dimanche 19 juin 2022

Faites-vous ces erreurs avec votre mannequin de bois pour le wing chun ? [partie 3]

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Partie 1Partie 2Partie 3
 
Article original de Steven Moody, paru sur le blog Snake vs Crane
Traduction (approximative) par moi-même
 
5. Ils pensent que l’ordre des techniques est une séquence.
 
Lorsque je faisais du karaté et réalisais un kata, on m’a dit que les mouvements pouvaient être considérés comme une séquence pouvant être utilisée dans un combat. Vous bloquez, puis frappez, puis donnez un coup de pied.
 
J’ai des doutes sur l’efficacité de cette approche. Et ce n’est certainement pas le sens de la séquence d’actions sur le mannequin de bois du wing chun.
“Les étudiants finissent par exécuter leurs routines méthodiques comme une simple réponse conditionnée plutôt que de répondre à “ce qui est”. Ils n’écoutent plus les circonstances ; ils racontent leur situation.”
Bruce Lee
Nous apprenons la forme dans une séquence en grande partie parce que vous devez apprendre une action à la fois et le maître chinois qui a développé le système a trouvé utile de lier les actions ensemble dans une séquence qui pourrait être entraînée plusieurs fois.
 
Au moment où Ip Man a atteint Hong Kong, après de nombreuses années de formation sans aucune intention d’enseigner, il était passé de l’utilisation du mannequin dans l’ordre avec lequel il avait été formé par Chan Wah Chun (et d’autres) à l’utiliser comme un exercice de forme libre, le jouant plus comme on jouerait d’un instrument de jazz, improvisant des actions dans un flux fluide mais aléatoire.
 
Une fois que vous avez complètement appris le mannequin, vous pouvez commencer à mélanger les techniques(1) comme vous le souhaitez, tout en vous efforçant de rendre vos actions plus naturelles et sans effort. Vous ne voulez pas toujours l’entraîner dans le même ordre, ou il y a une chance que vous vous câblez pour toujours suivre une technique avec l’action suivante dans la séquence sans réfléchir. Vous voulez des réflexes mais vous voulez qu’ils soient des réponses à votre environnement, pas baver sans raison quand la cloche sonne (comme avec le réflexe Pavlov).
 
Lorsque Maître Ip a eu besoin d’enseigner le mannequin à ses premiers élèves (tels que Lok Yiu et Wong Shun Leung), ils disent l’avoir vu essayer maladroitement de se souvenir de la séquence. Il n’a probablement jamais complètement réussi. Il y a beaucoup de témoignages qu’il a enseigné le mannequin de bois de différentes manières et ordres au fil des ans.
 
Le fait est que la séquence n’a vraiment pas d’importance, car la séquence n’a pas vraiment d’importance dans n’importe quelle forme de wing chun. Chaque forme démontre une série de mouvements particuliers dans des contextes particuliers. Mais chaque action est en fait une leçon autonome et un outil qui peut être utilisé à diverses fins. L’ordre va plus ou moins du plus important (siulum tao, chum kiu, et le premier tiers du mannequin de bois) au moins important (biu gee, les couteaux, et la dernière section du mannequin, qui sont des raffinements, pas les fondamentaux).
 
Mon Sifu compare les techniques du wing chun à l’utilisation d’un tournevis. Un tournevis est conçu pour insérer ou retirer des vis, mais peut également être utilisé pour percer des trous ou faire levier sur le couvercle d’un pot de peinture. Les outils du wing chun sont conçus pour être appris un par un, puis utilisés de manière créative, dans de nombreuses circonstances et combinaisons.
 
C’est pourquoi mon Sifu fait souvent référence à la “forme”(2) tan ou à la “forme” fook. Ce sont des techniques mais plus fondamentalement, ce sont des concepts ou des formes. Le bras peut être placé dans cette forme générale et il a certaines propriétés mécaniques, mais la forme est vraiment un spectre, le long duquel il peut être utile dans de nombreuses variantes de la forme “idéale”.
 
6. Ils n’utilisent pas leur imagination.
 
C’est la plus grande.
 
La plupart des étudiants apprennent le mannequin par cœur, s’efforçant d’imiter la position et les mouvements de leur instructeur sans les comprendre(3). Nous commençons tous de cette manière. Puis (si vous êtes chanceux) l’instructeur va vous expliquer comment cette action pourrait être utilisée dans un combat (la première fois que j’ai “appris” le mannequin, il n’y avait pas d’explications). Souvent, il y a plus qu’une explication – ça peut être utilisé de cette manière, mais aussi comme ça, et peut-être ainsi. Les applications de l’idée sont multiples. C’est cette idée du tournevis plus haut. Il peut faire levier, mais aussi percer.
 
Vous devez imaginer que le mannequin est une personne et considérer ce que votre action fait à son attaque.
 
Lequel de ses bras vient vers vous ? Êtes-vous “à l’intérieur” ou “à l’extérieur” ? Il s’agit d’une approche avancée du mannequin de bois du wing chun. Quel est la signification du mouvement ?
 
Si vous ne faites pas ça, vous perdez votre temps en vous entraînant au mannequin. Faire les mouvements sans comprendre ne vous préparera pas au combat. C’est le mouvement séparé de sa signification. Vous pourriez en tirer des bénéfices au niveau du cardio, mais c’est à peu près tout.
 
C’est utiliser le mannequin comme les boxeurs utilisent une poire de vitesse. Les boxeurs ne frappent pas leur adversaire avec les séquences qu’ils utilisent sur la poire de vitesse. La poire de vitesse est utilisée pour aider à développer la coordination œil-main, aider au rythme des coups de poing et entraîner les épaules pour pouvoir tenir la garde pendant 12 rounds. Si vous essayez de frapper un adversaire avec la technique utilisée sur la poire de vitesse, vous constaterez que ce n’est pas trop efficace dans un vrai combat.
 
 
Avec le mannequin de bois du wing chun, vous ne pouvez pas simplement faire les mouvements sans réfléchir. Le wing chun requière de la réflexion et de l’imagination. Cela vaut pour toutes les formes. Qu’est-ce que cela signifie ? Si vous savez ce que cela signifie, votre action s’améliorera subtilement. Vous surveillerez votre stabilité (contre l’attaque en mouvement de l’adversaire en mouvement). Vous fondez votre action. Vous imaginez détourner leur attaque avec le mouvement.
 
Un jour, alors que Wong Shun Leung frappait le sac mural, Maître Ip Man a dit à Leung Sheung : « Regarde la façon dont cet enfant regarde le sac mural lorsqu’il le frappe… comme s’il frappait une personne, pas seulement un sac. Je pense qu’il sera craint à Hong Kong d’ici un an(4).
 
C’est le pouvoir de la visualisation et de l’imagination. Wong a frappé le sac immobile comme s’il s’agissait d’un adversaire. Si vous faites cela avec toutes vos formes et exercices, vous boosterez votre wing chun !
 
POINT BONUS
 
La plupart des gens se concentrent sur les endroits où leurs bras viennent croiser le mannequin. Ils frappent vers les bras du mannequin avec leurs bras.
 
L’une des plus grandes compétences que les mannequins entraînent (si elle est entraînée correctement) est l’idée que les “chansons” du wing chun décrivent comme “sam yi hap yat”. Cela signifie quelque chose comme “l’esprit et le corps ne font qu’un”.
 
Une grande partie de notre système est consacrée à aider le combattant à frapper avec puissance. C’est pourquoi nous mettons l’accent sur la structure (colonne droite, faire face à l’adversaire en faisant un carré avec lui, gardez les coudes rentrés, marcher depuis la taille). Ceux-ci amplifient chacun la puissance et créent ensemble une puissance supérieure à la somme de ses parties. Quand un maître rassemble vraiment tout, la puissance qui en résulte peut être choquante.
 
Plusieurs fois dans la forme, il y a une démonstration très forte de ce principe. Vous mettez de l’angle sur la “pointe” de “l’attaque” du mannequin et vous entrez par le côté (à un angle d’environ 45 degrés) et vous contactez le mannequin avec un tan et une paume en bas. Vous devez toucher simultanément trois points du mannequin : le bras (avec le tan), le corps (avec la paume) et la jambe (avec votre jambe). Vous devez avoir de bons angles sur toutes ces formes, afin d’être dans une position confortable (légèrement incliné vers l’arrière) et de sentir le sol avec votre talon arrière. Il devrait y avoir un bruit sourd satisfaisant lorsque vous touchez le mannequin avec UN son.
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(1) : ici il était question du deck, donc du jeu de carte. On a des cartes en main, on les joue comme bon nous semble. Cette idée me plait bien.
(2) : forme est à comprendre comme la forme d’un objet et non comme une forme / un tao.
(3) : l’expression originale était monkey see – monkey do.
(4) : “Look at the way this kid is looking at the wall bag as he hits it … as if he’s hitting a person, not just a bag. I reckon he’ll create a stink in Hong Kong within a year”.
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