dimanche 26 août 2018

Derrière les portes closes [partie 1]

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Traduction par Véronique

Il n’est pas rare dans le milieu du wing chun kung fu d’entendre que tel maître était un élève « closed door » (porte fermée) de Yip Man ou bien que tel autre a appris certains secrets de l’un des disciples « closed door » du Grand Maître. Mais Yip Man avait-il vraiment de tels élèves ? Et que signifie réellement cette expression ? Sifu Donald Mak, professeur réputé de la lignée Yip Man et auteur, se penche sur l’un des mythes les plus exploités du kung fu.

Texte de Sifu Donald Mak et Martin Murphy, extrait du magazine Blitz Martial Arts de juillet 2017

Quand on entend le terme cantonnais gwaan muhn, littéralement « porte fermée » en relation avec le kung fu, on imagine un groupe d’élèves triés sur le volet, considérés comme les élus et à qui leur maître apprend des secrets cachés du Wing Chun, à l’exclusion de tous les autres élèves.
Bien que ce soit vrai à un certain point, le terme a en fait un sens bien plus profond dans la culture et l’histoire des arts martiaux chinois.

Dans les temps anciens, en Chine, les artistes martiaux considérés comme invincibles étaient peu nombreux mais si un maître développait une technique particulièrement efficace qui lui soit propre, ou qu’il possédait des capacités exceptionnelles, il devait se soucier des espions d’autres écoles qui auraient pu lui voler ces techniques et capacités. Ces maîtres savaient qu’une fois que leur technique personnelle et unique de combat serait connue par d’autres, elle deviendrait inefficace en combat car un opposant pourrait se préparer à contrer et annihiler cet avantage.

Tandis qu’il était courant, dans les écoles ouvertes de montrer vos techniques, ce que vos ne vouliez pas était que d’autres voient vos méthodes d’entraînement, et comment vous en étiez arrivé à un haut niveau dans votre art martial.
Dans de telles conditions, l’assortiment de techniques montré aux « extérieurs » et aux élèves qui n’avaient pas encore prouvé leur loyauté envers vous, était souvent d’un niveau peu élevé et parfois n’était même pas vraiment du kung fu.

Il arrivait même qu’un maître ne montre tout simplement pas les vraies applications et certains mouvements et techniques pendant les cours ouverts.
Tout cela prend tout son sens si on se souvient qu’à cette époque le fait d’avoir un avantage, une compétitivité, dans les arts martiaux, était d’une grande importance en terme de survie, pas simplement lors des combats, mais aussi d’un point de vue économique. Être un bon artiste martial signifiait que vous pouviez en vivre, protéger votre famille, améliorer votre rang social et obtenir le respect, cela avait donc un grand intérêt tant social que financier.

De ce fait, quand un maître enseignait les vraies choses, c’était généralement à un groupe d’élèves sélectionnés, considérés comme loyaux et à qui on pouvait accorder sa confiance. Si vous aviez la chance d’être choisi, vous étiez considéré comme un élève « closed door ». Ceux non concernés n’étaient typiquement pas des élèves suffisamment anciens, ou qui n’avaient pas gagné la confiance du maître. Ce système servait aussi à tester à quel point les élèves se sentaient concernés !

Mais le gwaan muhn avait aussi un autre sens très important dans les sociétés d’arts martiaux : il se rapportait aussi à un maître qui n’acceptait plus de nouveaux élèves, souvent parce qu’il approchait de la fin de sa carrière et qu’il avait débuté le processus de choix et de formation de son héritier pour ce qui concernait sa lignée et son style particuliers. On n’annonçait pas publiquement qui serait cet héritier, et l’entraînement se passait derrière des portes closes, dans le but de transmettre divers secrets qui pouvaient inclure :

1) la médecine par les plantes et le Dit da (Le Dit da jow est un liminent utilisé dans les arts martiaux pour traiter les blessures externes telles les ecchymoses ou les muscles douloureux. Certaines huiles auraient aussi des propriétés curatives au niveau de l’arthrite et des douleurs articulaires. Source wikipedia). Ceci était important car un maître n’aurait pas souhaité que ses élèves consultent au autre médecin. Il fallait donc qu’il soit apte à soigner lui même.
Note d’Orphée : nous reparlerons des dit da jow dans un prochain article.

2) Dim mak (les points vitaux d’acupuncture qui causent perte de conscience ou dégâts internes). Être capable de blesser ou tuer un opposant requérait la connaissance des points vulnérables du corps humain.

3) Les formes et les méthodes d’entraînement. Les connaissances profondes des formes et méthodes d’entraînement n’étaient passées qu’à des étudiants en qui on avait confiance de manière à les rendre capables d’atteindre les plus hauts niveaux ou de développer leurs capacités inhabituelles (s’ils en avaient). Cet entraînement, généralement, ne concernait pas un nouveau système entier, mais se focalisait sur les points essentiels ou l’essence même de certaines formes.

4) Nei gung. Cette culture de l’énergie interne impliquait un entraînement semblable au tai chi. Le but était de transmettre des techniques simples mais efficaces pour que l’étudiant bâtisse son nei gung afin de s’isoler des autres.
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