dimanche 3 octobre 2021

Entretien de Hawkins Cheung, avec Robert Chu [partie 2]

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Avant de lire cet article, je vous conseille de lire celui-ci, si ce n’est pas déjà fait. 
 
Partie 1 ● Partie 2 Partie 3
 
Entretien de Hawkins Cheung, avec Robert Chu, dans “Inside Kung-Fu” Janvier 1992 
Traduction par Véronique
 
Un adversaire plus grand
 
Quand Yip Man faisait face à un adversaire plus massif, sa compétence était tellement élevée qu’il pouvait couper le moteur de celui-ci et empêcher qu’il ne redémarre. Quand vous êtes âgé vous devez vous adapter ainsi pour survivre. Du fait de mon faible gabarit je devais apprendre cette méthode Je devais être plus rapide que le poing ou l’extension du coude de mon adversaire. Je devais pouvoir lire le mouvement de son corps et deviner ses intentions. Que ce soit en distance courte, ou en distance plus longue. Je devais couper le démarrage du moteur de mon adversaire et diriger son intention vers ailleurs. Bruce n’a pas appris ce haut niveau de compétence. Selon les critères de Hong Kong il était une grosse voiture.
 
Chacun dans le wing chun, a sa propre opinion ou sa propre politique. Les politiques apparaissent quand chacun parle de la « meilleure » méthode d’entrée et d’attaque. La « meilleure entrée » ou la « meilleure attaque » est le produit qui sera acheté. Pour un homme du wing chun chaque attaque est considéré comme « une main qui demande » Mon poing est une question que je te pose. Si quelqu’un attaque et que vous résolvez le problème avant même qu’il n’existe, combien cela implique-t-il de politiques ? Les politiques sont dues à la partialité, c’est pourquoi je dis que quand on pratique le wing chu à un haut niveau il n’y a pas de techniques. Qui a réalisé le niveau de compétence de Yip Man ? Tous mes frères d’entraînement respectaient Yip Man parce qu’il ne les blessait jamais, et pourtant ils étaient incapables de le blesser lui. La compétence de Yip Man dans les années 50 était l’exemple même de la sensibilité : il pouvait immédiatement lire l’intention de son adversaire.
 
Le wing chun est un art martial plus mental que physique. Le système a été inventé par une dame, et de ce fait, l’art requiert une stratégie mentale, une compétence physique et un bon timing. Le wing chun exige que le mental prédomine. C’est un système qui développe els compétence, ce n’est pas un style. Je ne suis pas le meilleur, mais je sais où je suis placé dans cet art.
 
Un bon pratiquant de wing chun devrait pratiquer le chi sao tout le temps. Cela permet de dire à quel sorte d’individu vous avez affaire, son caractère, ses avantages, ses désavantages. Vous pouvez regarder le corps d’un combattant et déterminer si c’est un boxeur, un gars qui donne des coups de pieds, ou un lutteur, d’après sa musculature et les caractéristiques de ses mouvements. Son comportement vous parlera aussi. Évidemment ça ne marche pas à 100%. Quand un parieur expérimenté est sur le champ de course il va tenter de collecter autant d’informations que possible sur le cheval. Il va observer le cheval, checker ses résultats passés et tenter de prendre la bonne décision. Vous apprenez à minimiser les risques. C’est ce que vous apprend le chi sao.
 
Quand vous pratiquez le chi sao vous ne devriez pas attaquer le premier, mais tenter de collecter autant d’informations que possible sur le jeu de votre adversaire. Beaucoup de pratiquants de wing chun veulent attaquer le premier sans prendre le temps de collecter des informations. Attaquer le premier consiste à donner des informations sur vous-même. Sun Tzu nous le dit « connais-toi toi-même, connais ton adversaire, 100 batailles, 100 victoires ». Les formes du wing chun servent à ce que tu te connaisses, le chi sao sert à connaître les autres.
 
Bruce change
 
Bruce a changé ses méthodes quand il est allé aux US. Le temps et l’expérience ont causé le changement, mais il reçut de l’aide du wing chun, qui lui indiqua la bonne direction. Tout comme mes frères d’entraînement qui expriment le wing chun à leur façon, Bruce a fondé une méthode pour enseigner sa vision du wing chun aux US. Bruce utilisa l’aspect offensif du wing chun. Bruce disait qu’il avait prétendument vu « les limites du wing chun » mais en vérité il n’y a rien qui aille de travers dans le wing chun. Le wing chun n’est pas un style, mais un système de préparation pour le combat. Le wing chun vous donne les informations pour avoir un temps d’avance sur votre adversaire. Le wing chun n’est pas meilleur que d’autres systèmes des arts martiaux, mais il offre à ses pratiquants certains avantages spécifiques. Peu importe le style ou le système des arts martiaux, pour vaincre votre adversaire vous devez pouvoir utiliser vos outils. Je peux combattre en utilisant les outils du wing chun. Mais j’exprime mon propre style Hawkins Cheung basé sur mon expérience personnelle. En tant qu’artiste martial on doit s’en tenir à ses propres acquisitions, pas à celles de son maître.
 
Quand j’enseigne les outils du wing chun à mes élèves, je les coache et tente de trouver ce qui ira le mieux avec leur caractère propre. Certains sont dirigés par l’émotion et pourtant je ne peux pas les forcer à se détendre. Alors je leur enseigne un wing chun offensif. Quand leurs compétences en terme d’attaques offensives s’améliorent, et qu’ils ne peuvent plus progresser et se sentent frustrés, ils reviennent vers moi automatiquement. Ils me demandent comment faire avec tel ou tel gars. Pour moi cela signifie qu’ils veulent vraiment apprendre. Je leur explique alors qu’ils devraient se détendre, et porter plus d’attention à l’aspect défensif du wing chun.
 
Une fois que le ressenti, à travers leurs mains, et leurs corps, est devenu automatique, je les laisse se débrouiller pour atteindre un niveau plus élevé. S’ils continuent à poser des questions cela signifie qu’ils n’ont pas encore développé la finesse du ressenti du mouvement. Ils ont besoin de mon aide et je fais tout ce que je peux pour les aider.
 
Le wing chun est très simple à apprendre. Le système ne contient que 3 formes, le mannequin de bois, le bâton long et les doubles couteaux. Et c’est aussi très simple à enseigner. Toute la question est de savoir si vous l’avez déjà testé vous-même. Pouvez-vous utiliser les applications ? Avez-vous oublié combien vous avez fait de combats et qui vous avez vaincu ?  Chaque style d’art martial est défensif, alors vous prenez ce qui est utile, et rejetez ce qui ne sert à rien pour ce cas particulier. Vous devez trouver ce qui est utile pour votre propre style de combat. Cela sera peut-être inutile pour d’autres, mais vous devez changer l’ordre d’utilisation de vos outils wing chun selon les circonstances.
 
Selon mon concept du wing chun j’aime que l’adversaire commence. Je vais initier mon timing en fonction de son départ. Selon mon expérience ce mouvement est un piège. Si vous m’approchez indirectement vous avez certainement une bonne raison. Il faut d’abord que je découvre vos intentions. J’attends calmement. Mon esprit devient un arbitre. Attendre vaut mieux que changer. J’écoute votre musique et votre rythme. Je ne prête pas attention, et cela signifie que mes émotions ne sont pas impliquées dans le combat. La grande question est quand démarrer. Et évidemment, il faut du temps pour apprendre cela.
 
Vous verrez, dans les Westerns, quand il y a un duel au revolver, aucun des deux ne veut tirer le premier. Dans les films de samouraïs japonais, pendant les scènes de combat au sabre, les adversaires peuvent attendre très longtemps. Si vous ne pouvez pas attendre votre esprit doit trouver le rythme de l’adversaire et son point de départ. A partir de là vous devez trouver les intentions de l’adversaire avec une « main qui demande ».
 
Le wing chun a mis Bruce sur le bon chemin. C’étaient toujours les concepts du wing chun auxquels il se référait sous le nom de Jun Fan et qui lui ont permis de créer son propre style d’art martiaux. Le wing chun était l’arme que nous a donnée Yip Man, le côté frustrant était que c’était à nous de trouver comment tirer. Le problème était que la cible était mouvante, et qu’on ne pouvait pas la fixer. Le wing chun sert à résoudre les problèmes. On peut dire que le vieil homme nous a donné à tous deux, Bruce et moi, un problème à solutionner. En fait le vieil homme ne nous expliquait pas les choses avant de voir que nous travaillions pour le mériter.
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