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Dans les lignes
qui suivent, je ne détaillerai volontairement pas chacune des applications qui
ont été vues, le but de cet article étant de montrer comment j’ai effectué la
transmission de savoir, pas de me répéter pour chaque application.
Les applications
travaillées concernaient les réactions face à :
- un étranglement de face
- un étranglement par derrière
- une saisie des poignets (2 variantes)
- une saisie du buste par derrière sans emprisonner les bras
- une saisie du buste par derrière en emprisonnant les bras
- une saisie du cou par derrière dans le but d’une mise au sol
Pour expliciter
la méthode pédagogique employée, je vous propose de détailler la première
application, la réaction face à un étranglement de face :
Véronique (à droite) fait travailler à Monique (à gauche) la défense contre un étranglement de face.
Il ne s’agit pas
de la seule application pour se défendre face à un étranglement, c’est
simplement celle que j’ai choisi de transmettre ce jour-là.
Il était très
important de détailler verbalement ce qui allait se passer afin que les
stagiaires ne soient pas pris au dépourvu. Ainsi j’expliquais que nous allions
travailler sur un étranglement lorsque l’adversaire se trouvait devant
nous :
« Nous
allons nous placer dans le cas où votre agresseur vient pour vous étrangler, il
est face à vous. Il faut bien entendu réagir rapidement, sans quoi vous
risquez de manquer d’air.
A ce moment là
vous allez venir chercher le creux du coude de l’un des bras de votre agresseur
avec votre main en passant par l’extérieur de son bras. » Comme j’ai des
personnes malvoyantes susceptibles de me voir je montre le geste avec l’un de
mes assistants dans le même temps.
« Vous
allez ensuite tirer son coude vers le bas et vers vous, en diagonale vers le
bas donc, tout en frappant simultanément en direction du menton de l’adversaire
avec votre main libre. Cela fait vous allez chasser l’un des bras de
l’agresseur avec un coup de coude vers l’extérieur. Si par exemple vous avez
frappé du poing gauche, vous réaliserez votre coup de coude avec le bras gauche
et irez vers votre gauche. Puis d’un coup de paume, avec la main gauche dans
notre exemple, vous allez chasser l’autre bras de l’adversaire et finirez, une
fois libre avec des coups de poings enchaînés. »
Je marque une
pause avant de poursuivre : « Nous allons maintenant passer à la
pratique. Ne vous en faîtes pas, je vais vous guider étape par étape. Pour
simplifier la tâche à chacun je vais imposer le bras avec lequel vous allez
frapper au menton de l’adversaire. Mais par la suite je vous encourage à
essayer des deux côtés.
Attention, les
personnes travaillant avec vous sont vos partenaires d’entraînement, ce sont
aussi mes assistants et j’ai envie de pouvoir faire appel à eux à nouveau alors
retenez vos coups lorsque vous les attaquez ! » Cette dernière
remarque est dite avec le sourire mais est néanmoins importante. Je ne veux pas
d’un accident durant mes cours.
« Bien, les
agresseurs, mettez vous en position. Maintenant chacune des personnes qui se
défendent va venir chercher le coude gauche de son agresseur avec sa main
droite. »
Je suis pour ma
part placé face à Pierre, l’un des malvoyants et viens prendre contact avec son
cou avec mes mains.
Je regarde
rapidement si chacun s’en sort avec son élève, même s’ils sont aujourd’hui mes
assistants, en temps normal ce sont mes élèves et à l’époque de ce stage ils n’avaient
pas une grande expérience de l’enseignement. S’ils sont là c’est parce qu’ils
sont capables d’expliquer les choses mais je ne veux pas que l’un d’eux soit à
un quelconque moment en difficulté. Il en va de même pour les stagiaires.
« Parfait,
à présent vous allez tirer vers le bas et vers vous votre main droite en même
temps que vous allez frapper doucement vers le menton de votre binôme avec
votre main gauche. Les deux gestes doivent êtres simultanés. D’une main vous
tirez, de l’autre vous poussez afin d’augmenter l’efficacité de votre
mouvement. »
J’ajoute que
bien entendu face à un réel adversaire, ils n’ont pas besoin d’aller aussi
doucement.
Visiblement tous
s’en sortent, je passe donc à l’étape suivante : « Bien, à
présent il faut chasser les bras du binôme. Avec votre bras gauche vous allez
donner un coup de coude vers l’extérieur pour chasser le bras droit de
l’adversaire. »
Je marque une
pause pour les laisser faire avant de reprendre : « Puis avec le même
bras, vous allez chassez l’autre bras, le gauche, de l’adversaire d’un coup de
paume dans le creux de son bras. »
Ils s’en sortent
tous. Parfait ! « Bien, vous avez réussi à vous libérer. Et maintenant
que faites vous ? »
« Coups de
poings enchaînés ! » Me lance Valérie !
« Exactement !
Allez-y, en contrôlant vos frappes. »
Une fois qu’ils
ont procédé, je leur laisse un peu de temps pour reprendre l’exercice en
autonomie. Je les laisse essayer avec une main ou l’autre et de mon côté je
laisse Pierre quelques instants pour passer parmi les autres stagiaires afin de
conseiller et corriger lorsque je vois que c’est nécessaire. J’ai cependant la
chance d’avoir de très bons assistants et hormis quelques précisions
techniques, j’ai eu assez peu de travail de correction sur cette application.
Je reviens
ensuite vers Pierre et nous reprenons l’exercice ensemble. Il s’en sort bien et
m’a confié avant le début du stage qu’il aimerait vraiment rejoindre le cours
classique. Je lui ai dis que le mieux était d’en parler avec Sifu, ce que
Pierre fit avant d’intégrer le cours classique pour mon plus grand plaisir.
Pour les autres
applications, j’ai procédé de même en terme de méthode :
- en priorité dire ce que nous allons faire en balayant tout terme technique afin de vulgariser au maximum mon discours ;
- exécuter la technique en même temps pour ceux qui sont malvoyants ;
- laisser les stagiaires mettre en pratique, sous ma direction, en les guidant étape par étape ;
- les laisser pratiquer en autonomie en circulant parmi eux pour d’éventuelles corrections / précisions.
Et
toujours : être à l’écoute de leurs nombreuses interrogations.
Sur la première
édition du stage, étant donné qu’ils étaient plus nombreux, nous avions laissé
les stagiaires pratiquer ensemble, sous l’œil de mes assistants et de moi-même.
Cette fois, comme ils étaient moins nombreux mais que mes assistants ont quand
même répondu présent, nous avons chacun pratiqué avec un stagiaire.
J’ai sélectionné
des élèves du club en capacité de transmettre et qui apprécient de le faire.
Leur motivation à m’aider m’a vraiment fait plaisir. Christophe, l’un de mes
élèves, m’a d’ailleurs dit qu’il trouvait cela normal de m’aider si j’en avais
besoin. J’ai trouvé cela vraiment touchant.
Après avoir
travaillé toutes ces applications, je passe à la suite de mon programme. La
fois précédente Je les avais fait travailler un peu sur les mains collantes et
leurs applications possibles en self-défense. Les mains collantes sont
parfaitement adaptées à un public malvoyant et je pense continuer sur cette
partie lors de la troisième session, tout en ajoutant une partie tao si cela
intéresse les stagiaires.
Cette fois c’est
sur un programme de réflexe que je veux travailler, celui du premier degré
d’élève (le premier grade).
Mon idée lors du
premier stage était de leur donner des applications pour réagir face à des
situations d’agression, mais aussi leur faire découvrir un peu l’art martial
que je pratique. Comme cette partie a eu un certain succès la dernière fois,
j’ai décidé de poursuivre avec un programme de réflexe. Le but n’est pas de les
amener à présenter leur degré pour le valider mais bien de leur donner un
aperçu du wing tsun kung fu. J'ai pensé aussi que cette dernière partie plus
mécanique pouvait leur paraître ludique et leur permettre de terminer le cours
de façon détendue (la self défense demandait de leur part beaucoup d'efforts de
concentration et mémorisation) tout en leur apportant des notions utiles en
complément de la self défense. Une « fausse récréation » en quelque
sorte.
Avant
d’expliquer ce que j’ai fais ensuite durant ce stage, j’aimerais parler un peu
d’un outil pédagogique que j’utilise, que ce soit en wing tsun ou dans mon
travail. Il s’agit de l’approche positive.
Celle-ci
consiste à aborder l’élève en commençant par ce qu’on a vu de bien, puis de lui
donner un ou deux axes d’amélioration.
Le but est qu’il
se sente valorisé : il a fait des choses bien, et de lui dire quoi
améliorer pour faire encore mieux.
Dans mon travail
cela me sert surtout pour faire passer des messages liés à la prévention mais
la méthode m’ayant plu, j’ai décidé de la transférer à l’enseignement du wing
tsun.
Comme pour les
applications, nous prenons chacun un stagiaire avec nous. Je dirige l’exercice
en expliquant dans un premier temps ce sur quoi nous allons travailler, ce
qu’est un programme de réflexes :
« Le but
d’un programme de réflexe est de développer, comme son nom l’indique, des
réflexes. Ici nous allons travailler sur la réaction face à un coup de poing
direct, un coup de pied circulaire bas et enfin un coup de pied droit. Je ne
peux malheureusement pas vous permettre de voir le coup de poing arriver comme
il le faudrait pour certaines applications, mais ce programme vous permettra de
découvrir un peu ce qu’est notre art martial, le wing tsun.
Dans un premier
temps nous allons travailler comme si nous voulions réaliser des coups de
poings enchaînés, sauf qu’au lieu de frapper des deux mains, nous allons
attaquer avec la main droite et bloquer avec la gauche. Pour ce faire, il
faudra ouvrir la main gauche (pak sao), doigts tendus vers le ciel et bloquer
le coup de poing de l’adversaire au niveau de son avant-bras.
Pour l’attaque,
je vais vous demander de viser à hauteur du plexus de votre binôme. Pour les
assistants, essayez de vous placer avec quelqu’un d’à peu près votre taille, ce
sera plus simple pour une initiation.
En plus du
travail avec les mains, je vais vous demander d’adopter la position
suivante : vous aurez la jambe droite en avant et placerez votre poids sur
la jambe arrière, donc la gauche, comme pour vous asseoir dessus. Votre pied
droit sera légèrement tourné vers l’intérieur, de même que votre genou. Ce pour
protéger votre entrejambe, mais aussi pour sentir certaines attaques venir. J’y
reviendrai plus tard. Vous aurez du contact avec le pied de votre binôme qui
aura la même position de jambe. Comme si vos pieds étaient fixés l’un à
l’autre. »
Je commence donc
avec Valérie, la malvoyante avec qui je m’étais entretenu avant le premier
stage afin de peaufiner certaines choses. Je suis obligé de légèrement corriger
la position de son pak sao mais rapidement elle trouve la bonne position et
nous continuons ainsi quelques instants.
Je jette un coup
d’œil alentour et constate que ça se passe bien dans les quatre autres groupes.
« Si votre
jambe d’appui fatigue, n’hésitez pas à changer de côté. Vous allez le faire et
je vais vous guider !
Au lieu de
mettre un coup de poing avec votre main droite, vous allez exécuter la même
défense qu’à gauche pour bloquer la défense de votre binôme. Votre autre main
vient alors se placer en protection, la main arrière lorsque vous être en
garde ! Tout le monde y est ? » Ils y sont ! « Super,
maintenant reculez votre jambe avant au niveau de votre jambe d’appui. Transférez
le poids. Votre binôme est en train de faire exactement la même chose au niveau
des jambes. Maintenant vous avancez votre ancienne jambe d’appui en même temps
que vous frappez du poing gauche. Si j’avance la jambe gauche, je frappe du
poing gauche, et inversement. »
Je leur fais
faire plusieurs fois, les faisant mener deux fois d’affilée pour qu’ils fassent
le geste à gauche et à droite, puis ce sont les moniteurs qui exécutent la
technique deux fois. Je les laisse faire encore une paire de fois, puis les
moniteurs et moi-même reprenons l’exercice classique pour encore quelques
minutes en alternant les changements de côté. J’encourage les stagiaires à
prendre l’initiative pour ces changements.
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