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D’après un article de Ben Judkins, appuyé dans ses travaux par
ceux de :
Barbara E. Ward à qui nous devons “The Red Boats of the Canton Delta : A Historical Chapter in the Sociology of Chinese Regional Drama” qui a été l’une des sources de Ben Judkins et donc l’une des miennes.
Le docteur Hans
K. Van Tilburg, coordinateur de l’héritage maritime au sein de la National
Oceanic and Atmospheric Administration pour son expertise concernant
l’architecture des vaisseaux chinois du XIXe siècle, lui aussi l’une
des sources de Ben Judkins et donc lui aussi l’une des miennes.
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Qu’en est-il sur
les jonques rouges de l’opéra cantonais ? Toutes les illustrations
précédentes proviennent de jonques de pécheurs ou de vaisseaux plus grands
taillés pour les eaux profondes. Ce type de machinerie se trouvait-il également
sur les jonques et barges ayant vogué sur la rivière des perles ?
En toute logique
la réponse devrait être oui. Tout vaisseau qui avait besoin d’une aide
mécanique pour remonter l’ancre ou hisser les voiles pouvait avoir l’utilité
d’un treuil ou deux. Malheureusement trouver une illustration d’époque de cette
machinerie sur un bateau de rivière est très difficile, sans doute en raison
des larges cabines et du pont clos. Il est d’ailleurs utile de rappeler que
nous n’avons aucune photographie authentifiée d’époque d’une jonque rouge
d’opéra. Ce fait est assez étonnant compte tenu de la popularité des jonques
rouges et de leur importance sociale.
Malgré le manque
d’illustrations de treuils, Barbara Ward suggère dans la reconstitution des
jonques rouges que chaque vaisseau comportait plusieurs treuils. Une chose
particulièrement intéressante avec ces jonques est que toute la flotte utilisée
par la guilde d’opéra du Guangdong était bâtie d’après des spécifications
identiques. Chaque cabine spécifique de chaque bateau partageait ainsi le même
nom, ce qui avait pour conséquence que n’importe quelle compagnie d’opéra
pouvait s’installer sur n’importe quelle jonque de la flotte et être
instantanément comme chez elle. Chaque vaisseau était créé pour être
parfaitement interchangeable.
Le nom des
cabines utilisées par les artistes était souvent assez explicite avec les
meilleures cabines portant des titres ronflants tels que le palace du prince.
Les lieux moins désirables possédaient des noms plus littéraux comme le
dépotoir ou la tanière à moustiques. L’un des endroits les moins désirables
était appelé “hoist sales place” et se trouvait d’après les plans de Ward sur
l’un des treuils utilisé conjointement avec le mât rétractable.
- Conclusion
Certains étudiants de wing chun utilisent cette illustration
comme un exemple de mannequin de bois utilisé sur les jonques rouges par les
troupes d’opéra cantonais.
Le bateau semble en effet être une sorte de barge de
rivière et les artistes martiaux ont l’air d’utiliser le mannequin de la façon
que nous connaissons. Il n’a cependant pas été possible pour le moment de
déterminer la provenance de cette photo. D’un point de vue purement technique,
qu’est-ce que cette photo représente ?
Il y a de grandes chances que le mannequin présent sur
cette photo soit bel et bien un treuil du type de ceux utilisés sur les
vaisseaux chinois de la fin de la période impériale. Pour fonctionner
correctement, ce dispositif devrait être monté horizontalement, mais ici il est
monté à la verticale, ou simplement posé ainsi. Le fait que les personnes sur
la photo utilisent ce treuil pour exécuter ce qui ressemble à une forme du
mannequin de bois laisse supposer qu’ils avaient eux aussi remarqué les
possibilités de cette pièce de machinerie comme outil d’entraînement qui
deviendra par la suite le mannequin de bois de wing chun.
Il est cependant peu probablement que les marins
avaient un tel dispositif installé en permanence sur le pont de leur navire. Le
pont des navires était souvent très occupé et de telles machines auraient été
bien plus utiles en effectuant le travail pour lequel elles avaient été
conçues.
Quoi qu’il en soit, les bateaux faisaient pleinement
partie de la vie dans le sud de la Chine. Toute sorte d’individus voyageait à
bord pour visiter les autres villages ou réaliser leur business. Au vu de ce
qu’endurait la machinerie, il est fort probable qu’il devait y avoir une
véritable armée de charpentiers qui gagnaient leur vie en réparant ou
construisant des treuils comme ceux qu’on voyait à bord des jonques. Nous ne
saurons probablement jamais si l’origine du mannequin de bois vient d’un treuil
de rechange appuyé sur le pont, ou de l’imagination d’un artiste martial
réutilisant un treuil ou en commandant un modèle sur mesure à un charpentier
local. Cela reste des possibilités à prendre en compte.
Bien entendu d’autres possibilités existent. Pour
rester sur le sujet de la machinerie, il existe d’autres dispositifs qui
auraient pu servir de source d’inspiration. Les ingénieurs chinois ont
développé toute sorte de machines pour déplacer l’eau et à aucun endroit cette
technologie n’était plus vitale que dans les sables mouvants et dans les champs
de riz du delta de la rivière des perles.
Notez sur la photo ci-dessous l’arrangement de bras
autour d’un tronc circulaire. N’importe quel fermier était familier avec un tel
outil utilisé pour acheminer l’eau dans des parcelles de riz élevée. On ne peut
pas écarter ce dispositif comme source d’inspiration pour le mannequin de bois.
Malgré tout le treuil naval semble avoir pour lui un
nombre de points communs avec le mannequin de bois qu’il est difficile
d’ignorer. On peut le voir dans la taille et la forme du tronc, la nécessité
d’avoir des bras aisément détachables et même la configuration des trous qu’on
voyait le plus souvent.
Clairement le mannequin de bois a subi une grande
évolution pour devenir l’outil d’entraînement que nous connaissons aujourd’hui.
Le mannequin de bois pourrait être un lien tangible entre le wing chun et la
culture nautique de Chine du sud.
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