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j’aimerais vous parler d’une notion que j’estime être très importante pour les
arts martiaux et sports de combat en général. Il s’agit d’un principe ici des
arts martiaux japonais, mais qui est transposable à n’importe quelle pratique
de combat. Il s’agit du shin ghi taï, soit l’esprit, la technique et le corps. Ce concept a
été développé par Maître Haku Michigami, un judoka.
Lionel
Froidure sur son site en donne une définition que je trouve intéressante :
une technique maîtrisée, remplie d’une tension émotionnelle et physique
complète.
Attention, il
s’agit ici de ma vision du shin ghi taï et si je m’appuie sur diverses lectures, il s’agit
d’une interprétation que je fais. Votre avis peut différer et ce n’est pas une
mauvaise chose. Peut-être que j’ai tort sur certains points, peut-être que
c’est vous, peut-être que nos deux visions ne sont pas incompatibles ou encore
peut-être nous trompons-nous tous les deux.
Je n’ai pas
l’expérience de Maître Haku Michigami et ne bénéficie pas de son recul sur ces
notions. Je vous conseille donc de lire en priorité ce qu’il a écrit sur le
sujet.
Ces trois
composantes, shin,
ghi et taï, existent chez
chacun à des degrés plus ou moins élevés et évoluent tout au long de la vie de
chacun. Même sans pratiquer un art martial ou un sport de combat, il y aura une
évolution.
Elles
fonctionnent ensemble et sont selon moi indissociables. N’importe quel
combattant, guerrier, compétiteur les possède et se doit de les cultiver. En
fonction de ce que le pratiquant recherche, de ses prédispositions ou de son
âge, il pourra mettre l’accent sur une composante en particulier. Il n’y a pas
besoin de chercher un équilibre parfait entre les trois, il n’y a rien de mal à
s’appuyer davantage sur une composante qu’une autre, dans certaines limites.
- Shin
L’esprit, le
mental. Il s’agit tant de la combativité que des qualités morales du
pratiquant. Les deux sont importantes en cela que pour pouvoir combattre il
faut un mental tel qu’on est prêt à affronter son adversaire mais aussi à être
frappé par lui, peut-être même à perdre l’affrontement ou à mettre sa vie en
jeu.
En combat, que
ce soit sur le tatami, sur le ring ou dans la rue il n’est pas naturel pour
tout le monde de frapper son opposant. Dans le cadre d’une compétition ou d’un
entraînement, le cadre est posé, les opposants sont là pour la même chose, tout
le monde joue (théoriquement) selon les mêmes règles, mais qu’en est-il dans la
rue ? A quel moment suis-je légitime pour attaquer ? Dois-je
automatiquement attendre que l’adversaire fasse le premier pas, qu’il déclenche
les hostilités ? Et le combat n’a-t-il pas déjà commencé lors de la joute verbale
qui souvent précède l’affrontement physique ?
Parfois vous
pouvez avoir à faire à un adversaire qui techniquement n’est pas bon, qui
physiquement n’en impose pas, mais qui a un tel mental qu’il va vous sauter
dessus et vous massacrer. Vous pourrez le frapper, il en aura vu d’autres au
cours de sa vie et vous ne l’impressionnerez pas. C’est une bête sauvage et le
seul moyen de le vaincre c’est soit de frapper vite et très fort, soit de lui
faire peur en lui montrant que votre combativité n’a rien à envier à la sienne.
Pas simple…
Mais cela ne
fait pas tout, si le mental se limitait à la capacité à être capable
d’attaquer, de résister aux coups et à continuer à frapper quoi qu’il arrive, à
avancer sous un déluge de coups, alors nous ne serions que des bêtes sauvages.
Être dans cet état primal peut parfois être salutaire, ne pas avoir de limites
pour sauver sa vie lors d’une agression, mais c’est un autre sujet.
Un pratiquant
d’arts martiaux se doit de disposer de qualités morales, d’un code de conduite
comme le budo, le bushido ou le wude par exemple. C’est ce qui permet de
devenir une meilleure personne par les arts martiaux. Comme disait Harry
Hart : “C'est à ses manières qu'on juge un Homme.”
C’est donc à
la fois la combativité et l’éducation martiale. La combativité est sans doute
le plus difficile à développer si on ne fait pas de compétition ou de combats,
par exemple du sparing. Quant à « l’éducation martiale », elle est
parfois totalement délaissée par certains enseignants qui ne vont développer que
le corps et la technique. Nos pratiques sont riches d’Histoires, de personnages
fascinants, de traditions, intéressons-nous à ce que nous faisons !
- Ghi
La technique,
il s’agit donc de l’apprentissage des techniques de nos arts martiaux et sports
de combat. Des gestes que nous allons répéter des centaines de fois jusqu’à
approcher de quelque chose de satisfaisant. Pour quelque chose de parfait, on
va attendre encore un peu.
Au-delà du
geste juste, il s’agit également de comprendre celui-ci, de savoir l’utiliser
de la meilleure des façons. Je peux planter un clou, mais le geste juste fera
que je taperai sur le clou à chaque fois et pas à côté et qu’il sera planté
selon l’angle désiré. La bonne compréhension de ma technique fera que
j’utiliserai un marteau. Je peux planter un clou avec un tournevis, mais je
serai plus efficace avec un marteau.
Pratiquer en
ayant conscience de ce que l’on fait. Je peux répéter dix milles fois un geste,
si mon esprit est ailleurs lors de l’entraînement, cela ne servira pas à
grand-chose. Il faut que j’aie conscience de ce que je fais et que je comprenne
l’utilité de mes techniques ainsi que leur fonctionnement. Cela ne doit pas
simplement ressembler à ce que mon enseignant me montre, cela doit être
identique.
Cette partie
c’est à nos enseignants de veiller à ce que nous la développions. Si je
m’inscris dans un club d’arts martiaux ou de sports de combat, je viens pour
apprendre à utiliser toutes ces techniques que j’ai vu au cinéma, en vrai lors
de compétitions ou que j’ai visualisé en lisant un roman ou une bande-dessinée.
Le kwoon, le
dojo, la salle d’armes, la salle d’entraînement sont les lieux où j’apprends
ces techniques et où je peux les mettre en pratique. Un cours de sparing, c’est
bien pour travailler le mental, mais c’est aussi le moment où je peux appliquer
ma technique dans une situation proche d’un véritable combat. C’est comme un
laboratoire : j’expérimente et j’améliore. Ce n’est pas dans la rue ou sur
le ring qu’il faut expérimenter, là il faut être sûr de ses armes et les
utiliser aussi judicieusement que possible.
- Taï
Le corps, il
ne s’agit pas uniquement de la force physique mais d’exploiter au mieux le
potentiel de son corps. Une grande force sans aucune endurance n’a que peu
d’intérêt en combat à moins de réussir à neutraliser son opposant avant d’être
essoufflé. La vitesse, la souplesse, l’endurance et donc la force sont
importantes.
Depuis un peu
plus d’un an j’ai radicalement changé ma façon de m’entraîner, ajoutant
beaucoup de renforcement musculaire à ma pratique personnelle. Durant mes cours
j’enseigne du wing chun, je ne fais que très rarement faire du renforcement
musculaire à mes élèves, mais je recommande malgré tout de travailler le corps
en parallèle, chez soi ou avec un professionnel de ce domaine (ce que je ne
suis pas).
L’objectif
n’est pas d’avoir une carrure imposante, mais d’être capable de lever mon poing
lorsque j’en ai besoin, de ne pas être essoufflé après seulement quelques
frappes, d’être capable de faire des dégâts lorsque je frappe (ghi étant également exploité sur ce point). Sans avoir
particulièrement eu de problèmes en la matière, je pense sincèrement qu’il faut
se préparer au mieux lorsqu’on pratique un art martial. Une personne qui se
prépare à faire de la compétition va chercher à tirer le meilleur de son corps,
demain ça pourrait être votre agresseur. Il saura encaisser, frapper vite et
fort et aura une bonne endurance. Vous pourriez avoir la meilleure des
techniques du monde, si vous ne pouvez pas encaisser un minimum, si votre corps
vous trahi parce que vous être fatigué, essoufflé, alors vous perdrez.
J’utilise
entre autres la méthode développée par Izumi Tabata que je trouve très bien.
C’est un travail que je fais sur un quart d’heure environ (donc trois cycles
pour les connaisseurs). C’est court et intense. Si la méthode vous intéresse,
je vous invite à vous renseigner à son sujet.
Attention,
tout comme pour apprendre une technique martiale, il est bien d’être encadré
par quelqu’un de compétent pour faire ces exercices correctement. Ce serait
dommage de se blesser parce qu’on a mal fait un geste.
- Le shin ghi taï tout au long de sa vie
Comme je
l’exprimais plus haut, ces trois notions évoluent tout au long de la vie de
chacun, pratiquant au non. Mais notre corps et notre esprit évoluent eux aussi
et cela a un impact sur shin ghi taï.
Chaque notion
n’a pas besoin d’être à l’exact même niveau que les deux autres, mais il faut
malgré tout prendre garde à ne pas trop en privilégier une sur les autres. Trop
de shin
et vous êtes soit un théoricien soit une bête sauvage, trop de ghi et vous serez un technicien (à ne pas confondre avec
les degrés technicien du wing chun), trop de taï et
vous serez un athlète, mais dans aucun de ces cas vous ne serez un combattant
ou un guerrier.
Ci-dessous je
vous propose un schéma qui n’est absolument pas de moi mais que je retrouve sur
plusieurs sites traitant de ce sujet et que je trouve assez parlant. Je l’ai simplement
recréé sur Excel.
L’exactitude
des pourcentages n’est pas vraiment ce qui m’intéresse ici. Ce que je trouve
important c’est de voir que les capacités physiques vont être en augmentation
jusqu’à un point culminant, puis arrivé à celui-ci, l’âge nous rattrape et ces
capacités diminuent. C’est là qu’il faut pouvoir compter sur les deux autres
notions, shin
et ghi. Votre mental et votre technique doivent
vous permettre de rivaliser avec un adversaire plus jeune et plus fort mais
moins expérimenté.
L’idéal serait
de travailler les trois ensembles et dans l’absolu c’est parfaitement faisable,
mais il faut également des temps consacré à chaque thème.
Demandez-vous
également quels sont vos objectifs. Tout le monde ne pratique pas les arts
martiaux pour devenir un combattant. Tout le monde n’a pas besoin de développer
de la même manière shin ghi taï. Selon ce que vous recherchez (détente, compétition,
self-défense,…) votre entraînement ne sera pas le même.
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