dimanche 2 juillet 2017

Les origines nautiques du mannequin de bois [partie 3]

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Partie 1Partie 2 Partie 3

D’après un article de Ben Judkins, appuyé dans ses travaux par ceux de :

Barbara E. Ward à qui nous devons “The Red Boats of the Canton Delta : A Historical Chapter in the Sociology of Chinese Regional Drama” qui a été l’une des sources de Ben Judkins et donc l’une des miennes.

Le docteur Hans K. Van Tilburg, coordinateur de l’héritage maritime au sein de la National Oceanic and Atmospheric Administration pour son expertise concernant l’architecture des vaisseaux chinois du XIXe siècle, lui aussi l’une des sources de Ben Judkins et donc lui aussi l’une des miennes.
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Qu’en est-il sur les jonques rouges de l’opéra cantonais ? Toutes les illustrations précédentes proviennent de jonques de pécheurs ou de vaisseaux plus grands taillés pour les eaux profondes. Ce type de machinerie se trouvait-il également sur les jonques et barges ayant vogué sur la rivière des perles ?

En toute logique la réponse devrait être oui. Tout vaisseau qui avait besoin d’une aide mécanique pour remonter l’ancre ou hisser les voiles pouvait avoir l’utilité d’un treuil ou deux. Malheureusement trouver une illustration d’époque de cette machinerie sur un bateau de rivière est très difficile, sans doute en raison des larges cabines et du pont clos. Il est d’ailleurs utile de rappeler que nous n’avons aucune photographie authentifiée d’époque d’une jonque rouge d’opéra. Ce fait est assez étonnant compte tenu de la popularité des jonques rouges et de leur importance sociale.

Malgré le manque d’illustrations de treuils, Barbara Ward suggère dans la reconstitution des jonques rouges que chaque vaisseau comportait plusieurs treuils. Une chose particulièrement intéressante avec ces jonques est que toute la flotte utilisée par la guilde d’opéra du Guangdong était bâtie d’après des spécifications identiques. Chaque cabine spécifique de chaque bateau partageait ainsi le même nom, ce qui avait pour conséquence que n’importe quelle compagnie d’opéra pouvait s’installer sur n’importe quelle jonque de la flotte et être instantanément comme chez elle. Chaque vaisseau était créé pour être parfaitement interchangeable.

Le nom des cabines utilisées par les artistes était souvent assez explicite avec les meilleures cabines portant des titres ronflants tels que le palace du prince. Les lieux moins désirables possédaient des noms plus littéraux comme le dépotoir ou la tanière à moustiques. L’un des endroits les moins désirables était appelé “hoist sales place” et se trouvait d’après les plans de Ward sur l’un des treuils utilisé conjointement avec le mât rétractable.
 
  • Conclusion
Certains étudiants de wing chun utilisent cette illustration comme un exemple de mannequin de bois utilisé sur les jonques rouges par les troupes d’opéra cantonais.


Le bateau semble en effet être une sorte de barge de rivière et les artistes martiaux ont l’air d’utiliser le mannequin de la façon que nous connaissons. Il n’a cependant pas été possible pour le moment de déterminer la provenance de cette photo. D’un point de vue purement technique, qu’est-ce que cette photo représente ?

Il y a de grandes chances que le mannequin présent sur cette photo soit bel et bien un treuil du type de ceux utilisés sur les vaisseaux chinois de la fin de la période impériale. Pour fonctionner correctement, ce dispositif devrait être monté horizontalement, mais ici il est monté à la verticale, ou simplement posé ainsi. Le fait que les personnes sur la photo utilisent ce treuil pour exécuter ce qui ressemble à une forme du mannequin de bois laisse supposer qu’ils avaient eux aussi remarqué les possibilités de cette pièce de machinerie comme outil d’entraînement qui deviendra par la suite le mannequin de bois de wing chun.

Il est cependant peu probablement que les marins avaient un tel dispositif installé en permanence sur le pont de leur navire. Le pont des navires était souvent très occupé et de telles machines auraient été bien plus utiles en effectuant le travail pour lequel elles avaient été conçues.

Quoi qu’il en soit, les bateaux faisaient pleinement partie de la vie dans le sud de la Chine. Toute sorte d’individus voyageait à bord pour visiter les autres villages ou réaliser leur business. Au vu de ce qu’endurait la machinerie, il est fort probable qu’il devait y avoir une véritable armée de charpentiers qui gagnaient leur vie en réparant ou construisant des treuils comme ceux qu’on voyait à bord des jonques. Nous ne saurons probablement jamais si l’origine du mannequin de bois vient d’un treuil de rechange appuyé sur le pont, ou de l’imagination d’un artiste martial réutilisant un treuil ou en commandant un modèle sur mesure à un charpentier local. Cela reste des possibilités à prendre en compte.

Bien entendu d’autres possibilités existent. Pour rester sur le sujet de la machinerie, il existe d’autres dispositifs qui auraient pu servir de source d’inspiration. Les ingénieurs chinois ont développé toute sorte de machines pour déplacer l’eau et à aucun endroit cette technologie n’était plus vitale que dans les sables mouvants et dans les champs de riz du delta de la rivière des perles.
Notez sur la photo ci-dessous l’arrangement de bras autour d’un tronc circulaire. N’importe quel fermier était familier avec un tel outil utilisé pour acheminer l’eau dans des parcelles de riz élevée. On ne peut pas écarter ce dispositif comme source d’inspiration pour le mannequin de bois.


Malgré tout le treuil naval semble avoir pour lui un nombre de points communs avec le mannequin de bois qu’il est difficile d’ignorer. On peut le voir dans la taille et la forme du tronc, la nécessité d’avoir des bras aisément détachables et même la configuration des trous qu’on voyait le plus souvent.
Clairement le mannequin de bois a subi une grande évolution pour devenir l’outil d’entraînement que nous connaissons aujourd’hui. Le mannequin de bois pourrait être un lien tangible entre le wing chun et la culture nautique de Chine du sud.
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