dimanche 26 avril 2015

Leung Lan Kwai

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Leung Lan Kwai (Liang Langui) aurait été, selon certains, un riche érudit de Guangzhou et selon d’autre un guérisseur(1) de Foshan ou de la région de Zhaoqing. Il apparait dans de nombreux récits concernant l’histoire du wing chun, notamment dans celui de Yip Man, mais est totalement absent de ceux de certaines lignées comme celles de la famille Cho, du village de Kulo ou encore celle de Cheung Bo.
On sait peu de choses à son sujet, mis à part ce que Yip Man en raconte : Leung Bok Cho lui aurait enseigné et c’est Leung Lan Kwai qui aurait apporté le wing chun kung-fu sur les jonques rouges alors qu’il était soit un acteur, soit l’ami d’acteurs. Ici encore on ne sait pas s’il a réellement existé et peut-être n’est-ce qu’une légende.

Dans certaines versions Leung Lan Kwai était un acteur sur les jonques rouges et aurait appris de Wong Wah Bo.
Dans une autre histoire, transmise par Wong Lo Joh, Leung Lan Kwai était un maître de kung-fu de la ville de Tung Goon. Leung Lan Kwai et Leung Bok Cho étaient alors des amis proches et le second transmis son kung-fu au premier (le wing chun kung-fu n’était pas encore nommé à cette époque). Leung Lan Kwai aurait par la suite enseigné à Wong Wah Bo, bien que dans certaines variations de l’histoire ils auraient tous deux appris de Leung Bok Cho.

A l’âge de soixante ans, Leung Lan Kwai se serait retiré dans la région autour de Tung Goon. Dans la ville de Tung Goon vivait alors un homme du nom de Wong Lo Joh, issu d’une riche famille de marchands qui tenait un commerce dans la rue Hau (Hau Kai) au centre de la ville. C’était un passionné de kung-fu qui pratiquait depuis son plus jeune âge.
Un jour que Wong Lo Joh était parti commercer, il fut surpris par la pluie. Dans sa précipitation, il renversa un vieil homme. Immédiatement le marchand vint secourir l’infortuné et l’ayant aidé à se relever, il lui proposa de l’emmener au poste de police afin qu’il puisse raconter ce qui lui était arrivé.

Le vieil homme refusa l’offre de Wong Lo Joh et ce dernier pensant qu’il était en état de choc tenta de l’emmener au poste de police malgré tout. Il se rendit alors compte qu’en dépit de ses années de pratique du kung-fu il était incapable de déplacer le vieillard qui venait pourtant d’être reversé par un cheval tirant une carriole…
Wong Lo Joh parvint néanmoins à le convaincre de le suivre chez lui afin qu’il puisse lui prodiguer quelques soins.

Après qu’un docteur se soit occupé de lui, le vieil homme révéla à Wong Lo Joh qu’il se nommait Lan Kwai. Il parla peu de lui mais révéla malgré tout qu’il avait appartenu à un groupe de révolutionnaires ayant pour but de renverser le gouvernement Ching et que c’était pour cette raison qu’il n’avait pas souhaité se rendre au poste de police. Leung Lan Kwai ne nomma pas son art martial mais il dit au jeune homme que c’était une technique liée à la religion bouddhiste.

Le jeune marchand autorisa le vieux révolutionnaire à résider dans la maison familiale et ce pour plusieurs mois, lui laissant le temps de se remettre de ses blessures. Voulant remercier son hôte pour sa gentillesse, Leung Lan Kwai lui enseigna un peu de son kung-fu. Ce qu’il lui enseigna se nommait Fat Jeung (les paumes de Bouddha). Wong Lo Joh apprit également que son enseignant avait vécu une tragédie et qu’il pensait se retirer dans un monastère.
Au final c’est plusieurs années que Wong Lo Joh autorisa son hôte à rester chez lui. A un certain point, des élèves du premier maître de Wong Lo Joh qui s’étaient entraînés avec lui par le passé vinrent lui rendre visite, après avoir entendu des rumeurs disant que leur ancien camarade avait commencé à apprendre un autre style. Ils défièrent alors Leung Lan Kwai.

Etant donné que c’était d’anciens camarades de Wong Lo Joh, Leung Lan Kwai choisit de se montrer magnanime et affronta le plus imposant, lui imposant une cuisante défaite. Il dit alors d’une voix forte qu’il ne souhaitait pas continuer à se battre sans quoi une tragédie aurait lieu. A la place il leur proposa une épreuve de force et si quiconque parvenait à le battre, il plierait bagages et quitterait Tung Goon.
Après avoir enroulé tout son corps dans de la soie, Leung Lan Kwai ressemblait à une momie et usant de son Chi Kung, il déchira la soie en morceaux. Ses opposants l’applaudirent et partirent, sachant qu’ils ne pourraient jamais atteindre un tel niveau d’accomplissement.

Une autre fois c’est un local qui défia Leung Lan Kwai après avoir appris que c’était un expert en kung-fu. L’opposant était un expert dans le combat au bâton et ayant battu et blessé plusieurs experts en kung-fu, il était sûr de sa victoire.
Au moment du combat, Leung Lan Kwai s’arma de Yee Jee Yeung Dit Ming Dao (nos chers couteaux papillons). Voyant ces petites armes, son opposant rit et lui suggéra d’aller chercher une arme plus lourde. L’opposant attaqua d’un mouvement de pique et leung Lan Kwai d’un seul mouvement le désarma, lui causant au passage une petite coupure en travers de la main qui tenait son arme. Par chance pour son adversaire, Leung Lan Kwai ne voulait que lui enseigner une leçon et non l’handicaper à vie.

Une autre histoire au sujet des couteaux de Leung Lan Kwai se raconte à Foshan. Il est question d’un maître du kung-fu du nom de Yuen Shu qui pratiquait le Hung Gar et le Ng Dim Mui Fa Gwun Fat (la technique au bâton des cinq points de la fleur de prunier). Durant ses voyages, Yuen Shu vint à passer une nuit dans un temple. Là-bas un vieux moine, voyant son bâton, lui demanda s’il accepterait un combat. Sautant sur l’occasion d’essayer sa méthode de combat, Yuen Shu ne se fit pas prier ! L’arme préférée du moine était une paire de petits couteaux. La légende raconte que finalement Leung Lan Kwai s’était retiré des troubles du monde et était devenu moine comme il le souhaitait déjà lors de sa rencontre avec Wong Lo Joh.
 
(1) : initialement j'avais écrit un "ostéopathe",  mais Kévin m'a suggéré de plutôt parler de "chiropracteur" ou de "rebouteux", des termes plus indiqués compte tenu de la période. 
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