mercredi 30 juin 2021

Pratiquer sans subir de discrimination

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Nous sommes le dernier jour du mois des fiertés et ça tombe un mercredi. En temps normal le mercredi je partage sur Facebook un ancien article, mais pourquoi pas profiter de ce jour pour vous exprimer autre chose ? Il y a quelques mois (années ?) j’ai découvert une école d’Arts Martiaux Historiques Européens qui semblait avoir des créneaux dédiés aux personnes LGBTI+. L’école en question tente surtout d’offrir un environnement sain où chacun peut venir pratiquer sans craindre de subir de discrimination. 
 
Autant offrir un environnement où chacun peut venir apprendre sans subir de discrimination liée à son genre, son origine, son orientation sexuelle, sa religion, son handicap, etc, me semblait déjà une évidence, autant je ne voyais pas l’intérêt de proposer des créneaux en non mixité choisie (je suppose que c’est le terme approprié). 
 
Lors d’un entraînement j’en ai discuté avec l’un de mes partenaires, lui disant que personnellement je ne voyais pas bien l’intérêt de ces créneaux dédiés aux personnes LGBTI+. Il me dit que lui non plus ne comprenait pas l’intérêt, mais poursuivit en me disant que chacun était libre de sa sexualité (bien !) avant d’ajouter que ça n’était pas naturel (moins bien !).
Grâce à cet échange avec mon partenaire j’ai compris tout l’intérêt de cours et d’espaces où des minorités peuvent s’entraîner sans risquer de subir de préjugés. Je n’écris pas cela pour blâmer mon partenaire d’entraînement mais parce que je pense que c’est important de prendre conscience que même sans penser à mal, parfois les mots ont une portée qui peut être destructrice.
 
 
L’école dont je fais partie ne propose pas de créneaux dédiés à une minorité ou une autre, nous proposons simplement des créneaux pour les adultes et d’autres pour les enfants mais en tant qu’enseignant j’essaye d’assurer à chacun des élèves qui fréquentent mes cours et cette école un espace sain où ils peuvent pratiquer sans discrimination.
 
J’ai principalement eu à faire à des comportements sexistes à travers les années, mais je veux assurer à mes élèves que peu importe leur religion, leur genre, leur origine ethnique, leur orientation sexuelle ou leur handicap, ils sont les bienvenus dans mes cours, que je ne les jugerai jamais pour cela et que si de tels jugement existent dans l’école je ferai tout mon possible pour y mettre un terme.
 
Pour moi un(e) élève et une personne venant apprendre, et dans le cas du wing tsun, pratiquer un art martial. Le genre, la religion, l’origine, l’orientation, le handicap n’ont aucun lien avec cet apprentissage et personne ne devrait être embêté pour ces raisons (quel que soit le domaine d’ailleurs).
 
Donc en ce dernier jour du mois des fiertés, j’aimerais dire à chacun « venez comme vous êtes, sans avoir besoin de vous cacher, mais sans aucune obligation de l’afficher si vous n’en avez pas envie. », et pour les autres élèves, voire enseignants, soyez tolérants :). Merci également à des écoles comme la Valkyrie Western Martial Arts Assembly d’exister et comme bien d’autres écoles d’essayer d’offrir un climat sain pour chaque pratiquant(e).
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dimanche 27 juin 2021

Hawkins Cheung [partie 3]

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Partie 1Partie 2 Partie 3 Partie 4
 
Source :  https://hawkinscheung.com/wp/about 
Traduction : Véronique
 
Je lui demandais comment il avait fait pour acquérir cette rapidité à se rapprocher. Et il dit « Ecoute Hawkins, aux États Unis il n'y a pas de bons partenaires pour pratiquer le wing chun. On pourrait dire que mon wing chun est meilleur que celui de n'importe quel prétendu maître de wing chun de là-bas. Je ne peux plus progresser. Mais j'ai fait pas mal de combats. Mes opposants sont rapides, alors je dois être plus rapide. Ils sont puissants, alors je dois être plus puissant. Y'a pas d'autre solution, car aux US je suis un mec « gung-fu ». Parce que mon wing chun est limité et que ma structure ne tient pas face à des opposants plus grands, je dois sortir des sentiers battus. » 
 
C'était la première fois que j'entendais Bruce dire ça. Il y a un dicton chinois qui dit “Bik fu tiu cheung”, c'est à dire « le tigre acculé doit bondir par-dessus le mur ». C’est comme dire « être coincé ». Je compris que Bruce se sentait frustré dans son entraînement martial. Et bien qu’il s'occidentalisait, il se sentait toujours fier d'être Chinois, et ne voulait en aucun cas apparaître comme inférieur quand il s'agissait de comparer le gung-fu chinois avec les arts martiaux d'autres nations. 
 
 
Il continua : « Je dois m'entraîner très dur pour battre mes adversaires. Donc je suis revenu pour avancer dans mon entraînement au wing chun, et j'espère en apprendre plus sur le mannequin de bois, de la part du vieil homme (Yip Man). J'espère que sifu me laissera le filmer avec ma caméra 8mm afin que je puisse montrer ça à mes élèves aux US. » Bruce me dit aussi que sa carrière d'acteur commençait à prendre forme. « Au fait, ajouta-t-il, je viens de signer un contrat avec la 20th Century Fox pour faire un Charlie Chan (plus tard cela devint la série Green Hornet – Le frelon vert), d'ailleurs je suis en chemin pour aller chez le vieil homme » et je savais que quand il avait une idée dans la tête il valait mieux s'écarter de son chemin, et c'est ce que je fis. 
 
Quelques jours plus tard Bruce fit une démonstration dans un talkshow télévisé. Il ne fit aucune mention du wing chun, se référant uniquement au gung-fu. Je me rendis compte qu'il avait dû se passer un truc entre Bruce et Yip man. Je connaissais bien le caractère de Bruce, et que quand il voulait que quelque chose soit fait il n'y avait pas moyen de l'arrêter. Sinon il le faisait lui-même. Puis il revenait et vous montrait ce qu'il avait accompli, juste pour vous embarrasser. 
 
Je découvris que le « vieil homme » avait refusé d'être filmé pendant qu'il faisait la forme du mannequin de bois. Je savais que le vieil homme était très chinois dans sa façon de penser, et Bruce était très direct et très occidental dans sa façon de penser. Bruce voulait tout apprendre tout de suite, mais le vieil homme pensait qu'il fallait s'entraîner pour apprendre. Plus tard je découvris que Bruce avait créé sa propre méthode, et l'avait appelée Jeet Kune Do. 
 
En 1966 un ami et moi même fûmes embarqués dans un projet visant à amener le karaté japonais à Hong Kong. Je dus changer quand je commençais à faire des sparrings avec les instructeurs de karaté japonais. Leurs attaques étaient très rapides. Ils attaquaient et se retiraient tout aussi rapidement. Leurs coups étaient si vifs que quand je tentais un pak sao leur bras n'était plus là et je ne pouvais pas établir de contact. Quand je voulais casser la distance ils utilisaient leur coup de pied droit. Je trouvais que d'un point de vue défensif j'étais pas mal car il leur était difficile d'arriver sur moi. Mais quand il s'agissait d'attaquer j'étais incapable de marquer un point. Cela fut sujet à profonde frustration de ma part. Ça changeait des vrais combats dans la mesure où il était question ici de compétence, et pas seulement d'avoir les tripes qu'il fallait et l'endurance qui va avec. 
 
Je repensais à ce qu'avait dit Bruce au sujet des « adversaires qui sont rapides, et il doit être plus rapide » et de ceux qui sont puissants, et qu'il fallait être plus puissant. Puis je me dis que ces instructeurs de karaté japonais s'étaient entraînés pendant des années pour acquérir cette rapidité et cette puissance. Si je devais m'entraîner comme l'avait fait Bruce, il me faudrait deux à trois fois plus longtemps pour les battre à leur propre jeu. Mais j'avais aussi des limites de puissance du fait de mon faible gabarit. Si j'accélérais mon coup direct de wing chun, je ne pouvais pas toucher mon adversaire du fait que j'étais en appui sur ma jambe arrière. Et si j'utilisais la technique du karaté, d'être en appui sur la jambe avant, je pouvais toucher mon adversaire, mais, à côté de ça je perdais ma structure de wing chun. C'était un dilemme ! Je devais littéralement me jeter en avant pour atteindre mon adversaire. Ça aurait pu fonctionner contre un gars qui vous étale d'un seul coup de poing. Mais je me demandais souvent ce qui se passerait si je combattais une autre personne de style gung-fu ou un bagarreur de rue, et qu'il puisse recevoir mon meilleur coup. Si j'arrivais à placer mon meilleur coup, mais que mon adversaire malgré ça continuait le combat, je serais certainement bien embêté. 
 
Je voulais garder ma structure wing chun. Je me demandais comment je pouvais retenir ou arrêter un plus grand adversaire qui me chargerait sans cette structure ? La structure était aussi importante pour gérer des combattants pratiquant des combinaisons. Je me demandais aussi ce qui arriverait quand je vieillirai et que ma puissance et ma vitesse diminueraient ? Cela pouvait vouloir dire que je n'aurais plus rien quand je serai vieux. 
 
Je ne pouvais évidemment en parler aux anciens du wing chun, ils n'appréciaient pas du tout que je pratique le karaté. Ils ne comprenaient pas que pendant que je pratiquais le karaté je pouvais améliorer mes compétences contre un adversaire légal. Le karaté me permettait de faire des combats légaux. (dans l'ancien temps, les artistes martiaux testaient leurs compétences dans des combats illégaux, appelé « gong sao(1) » qui signifie littéralement « les mains qui parlent »). Les extérieurs qui me regardaient pensaient que je faisais du karaté, les instructeurs ne réalisaient pas que j'utilisais mon wing chun contre mes adversaires du karaté, et plus tard je trouvais le moyen d'adapter mon wing chun à leur façon de combattre.  Bruce aurait propulsé sa main avec une grande vitesse et un timing parfait pour intercepter le coup de poing, ou de pied de son adversaire. Et je me dis, pourquoi ne propulserais-je pas ma structure wing chun avec une main qui intercepte tandis que l'autre attaque dans le même temps ? Mon entraînement avec les gars du karaté me permit de développer cette nouvelle méthode. Tous les ans le Japon envoyait de nouveaux instructeurs à Hong Kong. J'étais toujours le premier à les combattre. J'étais connu dans l'école comme « le boxeur chinois ».
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(1) : je pense qu’un autre mot serait Beimo, dont nous avons déjà parlé lorsqu’il était question de Wong Shun Leung.
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