dimanche 13 octobre 2019

Interview de Wong Shun Leung [partie 3]

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Interviewer : "Quelles difficultés avez-vous rencontrée en apprenant le chi sau et d’autres techniques de Wing Chun ?" 

Wong Shun Leung : "Dès le début de mon apprentissage, mon Sifu voulait que nous posions de bonnes bases. C’est-à-dire qu’il voulait que nous pratiquions les bases avec lenteur et diligence, comme son propre Sifu le lui avait demandé. Ce n’est qu’en prenant le temps de poser ces fondations solides que l’on pourrait résoudre toutes les complications normales de manière progressive. Ce n’est qu’en comprenant la théorie dès le début que toutes les erreurs peuvent être comprises et corrigées."



Interviewer : " Quelles sont les erreurs les plus courantes que vous trouvez chez les étudiants de nos jours ?"

WSL : "Certains étudiants accordent encore trop d’importance aux combinaisons prédéfinies. Très souvent, les étudiants ont déjà cette idée de livres, de magazines et en parlant à des amis. Ils ne comprennent pas comment appliquer les concepts du Wing Chun. Cela signifie que les étudiants se concentrent trop sur la technique individuelle plutôt que de voir la situation dans sa globalité. Ils ne peuvent pas apprécier la théorie qui suggérerait une technique."

Interviewer : "La plupart des étudiants ne sont pas capables de consacrer tout leur temps et leur énergie à l’acquisition de compétences martiales. Cependant, ces mêmes personnes veulent atteindre un niveau de compétence raisonnable. Qu’est-ce qui devrait être le plus entraîné pour les personnes ayant peu de temps ?"

WSL : "Il n’y a pas de moyen rapide d’apprendre le Wing Chun. Vous devez vous y entraîner avec diligence. Ce que vous mettez en place constituera la base de ce que vous en retirerez. J’ai versé beaucoup de sang pour le Wing Chun. Des os brisés, des coupures, etc., sont communs pour ce type d’entraînement. Cela peut faire peur à beaucoup de gens, mais vous apprenez un art du combat et nous ne sommes pas là pour jouer. Une formation superficielle ne fera que tromper les gens en leur faisant croire qu’ils ont des compétences particulières que personne ne peut posséder. Les combats sont une affaire sauvage et causeront généralement des blessures aux deux parties. Une formation douce ne vous préparera pas à cela."

Interviewer : "Beaucoup de nouvelles écoles qui ouvrent prétendent enseigner seulement la self-défense ou des systèmes martiaux complets. Comment un système apparemment traditionnel, comme le Wing Chun, peut-il concurrencer ces styles qui semblent donner au public ce qu’il veut ?"

WSL : "Je crois que pour avoir une image complète d’un art martial, vous devez étudier un système complet avec un seul bon entraîneur. Ce n’est souvent qu’un gadget commercial qui consiste à faire la publicité de techniques de self-défense ou des pouvoirs magiques obtenus rapidement. Il y a beaucoup de gens stupides dans le monde qui croiront aux pouvoirs mystiques pour protéger leur corps contre les attaques, ils ne veulent pas s’entraîner dur, mais souhaitent prendre un raccourci. Ceux qui s’entraînent durement et qui suent sang et eau sauront s’ils ont ou non une chance dans un combat, tandis que ceux qui ne le font pas resteront toujours dans le doute et se cacheront derrière leurs croyances. S’il y avait un moyen très facile de devenir un surhomme, alors nous nous entraînerions tous de cette façon - après tout, qui veut tout le temps souffrir ? Vous pouvez également dire que si un kung-fu pouvait faire de vous un surhomme, les boxeurs chinois olympiques s’y entraîneraient et ne perdraient jamais."

Interviewer : "Pensez-vous qu’il existe une différence entre un style traditionnel et la self-défense moderne ?"

WSL : "Le but de Wing Chun est de vous apprendre à frapper votre adversaire. Il devrait vous apprendre à utiliser la méthode la plus simple pour frapper votre adversaire. Tout art martial doit t’apprendre ce concept s’il veut offrir des techniques de combat. L’idée d’un cours de self-défense par opposition à un cours d’arts martiaux peut être dans l’esprit des étudiants ou inculqué par des enseignants voulant encourager le business en semblant aborder un sujet d’actualité. Il n’y a pas de moyen facile de se défendre sans être assez fort pour attaquer aussi. Nous devons nous entraîner dur pour y parvenir pour nous même sous la direction d’un entraîneur disposé à offrir les conseils et la formation appropriés."

Interviewer : "De nombreux instructeurs enseignent le chi-sau de telle manière que l’élève ne s’attende jamais à être frappé par son adversaire. Dans une situation réelle et contre un adversaire compétent, avez-vous le sentiment que l’entraînement à tout art martial peut éliminer les risques d’être blessé ?"

WSL : "Si vous ne voulez pas être blessé, vous devriez peut-être vous enfuir et ne pas vous battre. Si vous vous entraînez au Kung Fu, vous devrez peut-être vous battre et par votre entraînement être capable d’encaisser et de punir."
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