La cérémonie du baishi

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Ce mois-ci le baishi est à l’honneur dans le calendrier du blog, mais qu’est-ce que le baishi ? Traditionnellement il s’agit de la cérémonie à travers laquelle l’enseignant, le Sifu, accepte un nouvel élève/disciple dans son école.

 

Dans cet article je vais tenter de définir ce qu’est le baishi mais il en existe de nombreuses versions et je n’ai de loin pas les connaissances pour toutes les couvrir. J’espère cependant apporter quelques réponses, ne pas écrire (trop) de bêtises et que l’article vous intéressera. Si le sujet vous intéresse, je vous propose deux autres sites qui parlent du baishi : le site de Jean-Philippe Gams et celui de Wudang France.

 

baishi est composé de deux idéogrammes : bai 拜 et shi 師 : 

• Bai représente deux mains tenues ensemble, c’est ainsi que les Chinois montrent leur respect aux dieux ainsi qu’aux personnes qui leurs sont supérieures ;
  
• Shi a pour signification une personne au-dessus d’une autre, comme le Sifu par exemple. 

La cérémonie symbolise l’acceptation de l’élève dans sa famille martiale, pour lui c’est aussi une façon de jurer fidélité et obéissance à son Sifu. Participer au baishi c’est être reconnu comme un membre à part entière de la famille martiale de son enseignant et donc pouvoir prétendre recevoir les enseignements de l’école et pourquoi pas ses secrets. 

 

L’engagement est donc dans les deux sens puisque tant l’élève que son enseignant sont liés par ce serment qu’ils se prêtent mutuellement. 

 

D’un style à l’autre, le déroulé du baishi peut varier mais il y a souvent des similitudes comme le fait, pour le nouvel élève, de se prosterner devant son Sifu, de lui offrir un présent qui peut prendre la forme d’argent dans une enveloppe rouge par exemple puis de prendre le thé avec lui. Le Sifu et l’élève peuvent également être amenés à se prosterner tous deux, chacun son tour, devant le portrait des maîtres qui les ont précédés. 

 

J’ai également lu un article il y a quelques années où l’enseignant offrait à chacun des disciples qu’il acceptait une épée chinoise. 

Kevin Kim Heng, toujours de bon conseil, m’a indiqué qu’en fait, traditionnellement, le professeur offrait deux choses à l’élève qu’il acceptait :

• Un cadeau ayant une signification particulière pour l’école comme une arme, un vêtement, un objet décoratif ou tout autre objet possédant une signification ;
• Un nom qu’il attribue à l’élève en lien avec son nom de naissance et ses caractéristiques. Par exemple, Kevin, pratiquant de hung gar, a pour nom Tid Wan Tang, soit Tang aux anneaux d’acier et Tang est une particule de son nom.

 

Le baishi a lieu devant des témoins, de l’école mais cela peut également être des externes et il semblerait qu’en Chine il y ait même une publication dans la presse suite à la cérémonie. 

 

Selon les écoles il est tout à fait possible d’être membre de l’école sans avoir réalisé la cérémonie du baishi, celui qui aura participé à la cérémonie sera alors considéré comme un élève interne, un élève qui a “passé la porte”. 

 

Chaque élève de l’école peut demander à devenir un disciple mais c’est le Maître enseignant qui décidera de qui il acceptera en jugeant des qualités de l’élève. 

 

J’ai connu une école qui par exemple n’organisait le baishi que lorsqu’un élève qui devenait Technicien, donc qu’il avait terminé le programme dédié aux élèves et voyaient les programmes plus avancés. Ce qui peut se comprendre, il serait difficile d’organiser une cérémonie pour chaque nouvel arrivant. Mais c’est aussi une façon de le proposer à un plus grand nombre d’élève qu’uniquement ceux qui en feraient la demande et seraient jugés dignes, sachant qu’un élève qui a passé assez de temps dans l’école pour devenir Technicien a théoriquement fait ses preuves.

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Interview de Benny Meng [partie 3]

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Une interview de Sifu Benny Meng par Riccardo Di Vito 

Traduction par mes soins 

 

Partie 1 ● Partie 2 ● Partie 3

 

Une interview de Sifu Benny Meng par Riccardo Di Vito

Traduction par mes soins

 

Combien ton étudiant dépense-t-il pour devenir ceinture noire (en termes de temps et d’argent) ?

Voir ma réponse ci-dessus⁽¹⁾ - cela dépend en premier lieu des objectifs de l’étudiant. En général, il faut 4 ans pour obtenir la ceinture noire et les frais de scolarité dépendent de plusieurs facteurs.

La ceinture noire elle-même signifie différentes choses pour différentes personnes. Par exemple, j’ai une étudiante avec des problèmes de santé qui voulait abandonner après cinq semaines mais je l’ai aidée à voir la valeur à long terme, et quelques années plus tard, elle a obtenu sa ceinture noire sous ma direction. Ses compétences de combat n’étaient pas mon objectif principal ou mon exigence pour qu’elle obtienne une ceinture noire - c’était principalement sur son attitude, sa volonté de risquer et de grandir, et sa capacité à se pousser au mieux de ses capacités. Aujourd’hui, c’est une belle success story. En parallèle, j’ai un groupe d’adolescents et d’adultes qui veulent faire de la compétition - ils s’entraînent 5 à 6 jours par semaine pendant 2 à 4 heures par session, et sont également poussés à devenir les meilleures personnes possibles, ainsi que des combattants qualifiés dans toutes les distances. J’ai également eu un étudiant qui a passé près de 10 000 heures au cours de ses cinq premières années d’entraînement⁽²⁾ pour gagner sa ceinture noire - et aujourd’hui, il est un excellent communicateur parce que tout ce temps supplémentaire avec moi l’a aidé à voir et à relier tous les arts martiaux et la vie ensemble (la vie kung fu) à un niveau profond. Cela dépend donc des objectifs de l’élève - je suis le guide pour l’aider à atteindre plus que ce qu’il pensait possible, mais je ne suis pas ici pour lui dire ce qu’il devrait vouloir pour sa propre vie. Je pose simplement les questions, j’ouvre la porte et je pointe du doigt ; ils doivent parcourir le chemin par eux-mêmes.

 

Quels sont les concepts de combat sur lesquels se focalise ton école ?

En raison de mon intérêt sur les concepts et les principes du Wing Chun, nous enseignons de grandes compétences de combat dans toutes les distances. Mon approche consiste à utiliser le Wing Chun comme un moyen de comprendre la vie, basé sur la façon dont les choses commencent et se développent. Prenons par exemple les concepts de base de l’exercice Paak Sau :

1) Occuper la ligne centrale

2) Maintenir l’énergie vers l’avant

3) Portes intérieures/extérieures

4) Remplacement de la main

5) Deux mains fonctionnent comme une seule

6) Unité du corps (coude immobile)

 

En comprenant cette séquence de concepts, tous les bons combattants comprennent l’équilibre et le centre de gravité. C’est la ligne centrale elle-même. Ensuite, tous les bons combattants ont de l’énergie vers l’avant - vous ne voulez pas les contourner car ils vous donneront des coups de pied, vous frapperont ou vous attaqueront directement. Troisièmement, tous les bons combattants ont un sens de la distance - une ligne défensive intérieure et une ligne offensive extérieure. Quatrièmement, tous les bons combattants ont la capacité de maintenir une ligne d’attaque. Cinquièmement, tous les bons combattants ont la capacité de passer d’un outil à l’autre. Sixièmement, tous les bons combattants ont une structure solide et vous menacent avec tout leur corps, pas seulement certaines parties. Une fois que vous avez compris ces concepts, il est facile pour quelqu’un de donner des coups de pied, de frapper, de piéger, de saisir, de projeter, de balayer, de faire une clef, de soumettre, d’étrangler ou de casser des articulations.

 

Dans la vie : vous devez connaître vos valeurs fondamentales et ce que vous pensez être vrai de la vie et des gens. Vous devez également maintenir l’équilibre dans tout ce que vous faites. C’est votre ligne centrale. Deuxièmement, vous devez maintenir l’élan et la direction vers l’avant - votre corps se déplacera continuellement dans le temps même si votre esprit veut vivre dans le futur ou le passé... c’est pourquoi vous avez dû commencer par la Ligne Centrale : pour donner à votre énergie un endroit où se concentrer. Troisièmement, vous devez comprendre vos limites - où est-ce trop loin ? À quel point est-ce trop proche ? Ce que vous pouvez vraiment influencer et ce qui est hors de votre portée pour le moment. Quatrièmement, vous devez être capable de changer ce que vous faites à un moment donné sans perdre de vue vos objectifs et vos valeurs à long terme. Cinquièmement, vous devez être capable de couler sans effort dans votre vie pour réussir. Chaque fois que vous rencontrez des difficultés, vous savez que vous ne faites pas quelque chose de bien. Sixièmement, vous devez avoir un effort solide et connecté avec toutes les pièces travaillant ensemble. Faites ces six choses dans cette séquence et vous réussirez dans tout ce que vous choisirez de faire de votre vie.

L’essence du Wing Chun est l’efficacité. L’efficacité est un état d’esprit et une compétence. L’efficacité n’est pas un style ou une façon de se comporter que vous pouvez simplement mettre ou enlever comme des vêtements (c’est cette Maîtrise dont j’ai parlé ci-dessus, l’efficacité va de soi). Malheureusement, beaucoup de gens traitent le Wing Chun comme un simple style de combat, un ensemble de façons de blesser un autre être humain sans aller plus loin. Si le VTM peut offrir quelque chose à la communauté Wing Chun, c’est vraiment cette compréhension du Wing Chun comme un véhicule pour vivre une bonne vie, apprise dans les plus brefs délais.

 

Peux-tu nous dire quelle est la différence entre le Ving Tsun et le Weng Chun, si tu le peux, après ta pratique avec GM Andreas Hoffmann ?

Tout d’abord, le Wing Chun et le Weng Chun sont des arts apparentés, issus des mêmes racines : le Temple Shaolin du Sud. Deuxièmement, j’exhorte chacun à rendre visite au Grand Maître Hoffmann et à faire l’expérience de sa personnalité, de sa formation et de son attitude et à tirer sa propre conclusion. D’après mon expérience, il est un véritable fanatique des arts martiaux, un enseignant doué, aime ce qu’il fait et attend avec impatience de partager avec les autres les traditions qu’il a eu le privilège de vivre dans sa vie.

 

Selon les recherches du VTM, Chi Sim Weng Chun est l’une des lignées qui relèvent du terme générique de “Shaolin Wing Chun - Chi Sim, Hung Fa Yi, Black Flag.” Nous utilisons ce surnom pour les lignées Wing Chun qui partagent plusieurs grands concepts incluant : Ciel⁽³⁾/Humain/Terre, Wing Chun comme Bouddhisme Chan, Temps/Espace/Énergie, entraînement au Kiu Sau, et quelques autres. D’après mon expérience, la lignée Chi Sim est différente de la plupart des lignées Wing Chun car elle n’a pas la chorégraphie de forme Siu Nim Tau / Chum Kiu / Biu Ji familière aux autres lignées Wing Chun. Cependant, ils partagent le format d’entraînement aux Réactions (le plus souvent appelé Chi Sau en Wing Chun mais appelé Kiu Sau en Weng Chun), ils incluent également le mannequin en bois, le bâton long à 6 points et demi et couteaux aux 8 coupes.

 

En ce qui concerne la lignée, et d’après mon expérience, je vois un lien plus étroit avec le Hung Gar que la plupart des lignées Wing Chun, mais c’est ma conclusion basée sur mes recherches à ce jour et le Grand Maître Hoffmann pourrait avoir un point de vue différent basé sur ses recherches approfondies sur sa propre lignée et plusieurs lignées de Hung Gar.

 

Penses-tu venir en Italie tôt ou tard ?

J’aimerais voyager en Italie, voir la belle architecture, rencontrer des gens merveilleux et profiter de la nourriture incroyable. Jusqu’à présent, je n’ai pas eu l’occasion de venir et d’animer un atelier. Avec vos efforts, cela arrivera peut-être bientôt.

 

Merci !

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⁽¹⁾ : dans la seconde partie de l’interview.

⁽²⁾ : un peu plus de cinq heures par jour, tous les jours.

⁽³⁾ : ciel ou paradis.

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