôt que d’être un artefact de la fin du XIXème ou de 1850, nous avons clairement mis en évidence l’utilisation des hudiedao à Canton dès 1830 et avons de bonnes raisons de penser qu’ils étaient déjà là dans les années 1820.

Ces armes avaient effectivement la faveur des artistes martiaux civils et de divers individus de la région des rivières et des lacs du sud de la Chine. Mais nous avons aussi vu qu’elles étaient également employées par milliers dans les milices, par les braves et les gardes du sud de la Chine. Et nous avons des récits au sujet de milliers d’individus dans la région du Delta de la Rivière des Perles recevant un enseignement à leur utilisation à la fin des années 1830.
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dimanche 4 juin 2017

Happy birthday Sifu Wan Kam Leung !



Aujourd'hui Sifu Wan Kam Leung fête ses 72 ans ! Sifu Leung Ting est né an 1945 dans la province de Guangdong.

Today Sifu Wan Kam Leung celebrates his 72 years ! Sifu Leung Ting was born in 1945 in the province of Guangdong.

Moy Yat, second article



Véronique et moi-même trouvions que le texte précédent sur Moy Yat ne lui rendait pas justice, aussi en voici un second, complémentaire.

Texte par Véronique, basé sur celui du site de l’école de Moy Yat : http://www.movyat.com

Moy Yat (梅逸) est né le 28 juin 1938 et décédé le 23 janvier 2001. C’était un fabricant de sceaux, artiste graveur et peintre, ainsi qu’un artiste martial chinois, élève de Yip Man dès 1957.
A l’âge de 24 ans (en 1962) Moy Yat devint le plus jeune sifu entraîné par Yip Man. Durant les 5 dernières années de la vie du grand Maître Yip Man ce fut lui qui fut responsable de la gestion de son école, il organisa les anniversaires de Yip Man, mais aussi les réunions annuelles de la Ving Tsun Athletic Association. Il reste toujours une trace de son œuvre dans la mesure où ses peintures sont toujours sur les murs au siège de l’Association à Hong Kong.

Il déménagea à New York City en 1973 et commença à enseigner le wing chun à Brooklyn.
Voici ce qu’il dit :
« Depuis le décès de Yip Man, en 1972, beaucoup ont tenté de combler le vide laissé par son absence. Là où il  n’y eut qu’une seule famille Ving Tsun, il y a à présent de nombreux systèmes, chacun essayant de se démarquer des autres, la plupart se réclamant comme étant authentiques. Ceci ne veut pas dire que de nos jours le ving tsun est bon ou mauvais. Le ving tsun authentique est tout ce qui est simple, efficace et concorde aux principes sur lesquels le système est basé. Tout le reste est inutile et n’est tout simplement pas du ving tsun. Le fait qu’un système en soit ou non devrait être basé sur ces concepts. Il est simple d’enseigner des techniques à quelqu’un mais le fait qu’elles soient utilisées correctement demande que l’élève comprenne les principes mêmes du ving tsun, car oui il est basé sur des principes et pas sur des techniques. Les techniques ne sont que des outils nécessaires à l’application de ces principes. Les méthodes ne sont que les moyens d’enseigner ces mêmes principes. »

Il n’y a probablement que peu de personnes parmi celles qui enseignent qui ont vraiment compris cela. L’un d’entre eux était Yip Man en personne. Un autre était l’un de ses disciples les plus proches : grand maître Moy Yat. Il fut présenté à Yip Man (et au ving tsun) en 1957. En ce temps là il était très difficile de se faire admettre dans ce cercle très restreint. Plus tard, dans les dernières années de  vie de Yip man, les deux ne se séparaient pour ainsi dire plus.
Moy Yat a appris beaucoup de son ving tsun de façon indirecte, ce qui était la façon dont Yip Man voyait les choses. Cela finit par être connu comme « une vie kung fu ». Parce que Yip Man vivait une vie kung fu, tout ce qu’il faisait était un exemple des principes du ving tsun. En vivant cet art plutôt qu’en se contentant de s’entraîner dans une salle, les principes deviennent  naturels pour le pratiquant et peuvent être appliqués sans effort, et de la sorte tout ce qu’il fait devient simple et efficace.

Un très bon exemple du  concept ving tsun est le suivant : un jour alors que Yip Man et deux de ses disciples, Lee Ving et Moy Yat, marchaient vers une maison de thé, comme ils le faisaient chaque jour, un vendeur de rue non officiel qui vendait un produit ôtant les taches d’encre, les approcha, et, volontairement, tacha les vêtements de Yip Man avec de l’encre. Puis, voyant approcher la police, l’homme tenta de s’enfuir. Mais avant qu’il ne puisse s’éloigner, il fut agrippé par Lee Ving qui était très perturbé par ce que cet homme avait fait à son sifu. Mais Yip Man et Moy Yat se contentèrent de continuer leur chemin, car, en fait, Yip Man avait remarqué que durant l’altercation Moy Yat avait pris une bouteille de détachant et l’avait cachée dans sa poche. La solution la plus simple était donc d’aller comme prévu à la maison de thé, et une fois arrivés là, de s’occuper du vêtement taché. Toute autre action eut été inutile. Une confrontation avec le vendeur illégal n’aurait rien apporté d’autre que d’écarter Yip Man de son but initial. Yip Man appliqua sa connaissance des principes du ving tsun pour résoudre de la façon la plus simple cette situation.

Jusqu’à son décès en 2001 Moy Yat a suivi cet exemple. En utilisant les principes du ving tsun dans sa vie de tous les jours Moy Yat les enseignait indirectement. Les élèves qui le fréquentaient en dehors des salles d’entraînement en retirèrent un grand bénéfice parce qu’ainsi ils vivaient littéralement leur ving tsun. C’est ainsi que vivait Moy Yat, utilisant chaque jour pour vivre et enseigner le ving tsun, tout en restant extrêmement simple.
Un jour on l’a même appelé le « reclus du ving tsun » tellement il fuyait la publicité.

Quand il prit sa retraite officielle à l’âge de 60 ans, il continua donc en fait à enseigner différemment à travers cette Vie Kung Fu, et il continua à enseigner l’art et le massage jusqu’à son dernier jour.

Parce que la famille Moy Yat étendue continue dans cette voie elle est peu connue du grand public. Et pourtant ses membres sont des dizaines de milliers de par le monde. Mais ce qui compte n’est pas le nombre, mais la qualité de leur ving tsun.

Après le décès de Moy Yat en 2001, William Cheung, Grand maître de sa propre organisation de wing tsun traditionnel, a dit « La mort de Moy Yat est une grande perte, non seulement pour le ving tsun, mais pour le monde entier. Il était un homme instruit, un bon peintre, un poète, un artiste et un gentleman. C’est une grande perte pour la culture chinoise tout entière. »

Moy Yat en quelques dates :
28 juin 1938 : naissance à Toi Shan / Canton, Chine
1953 : déménagement à Hong Kong
1957 : commence le ving tsun avec Yip Man à Lee Chang Oak Chuen
1962 : devient le plus jeune sifu reconnu par grand maître Yip Man à l’âge de 24 ans
1963 : voyage au tour du monde pendant un an, en tant que marin
1964 : épouse Helen Moy
1967 : membre fondateur et graphiste de la Ving Tsun Athletic Association à Hong Kong
1969 : publie "Wing Chun Kung Fu - Chinese Self-Defence Methods" par Rolf Clausnitzer et Greco Wong (premier étudiant de Moy Yat). Premier livre en langue anglaise publié sur le Ving Tsun Kung Fu.
Décembre 1972 : enterrement de Yip Man
Septembre 1973 : déménage aux USA pour rejoindre son frère Moy Yit Dean
1974 : ouvre la première école américaine de ving tsun à NYC.
Publie  "108 Muk Yan Jong". Premier livre sur le Ving Tsun Kung Fu édité aux USA par la famille Moy Yat
1975 : publie "Kung Fu for young people - the Ving Tsun System".
1982 : publie "Ving Tsun Kuen Kuit" par Moy Yat
1987 : produit la première d’une série de 30 vidéos didactiques (1987 à 2000)
1989 : publie "A Legend of Kung Fu Masters" par Moy Yat
1990 : publie "Ving Tsun Trilogy" par Moy Yat
1996 : publie "Voice of the Ving Tsun Kung Fu System" par Moy Yat et Benny Meng
1997 : 60ème anniversaire et création de "Moy Yat Ving Tsun International Kung Fu". Il cesse son activité d’enseignant (retraite)
1998 : ouverture du Musée du Ving Tsun
Publie "Dummy - A tool for Kung Fu" par Moy Yat
2000 : publie Luk Dim Poon Kwan par Moy Yat
23 janvier  2001 : décès à New York City
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jeudi 1 juin 2017

Stages et évènements de juin 2017

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Stages et évènements 2017 : Stages et évènements à venir Stages et évènements passés Janvier Février Mars Avril Mai Juin Juillet Août Septembre Octobre Novembre Décembre
 
Stage de combat libre & de sanda le dimanche 11 juin 2017 :

 
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Évènement coupe grand Est le dimanche 18 juin 2017 : reporté