dimanche 15 mai 2022

Les troupes d’Opéra cantonais et les Jonques Rouges [partie 1]

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Partie 1Partie 2
 
Lorsque Véronique préparait son troisième degré technicien au sein de notre ancienne fédération, pour son mémoire, elle a choisi de s’intéresser à différents sujets liés à notre art martial. Parmi ces sujets, il y avait “Les liens entre les troupes d’Opéra des Jonques Rouges et le Kung Fu”.
Les jonques rouges étant un sujet assez méconnu de beaucoup de pratiquants, j’ai trouvé intéressant de publier ce texte qui est le fruit des recherches de Véronique qui a compulsé différentes sources d’informations pour tenter de nous éclairer un petit peu sur ce sujet. Merci à elle !
 
Ça tombe bien, ce mois-ci ce sont les jonques rouges qui sont à l'honneur dans le calendrier !
 
 
Il est de notoriété publique que certains acteurs actuels, tels Jackie Chan ou Sammo Hung, ont été formés partiellement à l’Académie d’étude du Théâtre Chinois à Hong Kong, où on enseigne l’acrobatie, les arts martiaux et l’Opéra de Pékin. Cela aide grandement à faire l’amalgame « Opéra/Arts Martiaux ». L’Opéra de Pékin date de la fin du 18ème siècle, sous la Dynastie Qing et au début était exclusivement réservé à la Cour de l’Empereur. Les artistes féminines y étaient interdites et n’apparurent que, en secret, vers 1870 dans des rôles masculins. Pour l’anecdote : la première troupe exclusivement féminine date de 1894, et le bannissement des femmes fut officiellement levé seulement en 1912.
 
Avant le 20ème siècle les élèves étaient triés sur le volet, les parents signaient un contrat avec le Maître, l’apprentissage durait 7 ans durant lesquels le Maître assumait financièrement l’élève, d’où une dette conséquente qui était ensuite remboursée lors des représentations. A partir de 1911 les écoles furent institutionnalisées. L’apprentissage y était toutefois toujours très dur, les journées longues et le niveau d’exigence très élevé.
 
Ces deux premiers paragraphes m’ont semblé intéressants pour « placer le décor », mais je vais m’intéresser plus particulièrement à l’Opéra Cantonais.
 
L’Opéra Cantonais est né à Foshan, il connut son âge d’or au 16ème siècle, et vers 1840 commença à être joué à Hong Kong, devenu le nouveau port commercial. Qui dit « port » et « commerce » dit : clientèle potentiellement nombreuse.
 
Il se dit que le Wing Tsun aurait été transmis à certains membres de l’Opéra Cantonais de la Jonque Rouge. L’une des troupes les plus célèbres était le Red Boat Opera, qui aurait reçu (et transmis) son savoir des survivants du Temple Shaolin du Sud, parmi lesquels l’Abbé Jee Shin. Ces moines se seraient réfugiés sur les jonques lorsque leurs temples furent détruits. Du moins est-ce ce que prétend la légende.
 
Mais il est un fait avéré que l’Opéra Cantonais s’est approprié beaucoup de scènes de combats des artistes martiaux de Canton, et les capacités martiales étaient fréquentes chez les membres des troupes d’Opéra.
 
Les mots Danse et Art Martial se prononcent de la même manière en Chine.
 
A la fin du 19ème siècle, et jusqu’au début du 20ème, le Red Boat était le moyen de transport des chanteurs d’Opéra Cantonais. Certaines troupes passaient souvent sur les côtes de la Province de Canton, dans le delta de la Pearl River. Elles ont été un vecteur important pour le Wing Tsun, grâce notamment à des personnes telles Leung Lan Kui, Leung Yee Tei et Wong Wah Bo qui furent Grands Maîtres de Wing Tsun dans la Province de Canton.
 
Toutes les jonques étaient construites sur le même modèle, ainsi les troupes pouvaient elles selon leurs contrats, passer d’une jonque à une autre sans modifier leur organisation interne, et en emportant toujours leur matériel. Il y avait environ 60 jonques en fonctionnement, et les troupes signaient des contrats d’une année. Ces jonques étaient exclusivement prévues pour transporter les Troupes d’un festival à un autre, durant la saison des représentations. Elles n’étaient pas prévues pour voguer en haute mer. On peut donc en conclure que la légende qui veut qu’elles aient abrité des pirates, ou des mercenaires, ne soit rien d’autre que cela : une légende. De même le fait qu’elles aient abrité des cellules révolutionnaires politiques est une rumeur datant du milieu du 20ème siècle.
 
Ces jonques profitaient du large réseau de rivières pour se déplacer, et se contentaient de longer la côte, pour rester dans les eaux calmes (et pouvoir s’arrêter souvent pour les représentations). Elles coûtaient très cher à construire, et le loyer qui était demandé aux troupes était très élevé. Ainsi, plus il y avait de représentations, plus les revenus permettaient-ils de couvrir les frais.
 
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2 commentaires:

  1. Super intéressant, merci! vivement la suite :)

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    1. Je suis content que ça vous plaise :) ! La suite dimanche !

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