dimanche 6 octobre 2019

Interview de Wong Shun Leung [partie 2]

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Interviewer : "Comment vous entraînez-vous mentalement et physiquement pour vos matchs contre d’autres styles ?"

Wong Shun Leung : "Pour un tel combat, vous devez vous entraîner dur pour développer la confiance en soi nécessaire pour participer à un tel match. Vous devez, par le biais de votre confiance en soi, savoir que vous pouvez gagner. Lorsque des pratiquants de Wing Chun vont se battre et sont battus, alors la mentalité n’est pas de penser que l’autre est meilleur que soi. À la place, il doit se demander quelles ont été ses erreurs pour provoquer l’attaque. C’est le genre de pensée positive que chaque combattant doit posséder.

Interviewer : "Vous étiez un combattant puissant longtemps avant de commencer le Wing Chun. Avez-vous trouvé les concepts immédiatement utiles ou uniquement certaines techniques ?"

WSL : "Je suis très petit, donc les personnes grandes tentaient de prendre l’avantage sur moi. J’ai eu de nombreuses occasions de me battre et d’utiliser le Wing Chun. J’ai trouvé le concept de toujours rendre mes actions offensives le plus utile.

Avec le Wing Chun, il n’est jamais question de juste bloquer une attaque, mais plutôt de contrer avec une autre attaque. L’attaque est la meilleure forme de défense. Par exemple si neuf secondes sur dix, je suis concentré sur le fait de vous frapper, alors durant neuf secondes vous devrez vous défendre. J’ai donc une meilleure chance de vous toucher. Je ne pense, ni ne parle, jamais de simplement bloquer une attaque mais plutôt de comment contrer l’attaque de l’adversaire. Les compétences obtenues par le chi sao devraient permettre à ma force offensive de continuer à se diriger vers l’opposant."

Interviewer : "Quelle est la meilleure manière de s’entraîner au Wing Chun ?"

WSL : "La meilleure façon de s’entraîner et de trouver un entraîneur expérimenté. L’étudiant doit faire confiance à une telle personne et croire en lui pour suivre à la lettre son enseignement. L’étudiant doit connaitre ses compétences également, et travailler dur pour s’améliorer. L’étudiant en Wing Chun  s’entraîne à devenir un combattant et doit donc être capable d’endurer certaines punitions ainsi qu’à lancer des attaques puissantes. Il doit également être assez intelligent pour savoir comment appliquer les concepts du Wing Chun pour survivre à une situation.

Autrefois je n’enseignais pas pour l’argent et je pouvais enseigner à qui je le souhaitais. J’enseignais en général à des personnes qui avaient le potentiel de devenir de puissants combattants. Maintenant les circonstances sont différentes, si vous avez l’envie d’apprendre, je vous enseignerai. Je vis à présent de l’enseignement du Wing Chun. Les anciens élèves feraient tout ce que je leur demanderais de faire en tant qu’entraîneur. Je ne gagnais aucune récompense financière. L’élève pouvait avoir confiance, je ne lui demanderai de faire quelque chose que pour le bénéfice de son entraînement. Parfois j’amenais également de la nourriture pour mes élèves après l’entraînement. Ainsi, l’argent ne ferait pas obstacle aux progrès d’un bon élève.

Ces élèves à qui j’ai enseigné étaient très souvent, dès le départ, très athlétiques. Ceci résultant de leur pratique d’autres sports. J’ai trouvé que ces élèves qui avaient pratiqué des sports d’endurance étaient mieux équipés pour appliquer le Wing Chun correctement. Ils peuvent appliquer les forces en un flux continu sur une long période comme le Wing Chun le requiert."

Interviewer : "En quoi l’enseignement de Yip Man diffère de la façon dont vous enseignez ?"

WSL : "Yip Man enseignait d’une façon traditionnelle. Ce qui signifie que Yip Man ne donnait d’informations qu’une fois de temps en temps. Si vous n’étiez pas attentif et ne compreniez pas le point important, alors venait la difficulté. Il s’attendait à ce que les élèves saisissent le sens complet à partir de, peut-être, un ou deux mots d’explication. Bien sûr il faisait bon accueil aux questions et discussions qui montraient que l’élève réfléchissait par lui-même. Ainsi l’information n’était pas distribuée uniformément.

Certains étudiants pouvaient avoir quelques informations tandis que d’autres en avaient davantage. Il fallait être capable de lire entre les lignes afin d’arriver à une réponse. Il n’y avait pas façon type d’expliquer. Grand Maître Yip Man avait également une attitude différente de la mienne. Il avait l’habitude de croire qu’enseigner à un bon élève était mieux que d’enseigner à dix mauvais. De ce fait, il ne passerait pas trop de temps avec un élève dont il pensait qu’il ne méritait pas son temps. C’est pourquoi certains enseignants de Wing Chun enseignent de différentes manières. À partir d’un seul mot d’explication de Yip Man, ils ont peut-être saisi une réponse erronée qu’ils transmettent à présent. Leur compréhension des idées que Yip Man exprimait dépendait grandement de leur intelligence, de leur présence en cours et de leur attitude en terme d’entraînement.

Il ne s’agit pas d’une critique de Yip Man mais reflète plutôt l’attitude de l’époque qui était très traditionnelle. Où que ce soit et avec qui que ce soit à qui j’ai enseigné, j’ai préféré transmettre les informations à toutes les personnes présentes. J’essaie de traiter tout le monde de la même manière lors de mes cours et séminaires. Si, par conséquent, les élèves bénéficient d’une interprétation aussi libre que celle permise par Yip Man, alors les élèves peuvent prendre le Wing Chun comme un art. En fait c’est une compétence. Nous ne nous produisons pas pour un public mais plutôt pour accomplir un travail."

Interviewer : "Quel est le lien entre les formes de boxe à main-nues et le chi sau ?"

WSL : "Si nous faisons l’analogie avec la langue anglaise, la Siu Lin Lao est l’ABC du Wing Chun. Lorsqu’on apprend Chum Kiu, nous apprenons à faire des mots. À travers la progression dans le chi sau, nous pouvons exprimer ces mots en des phrases. Cependant, l’application et la mentalité de Biu Jee sont différentes. Une situation doit être vraiment mauvaise avant que les concepts de Biu Jee ne soient utilisés. Dans cette forme nous devons considérer les influences extérieures. Par exemple, y a-t-il un mur derrière nous ou une chaise à proximité ?

Biu Jee nous enseigne que dans certaines situations les évènements peuvent être tels que les règles seront enfreintes et qu’un combattant peut utiliser tout ce qui fonctionne pour survivre. C’est cette forme qui nous enseigne que dans le Wing Chun il n’y a pas de situations absolues, pas de conditions idéales lorsque vous combattez pour votre vie. Il y a de grandes chances pour que vous ne vous battiez pas lorsque vous le voulez ou selon vos propres conditions. Il se peut qu’il n’y ait aucun avertissement et que votre première initiation au combat soit une blessure. Vous pouvez être assis, debout dans n’importe quelle position. Biu Jee vous fera prendre conscience que les choses ne vont pas nécessairement se passer comme vous le voulez.


Interviewer : "Quel est le lien entre le chi sau et les formes et le combat ?"

WSL : "De nombreux pratiquants de Wing Chun ne savent pas comment se battre. Dans le chi sau vous allez pratiquer les techniques que vous avez apprises dans les formes. Nous entraînons nos actions réflexes pour certaines situations créées par nos adversaires. Certaines personnes ont l’idée fausse que le chi sau apprend à s’attacher à son adversaire ou à coller indéfiniment aux bras de l’autre. Ça n’est pas le cas. Il s’agit d’entraîner la capacité réflexe de poursuivre vos attaques si elles sont déviées.

Dans un vrai combat nous devons nous battre en réalité. Cela devrait être notre intention de faire tout ce qui est nécessaire pour survivre à la situation. C’est notre mentalité combative qui va nous apprendre comment frapper l’adversaire. Si vous avez bon cœur vous pouvez essayer de jouer avec les bras de l’adversaire sans lui faire de mal. La confiance en le chi sao peut entraîner une confiance excessive dans le combat. Cependant, un retard dans une attaque ne fera que donner à l’adversaire plus de temps pour vous attaquer.

En tant que combattant, vous avez la responsabilité d’attaquer votre adversaire et d’essayer de l’achever le plus rapidement possible et de ne pas perdre de temps avec des techniques fantaisistes inutiles. Si vous ne l’achevez pas, il le fera. Si vous ne voulez pas l’achever et qu’il ne le veut pas non plus, alors pourquoi vous battez-vous ?
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