Derrière les portes closes [partie 2]

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Partie 1 ● Partie 2 ● Partie 3

Traduction par Véronique

A l’époque actuelle, évidemment, tout cela a perdu de son sens.

Par exemple un élève blessé peut aller tout simplement chez le médecin, ou sera envoyé à l’hôpital, plutôt que d’être soigné par son sifu. Dans les temps anciens, la plupart des maîtres n’avaient qu’une poignée d’élèves appelés à les supporter dans leur vie, financièrement ou de quelque autre manière. Tout cela a changé à l’époque où Yip Man est entré en scène. Premièrement il n’a jamais nommé de successeur (jeung muhn yahn en Cantonnais) selon son fils Yip Chun. Il était aussi d’avis d’avoir beaucoup d’élèves. L’avantage que nous en retirons à présent est qu’il a produit une grande quantité de professeurs, qui à leur tour, que ce soit eux-mêmes, ou à travers leurs élèves, ont répandu le wing chun à travers le monde Bien qu’il ne choisissait pas forcément les futurs enseignants, il encourageait ses élèves à embrasser cette voie.

De même Yip Man ne suivait pas certaines règles énoncées plus haut, mais il avait tout de même quelques élèves privés. Et il est tout à fait possible qu’il leur ait transmis des secrets plus cachés du wing chun.

Certains disent que les capacités des élèves privés étaient meilleures dans certains domaines – par exemple meilleure compréhension de la forme du mannequin de bois, meilleur placement des mains. Mais la différence principale est que Yip Man ne sélectionnait pas ses élèves privés lui-même, il les acceptait sur la base de la rémunération financière. Il est intéressant de noter que Bruce Lee et Duncan Leung (le tout premier élève privé de Yip Man à Hong Kong) ont pris des leçons privées avec Yip Man ensemble.

Son approche peu traditionnelle peut aussi partiellement expliquer pourquoi sa lignée a connu une telle popularité. En comparaison avec d’autres lignées, confinées dans une Chine repliée sur elle-même, et xénophobe, voire même limitées à un unique village, le fait que Yip Man soit installé à Hong Kong a offert au monde une fenêtre sur la culture et les arts martiaux chinois. Et le fait que beaucoup de ses élèves et de leurs disciples aient ensuite émigré au-delà des mers depuis Hong Kong est également un facteur important dans le développement de sa lignée.

Et, évidemment, on ne peut pas ignorer l’impact de Bruce Lee sur la popularité du Wing Chun à travers le monde.

Toutefois, bien que la lignée de Yip Man soit probablement la plus populaire, d’autres lignées on joué un rôle important dans l’évolution du wing chun. Cela inclut le système Pao Fa Lin, Snake Crane, Yuan KayShan, Chan Yui Min, Gulao, Fung Siu Ching, Ban Chung, Hung Suen, Jee Shin, Fujian etc.

Diverses lignées ont commencé à se faire connaître durant la période dite des « jonques rouges » dans les années 1850 (quand l’art fut maintenu vivant via les troupes d’Opéra qui se déplaçaient en bateau). Les diverses branches de wing chun avaient toutes leurs propres influences – par exemple d’autres formes de kung fu, ou l’introduction du chi gung (énergie interne) – mais presque toutes les lignées wing chun ont gardé le même noyau central de trois formes à mains nues, avec des applications différentes selon les styles. Il est donc naturel que diverses importances et curriculums aient émergé tandis que la connaissance et les techniques étaient passées de génération en génération.

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