dimanche 22 avril 2018

Interview de Keith R. Kernspecht [partie 2]

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Partie 1 Partie 2

Traduction par Renaud, merci à lui !

On a noté que les différents disciples de Yip Man ont chacun leur façon d’épeler wing chun. Avez-vous trouvé des différences dans leur façon de l’enseigner ?

Sifu Kernspecht, les années passent mais il reste un colosse
Seul Leung Ting est mon sifu. Quand j’ai exploré une demi-douzaine de méthodes d’autres professeurs, c’était sans intérêt par rapport aux 30 années d’enseignements de Yip Man.

L’enseignement de Yip Man a-t-il évolué selon vous avec le temps ?

Les élèves de haut niveau de Yip Man se sont toujours pris la tête sur ses “vraies” méthodes d’enseignement. Ils prétendent détenir chacun la seule et unique méthode, laissant entendre que les autres ne l’ont pas. Je ne me sens pas qualifié pour juger des déclarations de mes maîtres et de mes ainés. Je pense que Yip Man enseignait différemment à 30 ans, à 50 ans, quand il était moins fort mais plus expérimenté… Ses premiers étudiants pourraient insister sur des mouvements directs et puissants, alors que ses derniers élèves seraient plus enclins à voir l’art de Yip Man comme quelque chose de doux et de très sophistiqué.

Sur ce que je sais, je peux distinguer plusieurs phases dans son enseignement, du coup j’aime penser que l’authenticité d’une version n’exclut pas l’authenticité de l’autre. Et je crois que si on peut parler de différents styles à propos de karaté (shotokan, wado, goju…), on peut parler de différents styles Yip Man. Mais c’est mon avis personnel.

Pouvez-vous donner une idée à nos lecteurs de ce qui est spécial à propos du wing tsun que vous pratiquez ?

C’est une méthode complexe qui peut donner à quelqu’un de plus faible (homme ou femme) une chance de terrasser un adversaire plus fort et plus lourd.  La méthode Leung Ting telle que je la comprends est fondée sur deux principes simples. Elle n’est pas fondée sur des techniques ou des combinaisons prédéfinies. Il n’y a pas de techniques fixes. Deux mains, celle devant, la man sau (le bras antenne), et celle derrière, la wu sau (à l’arrière, celle qui protège), qui sont dirigées vers la ligne centrale de l’adversaire.

Les bras ont la qualité de bâtons en rotin, flexibles, qui se déplient comme des ressorts comprimés qu’on libère, et dans les bras, et le corps, c’est une même énergie qui circule, prête à être libérée. Si l’ennemi tente de toucher une partie vitale de notre corps, il ne peut le faire qu’en entrant premièrement en contact avec ces bras. Si le contact est seulement léger, et que la poussée se fait sans la poussée du coude, le bras du wing tsun, porté par ce flux d’énergie constante, ne sera pas empêché et pourra se diriger directement vers l’adversaire et sa ligne centrale. Dans ce cas, pas de techniques prédéterminées, juste la formule du wing tsun : frapper (thrust forward) où la voie est dégagée.

Dans le cas où la défense ou l’attaque est assez puissante pour plier ou dégager les bras qui défendent (qui doivent être souples comme du rotin), nous laissons nos bras et notre corps se déformer selon la direction et la puissance dictée par l’adversaire. Mais nous gardons le contact avec lui et son bras. Nous nous collons à lui pour avoir une chance de contrôler sa propre force et l’utiliser pour contre-attaquer. Le flux de notre énergie est constant et tourné vers l’adversaire, et s’il laisse le moindre vide, le moindre écart,  nous pourrons y pénétrer sans y penser, c’est l’autre formule du wing tsun : “reste en contact avec le bras de l’adversaire s’il est plus puissant”. Pour moi le wing tsun, c’est ces deux principes. Les mouvements résultent en fait de ceux de l’attaquant, qui change la forme de nos bras et de nos jambes en fonction de sa propre attaque ou défense.

Bruce Lee disait cela aussi, que ses techniques dépendaient de celles de son adversaire ?

Oui en ce sens, ses principes sont ceux du wing tsun, du taoïsme plus généralement.

Je peux comprendre que ces concepts fonctionnent pour la défense, mais qu’en est-il de l’attaque ? N’a-t-on pas besoin de notre propre puissance ?

La force du wing tsun est douce. Mais par ce terme, nous ne parlons pas de quantité mais de qualité. Douce comme qualité caractéristique d’une force souple, jaillissante. Le contraire serait “dure”, “rigide”. Mais la force du wing tsun peut-être aussi puissante qu’une force rigide. On ne doit pas se méprendre, “doux” ne veut pas dire “faible”, ni “dur”, “fort”.

Vous qui êtes une force de la nature, haltérophile à la base, ne tendiez-vous pas naturellement vers un style dur ?

Pas nécessairement. Je vieillis en plus. Mes muscles peuvent toujours supporter 180 kilos, mais mes tendons et mes articulations peuvent me jouer des tours avec l’âge. Personne ne peut indéfiniment accroître sa force. Mais en suivant une voie douce et souple, je crois que je peux et vieillir et devenir plus efficace. C’est l’avantage d’un style de combat qui ne repose pas sur la force, le poids ou la vitesse.

Sifu Kernspecht levant 200kg à la presse verticale

Que pensez-vous du jeet kune do ?

Malheureusement, je n’ai pas eu la chance de voir Bruce Lee en action. Mais du coup je n’ai pas manqué d’étudier avec le premier élève de Bruce Lee qui est aussi devenu son assistant. Ce que j’ai appris est une méthode d’attaque très efficace et très particulière qui m’a semblé être une interprétation personnalisée, modifiée, simplifiée du wing chun que Bruce Lee avait appris auprès de Yip Man. 

En plus du wing tsun, vous enseignez les arts martiaux philippins. 

J’ai vu des photos de pratiquants d’escrima dans des magazines étrangers et mes yeux de pratiquant de wing tsun y ont vu une logique dans leurs mouvements. A partir de 1977, j’ai invité René Latosa de San Francisco et Bill Newman de l’International Philippine Martial Arts Society à venir nous enseigner ces arts martiaux régulièrement.

Encore une question Mr Kernspecht, est-il possible pour des étudiants américains de venir étudier dans votre château ? 

Bien sûr, ils peuvent m’écrire en anglais à l’EWTO c/o Mr Kurt Witt, Kantstrasse 6, D-2448 Burg Fehrmarn, West Germany.
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2 commentaires:

  1. Sur le propre compte Facebook de Kernspecht, la même photo (bench press) est annoncée à 200 kg, et ici à 300. Ce n'est pas exactement la même chose.
    https://m.facebook.com/GrandmasterKernspecht/photos/using-the-schnellsche-upright-benchpress-i-am-here-pressing-200-kg-weighing-97-k/837432026630682/?locale=hi_IN

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    Réponses
    1. Passion Wing Chun7 octobre 2024 à 21:14

      Effectivement, il semble qu'il y ait eu une erreur, merci d'avoir attiré notre attention là-dessus !

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