Le travail de la puissance [partie 3]

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Partie 1 ● Partie 2 ● Partie 3

D’après un texte de Sifu Gregory LeBlanc
Traduction par moi-même

C’est de la forme de la perche dragon que lui vient son nom de “bâton des six points et demi”, il y a six frappes principales dans la forme et une demi-frappe. Il y a d’autres actions dans la forme en plus de celles-ci mais ces six et demi sont considérées comme la leçon principale de la forme de la perche dragon. La forme doit être réalisée avec une fermeté détendue (le Yin avec le Yang en lui), en exploitant la puissance structurelle du corps derrière chaque action de la perche. Sifu Lam considère la perche dragon comme essentielle pour apprendre la puissance structurelle à main-nues, mais aussi que c’est à travers l’entraînement à la perche que l’étudiant apprend réellement à être à la fois explosif et flexible lorsqu’il réagit sur une attaque de l’adversaire.

Sifu Lam enseigne que dans l’entraînement de toute qualité unique comme la puissance, son opposée doit d’abord être promu. Ainsi, l’entraînement à la perche dragon tout en entraînant initialement la puissance nous apprend finalement à être réceptif, doux et flexible (appelé Yang avec Yin à l'intérieur). C’est la clé du contrôle et de l’expression corrects du pouvoir, si nous fixons notre action ou notre puissance, alors il n’aura aucun moyen de maximiser naturellement son potentiel.

L’entraînement se poursuit avec la pratique d’exercices à deux, ainsi que l’utilisation du mannequin de la perche dragon qui est soit suspendu, soit repose sur le sol. Les exercices à deux donnent l’opportunité aux pratiquants d’acquérir une expérience de première main sur la façon dont les techniques fonctionneront en combat réel et introduit également les idées de déviation, de mauvaise direction et d’évasion. Comme pour l’entraînement à mains-nues, l’objectif est de pouvoir exécuter des techniques de façon aléatoire, naturellement, sans répétition, ceci s’entraînant par du combat libre contrôlé avec les perches.

L’entraînement avec le mannequin de la perche dragon se concentre sur le développement de l’utilisation précise de la puissance et développe davantage l’utilisation de la force structurelle de l’étudiant contre une cible solide et mobile. Les niveaux avancés de toute forme et entraînement à des combinaisons (drill) se terminent en liant les différentes techniques en une combinaison de techniques fluides et spontanées.

L’entraînement à la puissance du wing chun se poursuit en pratiquant les combinaisons du pun sao et éventuellement le baat jaam do (les doubles couteaux). Le pun sao est une variante de l’entraînement de base qi sao⁽¹⁾ (entraînement au combat libre dans le wing chun), et comme dans le qi sao, l’exercice commence avec les bras entrelacés et les jambes en position d’entraînement⁽²⁾. Dans le pun sao, l’objectif est d’apprendre à exploiter et à appliquer la puissance structurelle dans le qi sao, cela se fait en mettant l’accent sur l’encrage (l’alignement structurel avec le sol) et la mobilité (la masse corporelle en mouvement) lorsque la pression est appliquée sur l’axe central de l’adversaire. 

L’ajout d’une traction des deux mains lors du retrait étend cette pratique, suivi par votre adversaire prenant votre position en réponse à la traction. Comme tous les autres exercices, cela devient finalement une pratique animée et fluide, entraînant à appliquer naturellement la puissance structurelle et à réagir naturellement aux changements de position et d'équilibre. La formation Baat Jaam Do développe un travail des mains serré, concentré et puissant, engendrant l’application de la structure correcte du wing chun.

Le wing chun a été conçu pour offrir une réponse directe et puissance aux réalités imprévisibles du combat au corps à corps. Son système a été construit sur des concepts fondamentaux qui peuvent être trouvés à tous les niveaux de formation, ce qui rend l’apparence extérieure de ses techniques secondaire à ses normes structurelles internes. Sifu Lam décrit le voyage qu’est la formation au wing chun comme allant du simple au complexe pour à la fin retourner au simple : le wing chun avancé ne se développe pas à partir de sa forme extérieure mais plutôt à partir d’un approfondissement des concepts essentiels, de la structure et des compétences.

Le wing chun reflète non seulement les qualités d’un art martial traditionnel chinois de haut niveau, mais s’adapte également au monde moderne en mutation des arts de combat. Sigung Wong Shun Leung et Sifu Lam ont tous deux apporté des modifications au wing chun basées sur leur expérience évolutive des arts martiaux, mais toujours en préservant ses concepts de base, ses techniques et sa structure fondamentale. C’est la tradition de la structure, des concepts et des compétences du wing chun qui définit son cœur et son âme et maintient l’intégrité de sa théorie et de sa puissance. À cette fin, c’est l’espoir et le but de Maîtres comme Sifu Lam que le cœur et l’âme de Wing Chun soient transmis à la prochaine génération, que le cœur et l’âme soient le véritable pouvoir et l’héritage de Wing Chun.

Notes d’Orphée : 

⁽¹⁾ : chi sau 
⁽²⁾ : la position neutre 

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