dimanche 18 novembre 2018

Pan Nam et son wing chun kung fu


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Il y a quelques temps je vous proposais une vidéo de la forme siu nim tao réalisée par Pan Nam et je vous disais que nous reparlerions de lui dans un prochain article. C’était il y a plus d’un an et je dois dire que les informations à son sujet sont rares…
L’article du jour ne sera donc pas uniquement consacré à Pan Nam mais aussi aux spécificités de son wing chun ! Et ce qui devait être un article assez court a finalement une bonne taille :) !

  • Pan Nam
Pan Nam
Pan Nam (Péng Nán) est né en 1911, c’est cette année-là que la fleur de prunier a d’ailleurs été adoptée comme symbole national.
Il possède une tache de naissance sur le visage qui lui valut, particulièrement autour de Foshan, le surnom de “Blackface Nam”, Nam au visage noir.

Il étudia le hung gar de 1934 à 1947 jusqu’à ce qu’il rencontre Jiu Chow / Chiu Chau (étudiant de Chan Yiu Men / Chan Yu Min, le fils de Chan Wah Shun qui étudia avec Yip Man) et commença alors officiellement son apprentissage du wing chun sous sa direction.
Dans un autre récit, j’ai lu que c’est le kung fu sil lum (shaolin) qu’il étudia de l’âge de 13 ans à environ 30 ans.

Selon Sum Nung, avant d’apprendre avec Jiu Chow, Pan étudia brièvement le wing chun sous la direction de Cheung Bo.

Parmi les autres élèves qui apprirent avec lui, on trouve Leung Lam, Jiu Wan, Lee Shing, Wing Jing et d’autres célèbres maîtres de wing chun.
Lorsque Jiu Chow dut déplacer son école à Chungshan, Pan le suivit afin de poursuivre son entraînement.

Lai Hip Chai / Lap Yip Chi
En 1949 Pan Nam retourna à Foshan et commença à enseigner au sein de “l’Union des industriels du gâteau de Foshan” (Union of cake industry workers of Fatshan).
En 1956 il fut présenté à Lai Hip Chai, un camarade d’entraînement de Ng Chun So, Yip Man et Chan Yiu Men.
Lai Hip Chai était l’avant dernier élève accepté par Chan Wah Shun (Yip Man étant le dernier), mais il apprit également auprès du neveu de Lok Lan Goon.

Eddie Chong, l’un des élèves de Pan Nam, raconte que celui-ci aurait cessé d’enseigner en 1990 mais aurait attendu pour officiellement prendre sa retraire, ce qui impliquait certains rites. Toujours selon Chong, Pan Nam aurait eu une prémonition selon laquelle son dernier étudiant allait venir. L’étudiant en question étant bien entendu Eddie Chong qui fut accepté comme closed door student en 1991.
C’est finalement au printemps de 1992 qu’il prit officiellement sa retraite lorsque Eddie Chong quitta Foshan. Son élève lui rendit visite tous les ans jusqu’au décès de son maître en 1995 ou 96, les sources divergent.

Eddie Chong offrant une tasse de thé à Pan Nam lors de la cérémonie d'acceptation comme élève interne
 
Pan Nam n’enseigna pas uniquement le wing chun de Foshan à Eddie Chong, mais aussi le qigong de la fleur de prunier aux cinq pétales (five petal plum blossom) qu’il considérait comme le trésor perdu de l’entraînement de shaolin. Pan Nam descendait directement (en terme de lignée martiale) du kung fu de shaolin, aussi appelé shàolínquán. Pan Nam pensait que le style de wing chun qu’il avait appris était le système wing chun de Shaolin originel.

  • Le wing chun de Pan Nam, d’après Eddie Chong
Le système enseigné par Pan Nam est différent de celui, très populaire, de Hong Kong.

Pan Nam racontait que le moine shaolin Yi Chum était le fondateur véritable du wing chun. Celui-ci enseigna à Tan Sau Ng, qui transmit son savoir à Dai Fa Min Kam, Wong Wah Bo et Leung Yee Tei et ainsi de suite jusqu’à Pan Nam.
Dai Fa Min Kam, surnommé Kam au visage peint enseigna à Lok Lan Koon et à son neveu, qui enseignèrent à Lai Yip Chi, l’enseignant de Pan Nam.

Quoi qu’il en soit, le récit de Pan Nam impliquant Tan Sau Ng complète plusieurs trous dans l’histoire du wing chun et est, de nos jours, reconnu par plusieurs maîtres du wing chun. Cette vision de l’origine du wing chun et des théories de cette branche peuvent cependant entrer en conflit avec celles d’autres systèmes mais ce ne serait pas un réel problème lorsqu’on se penche sur la question et qu’on fait preuve d’objectivité. Au premier abord certaines différences sont dramatiques, mais en fait chaque système vient compléter les autres et les théories et techniques du wing chun enseigné par maître Pan Nam ne peuvent qu’améliorer les compétences d’un pratiquant d’arts martiaux. Comprendre les différences et les raisons pour chacun des changements qui sont apparus, nous donne peut-être notre seul aperçu de l’esprit martial des premiers maîtres.

Concernant les différences, cette branche de la grande famille du wing chun n’a pas seulement préservé des formes différentes, et potentiellement plus anciennes, mais également des exercices de qigong (chi-kung) qui selon maître Pan ont fait partie du wing chun depuis ses débuts.
Les techniques du wing chun de Pan Nam sont détendues jusqu’au moment d’initier l’attaque. La position utilise une répartition du poids à 50/50. Les orteils pointent droit vers l’avant et on avance pas à pas (stepping movements) en opposition aux systèmes où on retire la jambe arrière. Le système travaille avec des déplacements triangulaires, plutôt que la ligne droite. Les coups de poing peuvent être dirigés dans n’importe quelle direction à partir de l’épaule. En d’autres mots, les épaules sont considérées comme la ligne centrale.

Dans le chi sao, les mains ne roulent pas, elles sont en contact avec celles du partenaire d’une façon similaire à celles de la poussée des mains en taiji. Il y a trois formes à main-nues dans le système de Pan Nam : siu nim tao, chum kiu et biu jee (même si elles sont différentes de celles du système Yip Man). Ces formes sont réalisées volontairement de façon lente afin de développer le qi. Un autre point du système Pan Nam est que les techniques visant à tenir et attraper ont les caractéristiques de la technique eagle claw (la serre d’aigle). Le résultat des mouvements de main est le contrôle de l’adversaire.

L’emphase est mise sur un mouvement soudain qui contrôle l’opposant, déstabilise sa position et conduit à une frappe puissante aux points vitaux. En conséquence, il n’y a pas de roulement des mains.

L’emphase entre les déplacements et la force rotative conduit à des techniques de mains dites douces (par opposition aux styles durs) qui ne donnent pas d’indication quant à son intention à l’adversaire. Le concept de créer un pont au-dessus du vide est accompli grâce aux déplacements. Les mouvements de bras le long de la ligne centrale instillent, chez le débutant, l’essence de l’économie de mouvement. C’est-à-dire que la ligne droite est la plus rapide et est le mouvement le plus économique pour le débutant.  Le mouvement le long de la ligne centrale a des avantages défensifs tels qu’intercepter l’attaque de l’adversaire. Avec l’augmentation du niveau de compétences, le concept de ligne centrale prend un sens plus complexe. Dans le système Pan Nam, les basiques sont, comme mentionné plus tôt : (1) Contrôler l’adversaire, (2) Rediriger la ligne centrale de l’adversaire et enfin (3) Perturber la position de l’adversaire.
A ce moment, on peut attaquer avec un risque minime de contre-attaque.

En d’autres mots, en développant ses compétences, le pratiquant devient moins concerné par la technique spécifique d’un adversaire. Plutôt que de penser à sa propre ligne centrale, la redirection de celle de l’adversaire est la clef d’une attaque réussie. A ce moment, le pratiquant peut attaquer dans n’importe quelle direction à partir de son épaule. Physiquement et logiquement, les avantages d’attaquer à partir de n’importe quel angle sont nombreux (par opposition à n’attaquer qu’à partir de la ligne centrale). Le concept d’intercepter est un élément basique. Dans des termes plus simples, l’idée d’intercepter évite que l’opposant place le pratiquant dans une position de défaite - en déséquilibrant, coinçant, etc. Le principe d’intercepter est là pour rediriger les mouvements de l’adversaire avant qu’il ne puisse achever sa technique, qu’elle soit offensive ou défensive.

La redirection de l’énergie de l’adversaire se conduit à travers (1) la sensitivité, (2) aller avec le courant du mouvement adversaire (ce qui ne veut pas dire se laisser faire), et (3) garder un contact avec le bras ou la jambe de l’adversaire. Sans ce concept d’interception, le pratiquant dépend de la coordination œil / main (ce qui peut ne pas être efficient lorsqu’on travaille à grande vitesse) ou simplement une question de force (ce qui ne sera pas efficace face à une force supérieure). “L’énergie vers l’avant” est un élément important du principe d’interception (note d’Orphée : toujours garder une pression vers l’avant !).
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3 commentaires:

  1. Je viens de lire l'article c'est du travail très recherché,et instructif.Bien

    Barresi Michel

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    Réponses
    1. Merci, ça a effectivement demandé quelques recherches :).

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  2. Pourrez vous écrire un article sur la ligne Ng Chan? https://www.ewingchun.com/sifus/pun-ki-ping-lance-pun

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