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L’interview qui suit vient d’une ancienne édition du magazine Hong
Kongais New
Martial Hero, c’est l’une des deux seules interviews jamais éditées de Yip
Man.
A la base
elle fut postée dans le forum de discussion KFO par K. Gledhill et Phillip
Redmond qui l’a postée sur Facebook, donc tous les crédits leur reviennent, je
me contente de re-poster cette interview afin que plus de lecteurs en
profitent. [Pavel Macek]
Merci à eux ainsi qu’à Véronique pour sa traduction ! Histoire
de rendre à César ce qui lui revient, puisque je me contente de vous poster la
dite interview. Je ne sais pas à quel point cette interview
est authentique.
Yip
Man est appelé ici Grand Maître Yip Man, à ma connaissance Yip Man refusait le
titre de Sifu et préférait être appelé oncle Man, alors pourquoi Grande Maître ?
Ce point n’est cependant pas préoccupant, le magazine ayant très bien pu
décider de le nommer ainsi de sa propre initiative.
Difference entre les styles Weng Chung et Wing Tsun/Wing
Chun (note
d’Orphée : Wing Tsun est, à ma connaissance, une écriture inventée par Sifu Leung Ting)
Ils pensent que ces deux clans sont juste le même style de kung fu
portant deux noms différents. En fait le style Wing Tsun est assez différent du
style Weng Chun. A Hong Kong le dirigeant du clan Wing Tsun est GM Yip Man,
tandis que le dirigeant du clan Weng Chun est GM Chu Chung Man.
Les techniques et les sections sont également assez différentes. Par
exemple, dans le système Wing Tsun il y a des sets tels que Siu-Nim-Tau, Chum-Kiu, Biu-Tze, le mannequin de bois
et le bâton long. En Weng Chun il y a le mannequin de bois, le Bart Mo Dan Da
encore appelé “huit méthodes de combat seul”, Lin Wan Kou Da encore appelé
“coups de poings enchaînés en attrapant les mains” ainsi que le bâton long.
Les raisons
qui font que ces deux styles sont perçus comme étant identiques viennent du
fait qu’ils ont certaines techniques en commun, mais certains concepts sont
différents. Par exemple les deux utilisent le Noi Lim Sau et les deux exercent le Chuen King de l’inch
force.
Noi Lim Sau
est une technique qui permet au pratiquant de venir en intérieur alors qu’il se
trouvait précédemment en extérieur. De la même façon qu’il utiliserait une
faucille pour se frayer un passage. Cette technique requiert une grande force
dans le coude, et un mouvement circulaire assez restreint. Pour ces raisons c’est
une méthode rapide de contre attaque.
Deux styles différents venant d’une même source.
Grand Maitre
Yip était natif de Fatshan. Quand il était très jeune, il était plutôt chétif.
Pour cette raison ses parents l’envoyèrent apprendre le Wing Chun chez Chan Wah
Shun, l’élève le plus célèbre du fameux Dr Leung Jan. Quand GM Yip parle de son
passé il le fait avec enthousiasme. Voici un extrait de l’interview dans son
format original :
New Martial
Hero : Est ce que
Chan Wah Shun portait le surnom de Jau Chin Wah (Wah le changeur de monnaie) ?
Yip Man : Ce surnom n’est pas représentatif
du caractère de mon instructeur. En dehors de Wah le changeur de monnaie, il
portait aussi le surnom moins flatteur de Ngau Chin Wah (Wah le taureau) Il
était l’élève principal du Dr Leung Jan.
New Martial
Hero : Ce nom
indique que Wah était quelqu’un de colérique prompt à la bagarre ? Combien d’élèves
acceptait-il ? Quel était votre rang parmi vos frères de kung fu ?
Yip Man : Y compris moi, Wah Shun n’avait
accepté que 16 élèves depuis qu’il avait ouvert son école de Kung Fu. J’avais
11 ans quand je devins son élève vers la fin de sa vie.
New Martial
Hero : Nous, les
Chinois, avons un dicton qui voudrait que le dernier fils soit le fils préféré.
Si on s’y réfère, dans la mesure où vous avez été son dernier fils de kung fu,
vous devez avoir été son préféré ?
Yip Man,
avec un sourire : C’est
exact, Quand j’ai appris avec lui il avait déjà 70 ans Il était un peu affaibli
à cette époque. Toutefois il corrigeait mes erreurs avec beaucoup de patience.
De plus il demandait aux autres élèves de m’apprendre des choses. De ce fait
mes techniques progressèrent à grande vitesse.
C’est une
bonne question, laissez-moi vous dire pourquoi. Dans l’ancien temps, les gens
étaient très rigoureux pour ce qui concernait les relations professeur/élève.
Avant qu’ils n’acceptent un élève ils avaient besoin de connaître le caractère
de ce peut être futur élève de façon très précise. C’est ce qu’on appelle
“choisir le bon élève à qui enseigner”. Ensuite cela dépendait aussi du fait
que l’élève pouvait ou non payer les cours.
GM Yip se
tut pour un moment, puis il reprit à mi voix : “il est un fait que peu de gens pouvaient payer des cours
dans cette école prestigieuse. Par exemple, quand j’ai payé pour ma cérémonie d’admission,
j’ai dû donner 20 taels d’argent. Et je devais payer 8 taels mensuels pour les
frais de scolarité.
(NDLT -merci wiki- ce
terme désigne le plus souvent le tael chinois, qui faisait partie du système de
mesure et de monnaie chinois. Selon la région ou le type de commerce, l’unité
de poids servant de référence pour mesurer le tael pouvait varier.
En général, le tael d’argent pesait aux alentours de
40 grammes. )
(note d’Orphée : pour ma part j’ai lu
qu’il s’était présenté avec 300 taels d’argent au kwoon de Chan Wah Shun, cf
mon article sur Yip Man)
New Martial
Hero : que
représentaient 20 taels au regard du niveau de vie de l’époque ?
Yip Man,
après réflexion : Pour 20
taels vous pouviez trouver une épouse. De même avec à peine plus qu’un tael et
demi vous pouviez vous offrir un sac de riz d’un picul
(NDLT : un picul désignait la quantité qu’un homme
pouvait porter sur ses épaules à l’aide d’une barre de portage, j’ai cru
comprendre qu’on atteignait les 70 kg environ)
Voici pourquoi,
à l’époque, la plupart des gens qui apprenaient le kung fu étaient riches. Ces
gens pouvaient abandonner leur métier et aller vivre dans des vieux temples
dans les montagnes pour s’y entraîner. Ce n’est pas comme aujourd’hui où les
gens peuvent facilement apprendre le kung fu n’importe où.
New Martial
Hero : Après le
décès de Wah vous avez quitté Fatshan et êtes venus à Hong Kong pour étudier au
St Stephen’s College. Avez-vous de nouveau pris des cours de kung fu à Hong
Kong ?
Yip Man,
avec un sourire: Bien sûr !
Et je peux dire que c’est à cause d’un expert extrêmement compétent de Wing
Tsun (note d’Orphée :
je suis assez surpris de voir le terme Wing Tsun utilisé ici, j'aurais davantage vu Ving Tsun ou Wing Chun) que j’ai
rencontré, que j’ai pu apprendre les techniques les plus avancées de Wing Tsun.
C’était
Leung Bik, le fils ainé du Dr Leung Jan. La façon dont j’ai rencontré mon
maître Leung Bik est une longue histoire.
Après que
NMH ait longuement insisté, GM Yip Man commença à raconter son histoire en
détails : Alors qu’il quittait Fatshan pour aller étudier à Hong Kong, il avait
déjà un très bon niveau pour ce qui était des techniques de combat de wing
chun. Il combattait toujours avec ses partenaires pendant les cours. Bien qu’il
ne fût pas grand il avait de très bonnes techniques qui compensaient. Ainsi
pouvait-il battre ses camarades, même ceux plus grands et plus forts que lui Et
de ce fait il devint arrogant, considérant que personne ne pouvait le
battre.
Après 6
mois, un autre élève, nommé Lai, dont le père possédait une grosse compagnie du
nom de “Kung Hang Silk Company” dans la rue Jervois à Sheung Wan, (NDLT : un
quartier de Hong Kong) dit à Yip qu’un ami de son père vivait dans leur
maison. Il avait environ 50 ans. Il connaissait des techniques de kung fu. Et
il proposa un sparring amical à Yip Man.
A cette
époque Yip n’ayant jamais été battu, ne jugea pas utile d’accepter la
proposition, et de perdre son temps. Lai arrangea un rendez-vous pour les
présenter l’un à l’autre un dimanche après midi. Ce dimanche là Yip se rendit
au domicile de son partenaire Lai. Après avoir été présenté à un homme d’âge
moyen, Yip le regarda d’un regard approbateur. Pour Yip cet homme avait plutôt
l’air d’un gentleman que d’un pratiquant de kung fu.
Après un
moment Yip Man lança un défi à l’homme pour un sparring. Avec un sourire l’homme
dit “Bien Yip Man, donc tu es intéressé par un sparring avec moi. Avant que le
combat ne commence je te demande de ne pas te faire de souci pour moi. Tout ce
que tu auras à faire est de m’attaquer sur n’importe quelle partie du corps, en
y mettant toute ta force. C’est tout simple”.
Bien qu’ayant
entendu cela, Yip Man, arrogant, pas plus troublé que ça, décida de battre cet
homme.
A peine l’homme
eut-il donné le signal du départ qu’il fut la proie d’une pluie de coups
agressifs de la part de Yip. Mais l’homme était si rapide que Yip ne put rien
faire contre ses mouvements de contre attaque. Très rapidement Yip Man dut se
réfugier dans un coin, et l’homme cessa le combat au même moment.
Après ce
premier contact, et bien que clairement battu, Yip Man ne put croire que cet
homme ait pris la main si rapidement. Et donc il demanda une seconde chance.
Une fois encore Yip Man fut totalement sous le contrôle de l’homme. Il ne
pouvait rien faire contre lui ! Cette seconde fois il fut enfin convaincu d’avoir
été battu par un grand expert de kung fu. Sans un mot il s’en alla, extrêmement
déçu.
Après cette
défaite Yip Man fut tellement déprimé qu’il ne mentionnait même plus le fait qu’il
connaissait le kung fu. Une semaine plus tard Lai lui dit qu’ l’homme
souhaitait le revoir. Mais à ce moment-là Yip Man plutôt effrayé et trop
honteux à l’idée de revoir l’homme, dit à Lai “Je me sens trop embarrassé pour
oser le revoir”.
Toutefois, à
sa grande surprise, Lai lui dit que l’ami de son père avait grandement apprécié
les techniques de Yip Man. Et c’est pourquoi il souhaitait le revoir et parler
avec lui. Lai commença alors à révéler le secret de l’ami de son père : en fait
celui qui avait combattu Yip Man n’était nul autre que Leung Bik, le fils du Dr
Leung Jan !
En entendant
la vérité, Yip Man se dit “Wouaw ! Voilà pourquoi il est tellement bon. En fait
ce jour-là j’ai combattu un authentique expert en kung fu !”
Il réalisa
immédiatement toute la portée de l’opportunité qui s’offrait à lui. C’était là
une occasion unique d’apprendre des techniques bien plus avancées que celles qu’il
possédait déjà de son maître Wah. Et il ne perdit pas de temps à demander à son
ami Lai, de l’emmener à la Kung Hang
Silk Company pour rencontrer Leung Bik.
Comme Yip
Man était un élève très doué, apprenant très vite, Leung Bik fut très heureux
de lui apprendre tout ce qu’il savait.
Quelques
années plus tard Leung Bik en eut assez de vivre à Hong Kong et songea à
retourner à Fatshan. A ce moment là Yip Man avait pratiquement atteint le plus
haut niveau en termes de techniques de kung fu.
Petit complément ici !
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merci pour les petites annotations.
RépondreSupprimerj'ai trouvé des informations complémentaires quant à cette interview, je les mettrai tout bientôt à votre disposition
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