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Une interview de Sifu Benny Meng par Riccardo Di Vito
Traduction par mes soins
Tu as été nommé SiFu (Maître ou Grand Maître ?). Par
qui et comment quelqu’un le devient-il ?
Cette question a
en fait deux réponses : traditionnelle et moderne.
Dans la communauté
des arts martiaux modernes, un instructeur d’arts martiaux chinois est appelé
Sifu. Un Sifu qui a des étudiants au niveau Sifu, c’est-à-dire qui enseignent
au public, s’appelle un Maître. Un Sifu avec des étudiants au niveau Maître est
appelé un Grand Maître. Un Sifu avec des étudiants au niveau Grand Maître est
appelé un Grand Grand Maître(1). L’idée de “grand maître” et de “grand
grand maître” dans la culture occidentale est plus influencée par les
traditions de karaté américanisées que tout ce que l’on trouve dans les arts
martiaux traditionnels chinois.
Dans la culture
traditionnelle des arts martiaux chinois, un artiste martial qui enseigne est
appelé Sifu par ses élèves(2). Une fois qu’un étudiant décide d’enseigner,
il n’est pas censé retourner voir son professeur pour une formation
supplémentaire. Les élèves(3) appellent le professeur de leur
professeur “Sigung”, ce qui signifie essentiellement “grand-père”. La culture
du Kung Fu est basée sur une structure familiale et des relations familiales,
qui vont plus loin que le professeur et l’élève. Un Sifu est un mentor qui suit
le même chemin, mais qui est plus loin sur le chemin et agit comme un guide
pour vous aider à développer vos compétences et vos capacités. Un vrai Sifu est
une sorte de coach de vie, touchant à de nombreux niveaux, notamment le
développement physique, l’éducation mentale, la croissance émotionnelle, la
culture spirituelle et le développement financier. Cela est particulièrement
vrai pour les arts martiaux issus des traditions Shaolin. Le développement des
compétences de combat sans le développement simultané de toute la personne est
un concept étranger à la culture traditionnelle des arts martiaux. Dans cette
culture, quelqu’un qui a atteint la Maîtrise est quelqu’un qui vit son système
dans tous les aspects de la vie : physiquement, mentalement, émotionnellement,
spirituellement et financièrement. La vraie maîtrise n’est pas quelque chose de
donné de l’extérieur, mais plutôt quelque chose qui se développe intérieurement
et se manifeste automatiquement, comme l’éclat du Soleil. Le soleil brille ; sa
chaleur et sa lumière sont évidentes pour tous. La vraie maîtrise des arts
martiaux est la même chose.
Mes todai
(étudiants) m’appellent Sifu. Les Externes m’appellent Sifu Meng, Maître Meng
ou Grand Maître Meng. Je suis un maître instructeur senior de niveau 7 sous la Ving Tsun Athletic Association. Je suis également Grand Maître du 7e
degré dans le cadre de la Moy Yat Special Student Association. Et j’ai aussi
des étudiants de niveau Maître. C’est plus une réponse de la communauté des
arts martiaux modernes. Quant à la réponse plus traditionnelle - je ne peux pas
la donner, elle vient des gens qui me connaissent et travaillent avec moi. Ils
doivent juger par eux-mêmes de mon niveau de connaissances, de compétences et
de capacités.
Combien d’heures t’entraînes-tu ?
Je vis la vie Kung Fu : je considère toute la vie comme une expression de concepts d’arts
martiaux en action, donc chaque instant où je suis éveillé est un entraînement
pour moi. En ce qui concerne les heures d’entraînement physique pour maintenir
ma santé et mes compétences physiques, je compte en moyenne une heure ou deux
par jour, 5 à 6 jours par semaine en dehors des cours, 6 jours par semaine
lorsque je ne voyage pas.
Es-tu un artiste martial professionnel ou as-tu d’autres
emplois ?
Je suis
professeur et éducateur d’arts martiaux à temps plein.
As-tu déjà combattu dans une compétition sportive ?
Quand, où et avec quels résultats ?
Avant d’ouvrir
mon école en 1987, j’étais un compétiteur national et international de taekwondo.
Plusieurs de mes partenaires d’entraînement faisaient partie de l’équipe
olympique en 1988, mais j’étais déjà concentré sur le développement de mon
école à ce moment-là. À la période où je faisais de la compétition, j’ai
combattu et gagné contre des concurrents qui ont fait partie de l’équipe
olympique américaine de 1988. J’ai également été actif dans le kick boxing et
les tournois ouverts, y compris les combats full contact, les formes à mains
nues et les formes avec armes. J’ai remporté de nombreux prix pendant 10 ans (à
partir de 15 ans).
Combien d’heures par semaine devrait s’entraîner un
étudiant pour progresser de façon sérieuse ?
Cela dépend de l’élève
: de son âge, de ses objectifs et de ses finances(4). Par exemple, s’entraîner
pour devenir enseignant, être un compétiteur, avoir de bonnes compétences d’autodéfense
ou être un bon pratiquant de l’art sont tous des objectifs différents et
nécessitent un niveau d’engagement, de temps, d’énergie et de finances
différent. En tant qu’étudiant, j’arrivais tôt et restais tard ; mettais les
heures supplémentaires sur mon temps libre ; me réunissais avec d’autres
étudiants en dehors de la classe ; économisais de l’argent pour payer une
formation supplémentaire, des ateliers et des voyages ; et je me suis
positionné pour pouvoir me former à plein temps : je suis allé en Chine, en
Corée et à New York pour des sessions d’études prolongées de quelques semaines
(Corée) à quelques mois (Chine) à quelques années (Hong Kong et New-York). Cela
a fait une énorme différence dans mon développement, mais je veux faire des
arts martiaux personnellement et professionnellement jusqu’au jour de ma mort.
Je ne demande ni n’exige ce niveau de dévouement de la part de tous mes élèves,
mais je m’attends à ce que mes élèves de niveau instructeur partagent le même
état d’esprit.
____________________
(1) : great grand master en version originale.
(2) : dans le texte original il est bien précisé “his or her students”, une
précision qui se perd à la traduction, mais qui est importante. Un Sifu n’est
pas forcément un homme.
(3) : ici il était question de
“Grand students”, comme dans l’expression “grand daughter” par exemple, “ la
petite fille/le petit fils” par rapport à son grand-père ou sa grand-mère. Le
Sigung est le grand-père de kung fu.
(4) : ici il était question de support system, expression que je ne voyais pas
trop comment traduire.
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