dimanche 31 mars 2019

L’entraînement à la perche dragon du wing chun [partie 3]

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Partie 1Partie 2Partie 3Partie 4

D’après un texte de Sifu Gregory LeBlanc
Traduction par moi-même

La première phase

Les coups de poing en flèche1 correspondent à la première phase. Avec ces coups de poing, l’étudiant découvre la posture spécifique, les déplacements et la coordination du haut du corps nécessaires à une pratique correcte. Sans l’exécution correcte de ces bases, l’étudiant aura une technique misérable et une structure du corps fragile qui s’effondreront et ne seront pas suffisant pour la pratique en binôme.

La position utilisée pour les coups de poing en flèche est une position du cavalier basse appelée jat mal ou “cheval assis”2. Le bassin devrait être bas et le sacrum incliné vers l’avant. Sifu Lam explique clairement qu’à ce stade de la formation il est important que l’étudiant apprenne à faire couler son chi. En d’autres mots, qu’il faut faire couler son centre d’énergie pour que la frappe prenne appui sur le sol et ne parte pas de l’épaule3. Il est important que chaque composant des poings en flèche soit réalisé avec une grande coordination. Comme le souligne Sifu Lam, ce simple exercice contient les 5 éléments les plus importants qui constituent le combat (entre autres choses). Ces cinq éléments sont : la vitesse, la distance, le timing, les changements et la puissance, ou respectivement le feu, la terre, le bois, l’eau et le métal, selon la théorie des cinq éléments.

Wong Shun Leung
La seconde phase

La seconde phase de l’entraînement à la perche dragon se pratique seul. Les deux principaux exercices enseignés sont : un exercice appelé “nombre sept” et le premier des six points et demi.
“Nombre sept” consiste à saisir l’extrémité la plus épaisse de la perche, les mains à la largeur des épaules et à effectuer une courbe grâce aux biceps. La différence entre “nombre sept” et une courbe est qu’à la fin de la courbe la perche est poussée vers l’avant à bout de bras. Ceci créant la forme du nombre sept4.

Pour réaliser le premier des six points et demi, l’élève se servira de tous ce qu’il a appris dans les coups de poing en flèche. Ce premier “point” est une pique vers l’avant avec la perche et est réalisée dans la même position et avec le même déplacement que dans les coups de poing en flèche. Ces exercices ont pour but de conditionner les muscles, tendons et ligaments des bras, des épaules et du dos de l’élève. Ils offrent également à l’élève le contrôle et la stabilité nécessaires pour passer aux phases suivantes de l’apprentissage.

La troisième phase

Lors de la troisième phase, l’étudiant va apprendre la forme en elle-même ainsi que les exercices à deux et les techniques d’entraînement réalisées avec divers appareils.
La forme de la perche dragon contient les six points et demi. “Six points et demi” fait référence au nombre de fois que le pratiquant va frapper avec la perche durant l’exécution de la forme. Ces frappes sont effectuées après avoir réalisé chaque technique individuelle de la forme. Ces techniques sont tan, l’eau qui roule, couvrir l’eau, lan, huen et tap. Le “demi-point” est une frappe réalisée avec un angle oblique et vient frapper l’articulation du genou de l’adversaire.

Non seulement ces techniques ont les mêmes noms que celles à mains-nues du wing chun, mais elles ont une corrélation directe avec le développement de la puissance des techniques de mains après lesquelles elles sont nommées. Tan développe l’application à mains-nues de tan sau et ainsi de suite. La forme du bâton long représente un défi physique pour l’étudiant et constitue un excellent entraînement. La pratique répétée de la forme du bâton long augmentera considérablement la capacité de l’étudiant à exercer sa puissance dans l’application de techniques, en particulier dans le chi sau.

L’entraînement avec un partenaire pour la perche dragon se nomme gwun-sao ou “les perches collantes”5. Certaines techniques qui ne sont pas abordées dans la forme du bâton long sont introduites dans cette partie de la formation. Ces techniques sont tiu (élever), bong et gan. Toutes ces techniques, lorsque pratiquées avec un partenaire, améliorent la puissance et la précision de leurs homonymes à mains-nues.

L’entraînement avec appareils se fait principalement avec les “pole dummies”. Ces mannequins sont faits avec de grands woks6 dotés de poteaux en bois. Les “pole dummies” fournissent une cible solide et imprévisible, qui est utilisée pour travailler la puissance (sa libération) et le timing. Parmi les autres types d’appareils d’entraînement, citons des cibles faites avec des balles de tennis suspendues à des fils, et des noix jetées sur le sol pour pratiquer la technique nommée “tap”.

Un modèle de "pole dummy"

La quatrième phase

La quatrième phase de l’apprentissage est composée exclusivement d’exercices à deux. A ce stade l’étudiant apprend comment penser un ou deux coups en avance pour pousser son adversaire à créer une ouverture. Ces techniques sont construites sur les techniques de base du gwun-sao7, que l’étudiant à d’ors et déjà apprises. C’est aussi à ce stade que le sparing au bâton long est introduit. Ce type d’entraînement est généralement organisé de telle sorte qu’une des personnes attaque et que l’autre défende. Ceci car si le sparing était totalement libre, il en résulterait de nombreuses blessures. En combat libre avec le bâton, la prudence est de mise, car la négligence peut mener à des doigts cassés, de graves blessures ou pire encore.

Notes d’Orphée :
1 : ces coups de poings sont, à mon avis, nommés ainsi car la position des mains n’est pas sans rappeler celle qu’on a en tenant un arc. Dans le texte original l’expression “arrow punching” est utilisée.
2 : position également appelée “ma bu” ou “sei ping ma”.
3 : je pense que l’idée ici est de s’ancrer dans le sol à l’aide de cette position basse pour avoir une frappe efficace.
4 : comme si la perche traçait un sept dans les airs.
5 : ici je pense que Sifu LeBlanc a fait une petite erreur, sans doute de frappe. Sau étant la main, je pense que le terme correct serait plutôt chi-gwun, ou chi kwan.
6 : ici je n’ai aucune idée de s’il s’agit ou non d’un wok pour faire la cuisine mais n’ayant pas trouvé d’autre sens à ce mot je ne vois pas comment traduire autrement.
7 : même remarque qu’en 5.
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2 commentaires:

  1. Encore un super article! Celui là va me faire faire du bricolage!!!

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    1. Merci à toi et bon courage pour la fabrication d'un "pole dummy" :) !

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