dimanche 31 octobre 2021

Entretien de Hawkins Cheung, avec Robert Chu [partie 4]

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Avant de lire cet article, je vous conseille de lire celui-ci, si ce n’est pas déjà fait. 
 
Partie 1 Partie 2Partie 3 Partie 4
 
Entretien de Hawkins Cheung, avec Robert Chu, dans “Inside Kung-Fu” Janvier 1992 
Traduction par Véronique
 
Le Wing Chun au cœur
 
Malgré son niveau avancé dans les arts martiaux, il restait toujours un pratiquant de wing chun. Il continuait à utiliser le principe de la ligne centrale, aussi bien que les mouvements simples, directs, non télégraphiques et économiques. Et bien qu'il ait emprunté des outils à d'autres systèmes d'arts martiaux, il utilisait ces techniques dans l'esprit wing chun. Par exemple, quand Bruce utilisait un coup de poing direct façon wing chun, il partait du milieu, le coude bas. Ainsi, même quand il utilisait un coup de pied circulaire shaolin du nord, il émettait toujours l'énergie avec une frappe du pied au sol comme un pratiquant de wing chun. Il marchait sur son adversaire. Ses meilleurs techniques étaient le coup de poing direct et le coup de pied circulaire. Ses coups de pied directs, ou en crochet étaient rapides, mais ils n'avaient pas le pouvoir dévastateur de ses coups de poing directs et de ses coups de pied circulaires. Et donc ce sont ces outils qu'il utilisait le plus pour exprimer son JKD.
 
Quand Bruce faisait une démonstration avec les bâtons de kali, on pouvait toujours voir sa structure wing chun. Comme dit précédemment, Bruce avait la capacité à copier les techniques de mains de n'importe qui, mais en mieux et en plus rapide.
 
Quand Bruce s'éloigna du wing chun et de son système classique Jun Fan, il continua dans son propre style non classique. Mais parce qu'il avait pratiqué le wing chun pendant tellement de temps, ses nouveaux outils devinrent un produit wing chun, c'est pourquoi je dis que ses élèves n'ont pas ses outils et ses attributs. Pour les gens du wing chun, nous considérons que Bruce n'était pas complet. Le wing chun incite à l'ambidextrie tandis que dans l'art de Bruce, est privilégiée la main dominante.
 
Ses élèves abordent aussi son art de la mauvaise manière, le Jeet Kune Do était censé ne pas être classique, alors qu'à présent il l'est devenu. Ses praticiens hésitent à créer et préfèrent obéir aux diktats du style. Prenez pour exemple la frappe du doigt : ses élèves n'en ont pas l'application pratique, si ce mouvement n'a pas été développé et pratiqué en applications, il n'a aucune utilité. Le wing chun utilise les mains collantes comme un renfort pour les applications pratiques, et le partenaire comme un mannequin. Vous devez tester vos applications en pratique. Je pense que le jeet kune do régresse à cause du manque de ressenti dans le combat.
 
L'énergie du wing chun est plus dans les jambes que dans le haut du corps, car les mains sont utilisées pour sentir les mains de l'adversaire, et lire ses intentions, les mains doivent être souples. C'est comme l'attrapeur en base-ball. Vous devez être souple pour tenir bon et recevoir la pression entrante. Vous devez vous sentir à l'aise. Les jambes servent à propulser tout le corps vers l'avant, comme un marteau frappant un clou (le clou est votre outil frappant votre adversaire). Voilà ce que nous appelons la puissance de la structure wing chun. Si nous nous référons au clou et au marteau, le clou doit être positionné au milieu du marteau, sinon le clou sera cassé, ou tordu quand le marteau le frappera. Un bon pratiquant de wing chun commence par aligner le clou sur la cible, pendant que la cible attend de bouger. Puis le marteau suit. Si vous pensez à ça vous verrez que Bruce a abandonné la structure wing chun, mais le wing chun a entraîné son bras à dégager de la force. 
 
L'avantage de Bruce se situe dans le combat à distance, et il a amené cet avantage à un très haut niveau. Quand il a déclaré que les arts martiaux sont classiques, c'était parce qu'il s'était libéré de ce classicisme. Il lui a fallu du temps pour maîtriser les arts martiaux.
 
Sans le wing chun il n'aurait pas été capable de trouver ses avantages et désavantages. Il n'a pas eu à créer un style, il pouvait exprimer tout ce dont il avait envie. Bruce était comme le plus rapide des pistoleros, il pouvait vous abattre en une seconde, ou bien il pouvait le faire en 10 minutes. Pendant les premières 9 minutes et 59 secondes il pouvait démontrer tous les mouvements fantaisistes qu'il voulait tant que personne ne connaissait ses points faibles. Parfois, pendant mes propres cours, je démontre des enseignements de Bruce, et c'est amusant.
 
Montrer la lune
 
Le Jeet Kune Do était la façon dont Bruce montrait la lune. C'était un but auquel aspirer. Même Bruce n'arrivait pas à exprimer le JKD tout le temps. Le terme « Jeet kune do » a été créé trop tôt. Sur la fin il a regretté le terme JKD dans le mesure où il n'arrivait pas à exprimer le poing intercepteur à tous les coups. Le Jun Fan gung-fu était son wing chun. Tous ses adeptes savaient que quand Bruce enseignait le chi sao il le faisait avec le pied droit en avant. Je savais qu’il tentait de cacher ses faiblesses en chi sao, et c'est pour ça qu'il avançait son pied droit. Mais Bruce n'avouait pas ses faiblesses, il trouvait d'autres manières d'expliquer ce qu'il faisait pour le cacher. En combat à distance Bruce faisait ce que les pratiquants de wing chun font : nous privilégions notre meilleur côté. Bruce prétendait que le fait de pratiquer son chi sao en privilégiant le côté droit était en vue du combat à distance. Cela revient à dire que son chi sao ne sert à rien. Il met en avant sa faiblesse à gauche alors que son arme mortelle est son côté droit.
 

Comme nous étions amis je connaissais son caractère. Bruce voulait être le meilleur, et c'est sa personnalité qui l'a poussé à être le meilleur et à sortir sa propre méthode. Bruce et moi-même pensions que l'offensive est la meilleure défense. Avec mon expérience du combat, et mon passé, je pourrais checker et comparer ses standards. Connaissant Bruce, et m'étant entraîné avec lui tous les jours pendant des années, je pouvais lire dans son esprit. Au début des années 60 il était un jeune et ambitieux Chinois pratiquant le gung-fu, en Amérique, contre les artistes martiaux entraînés Japonais et Coréens. Du fait des tensions raciales, et étant le seul pratiquant de gung-fu Chinois dans les environs, il conserva son cher wing chun gung-fu et était désireux d'en apprendre davantage. Il modifia la position de combat du wing chun pour qu'elle ait l'air un peu plus karaté, et pouvoir donner un coup de pied droit pendant sa contre-attaque. Le but de ce changement était d'utiliser le coup unique et définitif. Il voulait prouver que les pratiquants de gung-fu pouvaient combattre également. Du fait de sa connaissance limitée du wing chun il fut obligé de trouver d'autres outils. Il créa son propre style classique qu'il appela Jun Fan. Pour que ses élèves arrivent à son niveau ils doivent tout d'abord se libérer de Jun Fan. Bruce n'a réalisé le jeet kune do que quand il s'est finalement libéré de Jun Fan et des règles du wing chun. Il changea pour correspondre aux arts martiaux US plutôt que asiatiques. Si on compare le wing chun à une voiture, apprendre à conduire à Hong Kong, ou aux US n'est pas la même chose. Il faut modifier sa façon de faire pour s'adapter à son environnement. Bruce conduisant sa voiture wing chun à la façon américaine aux US. Le Jun Fan n'est pas le jeet kune do, et les adeptes de Bruce possèdent son art martial classique, le Jun Fan, pas le jeet kune do. Le jeet kune do est un but à atteindre. Le jeet kune do était un cadeau de Bruce aux artistes martiaux du monde entier. C'est juste un des concepts du wing chun. Il expérimenta, fit de la recherche et développement pour les arts martiaux américains. Tout comme l'expérience du combat de Wong Shun Leung s'est faite à travers ses combats contre des pratiquants de gung-fu, nous devions tous développer nos propres produits. Nous devions tous nous libérer du wing chun pour le maîtriser. Si Wong était aux US lui aussi devrait changer. Le wing chun est frustrant pour ses pratiquants car le système vous dit de créer votre propre produit. Les formes du wing chun ne sont pas des formes pour le combat. Les katas, ou formes, d'autres styles sont un produit. Combien de produits peut-on produire avec le wing chun ? Un produit est partial. Chaque pratiquant doit faire son propre produit avec ses deux mains, collant, changeant, et coordonnant. Pour créer un nouveau produit vous retournez au centre. Votre esprit doit être centré pour absorber un nouveau produit.
 
Ainsi Bruce et son art personnel sont partis. Bruce a fait en sorte de transmettre son savoir au monde entier, et pas seulement à ses adeptes. Il n'a jamais transmis ses outils, seulement son concept. Les outils étaient comme un bateau construit pour traverser une rivière, une fois arrivés de l'autre côté, ne vous encombrez plus du bateau. Peut-être y aura-t-il un autre « Bruce Lee » un jour, s'il peut suivre son exemple pour ce qui est de s'entraîner, rechercher, et appliquer. Bruce voulait que le monde sache que vous pouvez trouver ce qui fonctionne.
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dimanche 24 octobre 2021

Samuel Kwok

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D’après About Sam Kwok sur le site de Maître Samuel Kwok
Traduction par moi-même
 
Samuel Kwok est né à Hong Kong le 6 avril 1948, d’un père ministre du culte. Ayant pris sa retraite du NHS(1), c’est à présent un instructeur d’arts martiaux à temps plein qui enseigne le wing chun partout dans le monde.
 
 
La passion des arts martiaux lui est venue très tôt, sa première expérience fut avec le kung fu de la grue blanche, sous la direction de son oncle Luk Chi Fu. Sa pratique du wing chun a débuté en 1967 sous la direction de Chan Wai Ling à Hong Kong.
 
En 1972 Samuel Kwok s’est rendu au Royaume-Uni pour y étudier les soins infirmiers psychiatriques et débuter une nouvelle vie. Vivant à Londres, il se rendit à l’église du révérend Kao qui lui parla de l’un des membres de la congrégation, un professeur de wing chun du nom de Lee Sing, qui commença à enseigner à Samuel Kwok en 1973.
 
En 1978, de retour à Hong Kong où il espérait trouver la véritable source du wing chun, Samuel Kwok fut présenté à Ip Chun par Lee Sing ; qui à cette époque rejoignait la Ip Man Martial Arts Association. C’est lors d’une seconde rencontre avec Ip Chun qu’il proposa à Samuel Kwok de lui enseigner les techniques du mannequin de bois, réalisant que c’était un grand honneur qui lui était fait, il accepta. A cette période, Ip Chun n’enseignait qu’à temps partiel.
 
Les années qui suivirent, Samuel Kwok a bénéficié de leçons privées de la part d’Ip Chun et après avoir obtenu son rang de Maître en wing chun, il ouvrit sa première école à Hong Kong et peu de temps après ses étudiants commencèrent à se faire un nom dans les tournois et démonstrations de la colonie.
 
Lorsqu’il retourna au Royaume-Uni en 1981 il fut nommé président et représentant principal à l’étranger de la Ip Chun Martial Art Association(2) par Grand Maître Ip Chun.
 
S’étant installé au Royaume-Uni, Maître Kwok commença à enseigner le wing chun de façon privée avant d’ouvrir sa première école suite aux demandes de nombreux passionnés d’arts martiaux. Dans le but de promouvoir le Wing Chun Traditionnel et son Si-Fu, en 1981 Maître Kwok tint le premier de nombreux séminaires au Royaume-Uni avec Grand Maître Ip Chun.
 
En 1991 Maître Kwok invita à la fois Grand Maître Ip Chun et Grand Maître Ip Ching au Royaume-Uni pour qu’ils y tiennent leurs premiers séminaires communs à travers le pays. Ce fut la première visite au Royaume-Uni de Grand Maître Ip Ching.
 
En 1994 Maître Kwok retourna à Hong Kong afin d’y étudier avec Grand maître Ip Ching. La même année, Maître Kwok présentant Steve Lee Swift de New York à Grand Maître Ip Chun et l’aida à plusieurs séminaires en Amérique, dirigés par Grand Maître Ip Chun.
 
En 1995, une fois encore Grand Maître Ip Ching fut invité par Maître Kwok au Royaume-Uni, pour
diriger plusieurs séminaires à travers le pays, mais cette fois il fut accompagné par Grand maître Chu Shong Tin, l’un des premiers élèves à Hong Kong du regretté Grand Maître Ip Man.
 
Toujours en 1995 les deux célèbres frères, Grand Maître Ip Chun et Grand Maître Ip Ching visitèrent Chicago pour y enseigner ensemble pour la première fois en Amérique. A nouveau cette visite fut arrangée par Maître Samuel Kwok.
 
La Samuel Kwok Wing Chun Martial Art Association a grandi depuis pour devenir l’une des plus grandes organisations de kung fu du pays. Avec des étudiants en Europe, aux U.S.A., en Afrique du sud et en Australie, elle est à présent internationale. Bien que Maître Kwok ait de nombreux élèves enseignant pour lui, il est toujours resté fidèle à la tradition du véritable wing chun et enseigne toujours personnellement lors de ses cours.
 
En 1998 Maître Samuel Kwok reçut un BA honours degree(3) de l’Université de Manchester pour son implication depuis de nombreuses années dans la promotion des arts martiaux. De nos jours Maître Kwok assure continuellement la promotion du wing chun à travers le monde en dirigeant et organisant des séminaires, compétitions, démonstrations, mais aussi à travers ses livres et vidéos et en aident le British Council for Chinese Martial Arts (BCCMA) à promouvoir les arts martiaux chinois. Il aide également à organiser des visites et des formations à Hong Kong avec Grand Maître Ip Ching(4) pour ses élèves, montrant qu’il veut que ses élèves bénéficient directement de l’enseignement du Grand Maître.
 
 
 
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(1) : Je n’ai pas trouvé à quoi correspondait cette abréviation à Hong Kong. Cela pourrait être le National Health Service.
(2) : C’est le nom utilisé dans le texte d’origine. Il se peut que ce soit en réalité la Ip Man Martial Art Association et qu’il y ait une coquille dans le texte d’origine.
(3) : Un Honours Degree (traduit par baccalauréat spécialisé au Canada, abrégé Hons ou BA (Hons), Honors aux États-Unis) est un titre académique de recherche, attribué dans la majorité des pays anglo-saxons (merci Wikipedia).
(4) : Ip Ching nous a malheureusement quitté au début de l’année 2020.
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