dimanche 1 avril 2018

Une école de wing chun centenaire à Strasbourg !

Pour ceux qui suivent en cours d’Histoire, cette année nous fêterons les 100 ans de l’armistice marquant la fin de la première guerre mondiale.
Ce dont on parle moins en cours, c’est du rôle des Chinois en France dans ce conflit. Pourtant ce sont environ 140000 Chinois qui sont venus travailler en France à partir de 1916, que ce soit pour l’armée britannique ou bien pour des entreprises. Ils ne faisaient cependant pas partie des unités combattantes, ce qui ne veut pas dire qu’il n’y avait aucun combattant parmi eux.

Chan Yu Min
De nombreux artistes martiaux se trouvaient parmi ces hommes, dont un certain Chan Yu Min, âgé de 32 ans en 1916. Il s’agissait rien de moins que du fils de Chan Wah-Shun !
Celui-ci travailla dans une usine française, loin du front. Si les marques de racisme sont malheureusement nombreuses, certaines personnes se montrent plus ouvertes que d’autres, c’est le cas d’Aymeric von Bode, un Alsacien d’origine ayant fait sa vie dans le sud de la France. Souffrant d’un asthme léger, Aymeric échappe à la mobilisation.

Cet homme, Aymeric montra plus d’une fois sa sympathie à Chan Yu Min et une amitié naquit entre eux.
Aymeric eut plusieurs fois l’occasion de voir les travailleurs Chinois pratiquer les arts martiaux et il ne cachait pas son intérêt mais à cette époque on n’enseignait pas les arts martiaux aux étrangers. Contre toute attente, Chan Yu Min proposa à Aymeric de lui enseigner sa boxe du printemps radieux, le wing chun kung fu ! C’est dire jusqu’où allait leur amitié. Chan Yu Min devait sans doute le considérer comme l’un des leurs, un Chinois de France en quelque sorte !

Aymeric von Bode, encadré en bleu sur la photo

On sait peu de choses sur l’entraînement que reçut Aymeric mais dans une lettre adressée à l’un de ses élèves, il parle d’entraînements quotidiens, après le travail à l’usine et très éprouvants. Ainsi, s’il n’a finalement appris auprès de son maître que sur une courte période, celle-ci fut intense et il en apprit beaucoup sur cet art.
Aymeric von Bode aurait pu se vanter d’être le premier Européen à apprendre cette boxe chinoise mais c’était un homme humble et jamais il ne chercha à se mettre en avant. En revanche ce qu’il fit, ce fut de combiner cet art avec la savate boxe française, technique à laquelle il avait eu l’occasion de s’initier quelques années plus tôt. Il faut savoir que la savate boxe française est alors une technique très jeune, n’ayant qu’une petite dizaine d’année et encore peu connue.

Novembre 1918, la guerre est terminée et Chan Yu Min rentre chez lui. Aymeric de son côté, partit pour l’Alsace, à nouveau française, voulant retrouver sa famille. Cette guerre lui avait fait prendre conscience qu’il devait rester proche de sa famille et que s’exiler en France avait été une erreur.
C’est à Strasbourg qu’il s’installa, retrouvant son père, Alphonse von Bode. Tailleur de pierre de formation -Aymeric avait fait partie des Compagnons du Devoir- il n’eut aucune difficulté à trouver du travail au sein de la fondation de l’Œuvre Notre Dame.

Dans une volonté d’honorer l’enseignement de son ami, Aymeric créa sa première école d’arts martiaux et c’est dans les locaux de la fondation de l’Œuvre Notre Dame que se tinrent les cours.
Longtemps tenue secrète, cette école fêtera cette année ses 100 ans d’existence. J’ai eu la chance d’être contacté par leur actuel Sifu qui m’a ainsi parlé d’Aymeric et m’a demandé de faire ce petit article afin d’honorer la mémoire de leur fondateur.

Lentrée de l'école, rue des Cordiers. On distingue la fleur de prunier au-dessus de la porte

Leur pratique est un peu différente de la notre, certains mouvements de savate boxe française étant encore bien présents dans leur style mais on reconnait au premier coup d’œil qu’il s’agit de wing chun.
Du côté des outils d’entraînement, le mannequin de bois est absent de leur style, contrairement au tripode, bien que le leur soit fait de pierre. Le bâton long et les doubles couteaux sont également absents de leur style. Nous supposons que Chan Yu Min n’ayant pas emporté cela dans ses valises lors de sa venue en France, il s’est contenté d’enseigner à son élève les techniques ne requérant pas de matériel trop complexe, le tripode étant facile à reconstituer.

Il s'agit bien entendu d'un poisson d'avril :) ! En revanche il y a bien eu de nombreux travailleurs chinois en France durant la première guerre mondiale ! Pour en savoir plus, vous pouvez lire cet article : Travailleurs chinois pendant la Première Guerre mondiale en France
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6 commentaires:

  1. le nombre de fois où je suis passée devant l'entrée rue des Cordiers... et je n'ai jamais fait suffisamment attention à cette fleur de Prunier. Merci de m'avoir ouvert les yeux !

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    1. L'idée de cet article m'est venue il y a quelques mois en passant devant cette porte :).

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  2. Ça sent un peu le poisson d'avril tout ça ?!
    Les sources s'vous plait ^^

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    1. Ah oui tiens, nous sommes le premier avril... effectivement c'est bien mon petit canular annuel ;) !

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  3. Même si c'est un poisson d'avril, lorsqu'on regarde des vidéos de Charlemont, maître de Boxe française, je vois des similitudes avec le wing chun. Les coups de pieds, certaines parades.

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    1. Intéressant, merci pour l'information :) ! Il existe beaucoup de similitudes entre divers arts martiaux, je suppose que c'est la preuve qu'une technique fonctionne si on la retrouve en différents points du globe à différentes périodes.

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