dimanche 6 août 2017

Mon père, Ip Man, par Ip Ching

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Mon père, Ip Man

Traduction par Véronique

Mon père, Maître Ip Man, a activement promu l’art du Wing Chun après être arrivé à Hong Kong en 1949. Durant une brève période de 22 ans (1950 – 1972) l’art du Wing Chun a fleuri à Hong Kong, Macao et Taïwan. Bien plus que cela, les graines du Wing Chun ont germé à travers le monde et trouvé un terrain fertile dans les plus grands pays du monde. Durant sa vie, d’excellents disciples tels que  LEUNG Sheung, IP Bo-ching, CHIU Wan, Bruce LEE, LOK Yiu, CHUI Sheungtin, WONG Shun-Leung et HO Kam-ming ont été formés et ont hérité du souhait de Maitre Yip de continuer à développer le Wing Chun. C’est pour cela que Maître Yip fut tenu dans la plus haute estime par ses disciples, et unanimement reconnu comme le Maître du Wing Chun après son décès. (Mon père était humble et prudent pendant toute sa vie et ne s’est jamais proclamé Maître du Wing Chun ou doyen de quelqu’école que ce soit.) Dans ses vieux jours il aurait pu accepter ce titre sans se sentir embarrassé.

Mon père était né à Foshan à la fin de la dynastie Ching. Foshan était située dans la région prospère du Delta Zheyien dans la province de Canton et était un nœud tant du transport terrestre que du transport maritime. Dans les temps anciens la ville était, tout comme Jingde, Thuxian et Hankiou, appelée Ville historique majeure. L’industrie et le commerce, particulièrement pour ce qui concernait l’artisanat, prospérait et les résidents de la ville étaient prospères. De ce fait la culture et l’art se développaient pleinement et comme l’art martial chinois faisait partie de la culture traditionnelle, l’intérêt pour le sujet devint très populaire. Des maîtres reconnus de l’école du Sud, tels WONG Fai-Hung, CHEUNG Hung-Shing, LEUNG Chan, LEUNG Siu-Ching etc. vinrent à Foshan. Maître Yip naquit durant cette période et était très épris de l’art martial chinois. On pouvait envisager qu’avec du talent, de l’endurance et de bons maîtres  (CHAN Wah-Shun au début, puis LEUNG Pik, fils de LEUNG Chan plus tard) il irait loin.


Je vins à Hong Kong en 1962 et suivis mon père pour ce qui est d’apprendre les arts martiaux. Plus tard je l’assistais pour enseigner le Wing Chun jusqu’à son décès en 1972. J’appris beaucoup de sa façon d’enseigner. Puisque nous venons d’arriver au 100ème anniversaire de la naissance de Maître YIP Man, j’aimerais préciser quelques points que j’ai appris de sa façon d’enseigner, en espérant que tous les disciples du Wing Chun les apprendront et les étudieront.

Le Maître était très rigoureux quant à la sélection des élèves. Il disait toujours “il est certain qu’il est difficile pour un disciple de se choisir un maître, mais il est encore plus difficile pour un maître de sélectionner un disciple” C’était extraordinaire pour quelqu’un dont l’enseignement des arts martiaux était le gagne pain d’avoir une telle mentalité. Cela signifiait qu’il était très sérieux dans son attitude et responsable envers ses élèves. Durant toute sa vie il n’a jamais placé de panneau publicitaire sur sa façade, ni fait de publicité de quelque sorte. Le but de tout cela était de rester libre de choisir ses disciples. Il appliqua strictement ce principe pendant les 20 dernières années. C’était tout à fait louable pur quelqu’un dont c’était le gagne pain.

Le Wing Chun est pratique, simple et direct, sans fioritures. Le Maître était très strict pour ce qui concernait l’entraînement de base de ses nouveaux disciples. Quand il leur enseignait Xiu Nin Tau il ne leur imposait pas de délai pour apprendre les bonnes distances, les bonnes postures, et l’utilisation correcte de la force. Il n’enseignait une nouvelle partie que lorsque l’élève était capable de prouver qu’il avait bien maîtrisé le précédent. Il n’enseignait jamais de façon superficielle. Sa façon de faire était une manière de récompenser ceux qui travaillaient vraiment dur pour y arriver.

Une autre caractéristique du Maître était qu’il adaptait son enseignement aux aptitudes des élèves. Il commençait par analyser la mentalité, le caractère, la condition physique, le niveau d’éducation, le niveau de culture et la capacité d’apprentissage de l’élève. Ensuite il lui donnait les moyens et les chemins qui lui permettaient d’apprendre et retenir aisément.


Durant les cours le Maître apportait une grande importance à la pratique de combats libres. Le but en était de développer chez les élèves l’amour et la confiance dans le Wing Chun mais aussi de les guider dans l’étude des règles du Wing Chun et vers le mannequin de bois.

Le Maître avait été très éduqué dans sa jeunesse, et pas seulement en Wing Chun. Et il a toujours continué à se cultiver, et à se tenir informé des nouveautés scientifiques. Ainsi pouvait-il toujours utiliser les dernières nouveautés technologiques, les théories mécaniques et mathématiques, pour expliquer les règles du Wing Chun. (…) Le Maître n’a jamais dit, et détestait quiconque le disait “J’ai rencontré un génie, -ou un ermite-, qui m’a appris des techniques extraordinaires -ou des mouvements uniques- en arts martiaux” pour tromper ses élèves et se promouvoir lui-même. Il pensait que ce type d’individu n’avait pas confiance dans ce qu’il avait appris et que son savoir n’était pas très profond, et qu’il souhaitait simplement effrayer son auditoire avec des histoires à dormir debout. Ce genre de personne était condamné à échouer en utilisant de telles méthodes d’enseignement.


Le secret de la façon d’enseigner du maître ne se limitait évidemment pas à ces quelques points. Et j’espère que les disciples exploreront d’autres points importants dans le futur.

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