dimanche 21 mai 2017

Les doubles couteaux dans les arts martiaux en Chine du sud [partie 9]

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Texte de Benjudkins, traduit et adapté par Véronique

Conclusion : le Hudiedao comme arme, symbole et argument historique

Les hudiedao restèrent une arme courante parmi les membres des triades et les Tongs durant tout le début du XXème siècle. On le voit par exemple sur cette photo d’une saisie d’armes en Californie.


Toutefois les armes blanches de quelque type qu’elles soient perdirent de leur intérêt durant les seconde et troisième décades du XXème siècle, remplacées petit à petit par les armes à feu. Nous savons que dès les années 1920 les gangs en République de Chine étaient tous en possession d’armes automatiques. Il en allait de même pour les gangsters et criminels en Amérique.

La transition ne se fit pas d’un seul coup. Lau Bun (1891-1967), un maître de choy lee fut, est souvent cité comme étant le premier individu en Amérique à ouvrir une école semi publique d’arts martiaux. Il travailla aussi comme homme de main et garde pour les intérêts locaux des Tongs, et il se dit qu’il portait des couteaux papillons cachés sur lui dans les années 1920 et 30. 

Sur la côte Est, un journal de New York publia une photo aujourd’hui célèbre, du leader Tong Eddie Gong en train d’inspecter une paire de hudiedao en 1930. Même si sur cette photo les lames semblent être plutôt prévues pour le spectacle que pour servir (pointe trop ronde, arme trop massive pour être cachée) elles supportent sans problème la comparaison avec les copies produites à faible coût que possèdent les artistes martiaux d’aujourd’hui. Beaucoup de pratiquants d’escrime ou de collectionneurs d’épées sont extrêmement perplexes quand ils prennent pour la première fois en main une paire de bat zaam dou. Ils s’étonnent de ces lames courtes, arrondies, peu équilibrées et se demandent si on peut s’en servir comme d’une arme. Leur étonnement et les doutes qu’ils expriment sont fondés, mais disparaissent quand on leur présente une paire de ces mêmes armes fabriquée correctement dans le milieu du XIX

Les hudiedao, comme beaucoup d’autres armes, ont développé un certain mysticisme au courant du XIXème siècle. Ils étaient utilisés par les défenseurs désorganisés de Guangdong contre les Britanniques. Entre les mains des Triades ils étaient le symbole de l’opposition au gouvernement et de la montée en puissance personnelle. Ils étaient utilisés par des gens aussi divers que les représentants de la loi locaux, les artistes martiaux itinérants, les chanteurs d’opéra et les miliciens. Leur nature iconique a sans doute aidé à leur survie dans le paysage urbain quand la plupart des autres épées avaient été abandonnées (à l’exception du dadao).. Malgré tout cela, dans les années 1920 ces armes furent finalement reléguées dans les salles d’entraînement et les scènes d’Opéra. Dans ces milieux la longueur, le tranchant et la puissance n’étaient plus une nécessité. Au contraire, ces qualités devenaient des sources de risque.
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