Interview de Ho Kam Ming [partie 8]

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Traduction : Véronique  

Relecture et mise en page : Orphée 

 

Principes et Techniques (1/2) 

 

Maître Ho explique : quand vous vous entraînez, un partenaire doit être actif, et l’autre passif. Retirez-vous, changez les angles, avancez à nouveau après avoir corrigé la position. Vous devez trouver le bon timing. Par exemple, pendant que votre opposant est en train d’entrer, c’est là que vous attaquez. Quand un adversaire vous frappe, pendant que vous vous retirez, ou changez votre angle, il aura tendance à continuer sur la lancée, c’est à ce moment-là que vous pourrez l’avoir. En travaillant votre position, vous connaissez le bon moment pour faire votre pas. Attendez que le coup qui doit vous être porté soit bien en chemin pour bouger. Vous devez pratiquer ce genre de timing. Également, si le coup porté arrive trop vite et vous ne pouvez pas faire de pas de recul, utilisez le pivot. 

 

Question : Est-ce là Boy Lay Ying Faat, ou « technique du corps de verre » que vous décrivez ? 

Réponse : Le terme Boy Lay Ying est le nom donné pour cela. Mais l’idée et d’apprendre à ajuster votre distance quand vous combattez. Apprenez comment éviter le point de puissance de votre opposant. 

 

Question : Est-ce aussi applicable à « chasser l’ombre » ? 

Réponse : Oui. Quand deux adversaires se font face, vous « faites face à l’ombre ». On appelle cela Chew Ying. Si l’opposant se tourne, je suis Chew Ying, il est Bai Ying. Il perd sa structure. Il n’est pas utile d’être en Yee Jee Kim Yeung Ma. Si l’adversaire est en face de vous et que vous le regardez c’est Chew Ying. Peu importe combien de temps vous lui faites face. Vous pouvez pivoter légèrement, chasser l’ombre (frapper l’opposant). C’est ça chew Ying. Beaucoup d’artistes martiaux sautillent comme des boxeurs mais en Wing Chun nous restons à un point et faisons face. 

 

Question : À part chasser l’ombre, qu’en est-il de « frapper l’ombre » ? 

Réponse : Ce n’est pas vraiment bon. Que se passe-t-il si vous vous retournez, voyez une ombre et frappez un arbre ? Il faut que vous vous concentriez et sachiez ce que vous faites. Permettez-moi de vous demander pourquoi nous travaillons avec un sac de frappe mural. Ce sac est comme une cible pour le tir à l’arc. Il développe la concentration pour votre poing. Quand vous voyez votre opposant, tout son corps est une cible. Quand il vous attaque, c’est la technique basique du Wing Chun qui vous protège. L’idée principale est que vous appreniez à voir l’ouverture chez votre opposant, et comment y entrer. Quand vous réduisez la distance, ce n’est pas avec une technique, mais avec votre position. Seulement ensuite vous attaquez. Ne frappez pas pendant que vous vous approchez. Si vous utilisez vos techniques de mains dans le but de réduire la distance, vous perdrez l’avantage quand l’opposant bougera, et le risque d’être frappé à ce moment-là est grand. Il vaut mieux réduire la distance d’abord, et ensuite coincer votre adversaire quand il vous attaque. 

 

Question : Donc on oblige l’opposant à réagir à nous ? 

Réponse : Oui. Aussi, en Wing Chun, on ne baisse jamais la tête. Si vous vous baissez c’est facile d’être touché. Il vaut mieux utiliser la structure pour dissoudre une attaque. Si un opposant se baisse je peux aisément l’avoir. Je peux le frapper à n’importe quel moment. Il ne peut pas se défendre car il est trop occupé à se baisser. Quand il remonte c’est le bon moment pour le frapper. La clé est d’ajuster votre timing et votre structure. 

 

Question : Qu’est-ce qui est le mieux ? Réduire la distance et attaquer, ou bien attendre que l’opposant fasse quelque chose et entre dans notre distance ? 

Réponse : Il vaut mieux réduire la distance et prendre l’avantage. Si vous attendez qu’il attaque il pourrait appliquer cette théorie et dans ce cas vous seriez embêté. De même si vous réduisez la distance et que l’adversaire ne réagit pas, qu’il ne bouge pas du tout, vous pouvez le frapper aisément. N’attendez pas son éventuelle réaction, frappez ! 

 

Question : Quand un adversaire attaque, il le fait généralement avec 3 coups, ou des combinaisons de coups. Comment peut-on appliquer ce concept avec ce genre d’opposant ? 

Réponse : Si vous attrapez votre opposant dès son premier coup il n’aura pas de chance d’en envoyer un deuxième et un troisième. 

 

Question : Et ensuite, devons-nous continuer avec nos propres combinaisons ? Je veux dire, doit-on donner un coup à la fois, ou bien se concentrer sur une combinaison de coups ? 

Réponse : Le principe est le suivant : si vous donnez un seul coup il risque de ne pas être décisif. Si vous avez une chance de frapper une seconde fois, tant mieux. Mais sinon ne le faites pas. Ne tentez pas de donner trop de coups. Tentez surtout d’utiliser le bon timing. 

 

Question : Doit-on alors reculer et repartir à l’attaque ? 

Réponse : Pas forcément. Simplement vous n’avez pas à frapper, continuez à chasser et contrôler.

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