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Une traduction de Véronique, merci à elle !
Thierry Cuvillier arriva à Taipei en 1999, avec seulement un sac à dos et l’adresse d’un maître du wing chun dont il espérait devenir l’élève. Aujourd’hui, pratiquement 20 ans plus tard, après avoir lui-même enseigné à plus de 200 élèves, il songe à rentrer chez lui.
C’est une soirée
d’hiver à Taipei, une fine bruine tombe sur le District Daan. Dans une petite
allée, près de Si Wei Road, près d’un marché traditionnel, au milieu des nombreux
immeubles d’habitation, tout neufs, qui ont poussé comme des champignons, il y
a un endroit qui tient depuis des décennies.
La Thierry
Cuvillier International Wing Chun Academy a des airs de société secrète. Pour s’y
rendre, les visiteurs doivent passer par le sous-sol d’un immeuble résidentiel
non répertorié. Descendre une volée de marches, puis laisser l’odeur et les
sons d’une salle d’arts martiaux envahir ses sens, la lumière crue des néons au
plafond, le revêtement de sol en bois vernis, l’odeur de la transpiration, et
le son des coups portés sur le muk yan jong, le mannequin de bois.
Ce soir-là il y
a une douzaine d’élèves qui pratiquent leur art. Ils travaillent d’abord
individuellement, puis forment des paires pour les exercices de combat manuel.
Pour les encadrer et les guider, il y a un homme qui a donné son nom à l’académie.
Thierry
Cuvillier, 45 ans, est le sifu, le maître. Il est l’homme recherché par les
élèves du monde entier, certains ayant fait le voyage jusqu’à Taipei juste pour
avoir l’honneur d’apprendre de lui. Mais il fut un temps où l’affable Parisien
était comme ceux qui viennent le trouver. Pas grand-chose de plus qu’un gamin
avec en poche le nom d’un maître, et l’adresse d’une salle à Taipei, notés sur
un bout de papier, et en tête le rêve de pouvoir amener son entraînement à un
niveau plus élevé.
Cuvillier, de
son propre aveu, était un enfant difficile de la banlieue de Villejuif, pas
très loin de Paris. Arrivé à l’adolescence il devint évident que le système
scolaire n’était pas fait pour lui.
« En classe
j’avais du mal à suivre, c’était donc un problème pour ma famille et pour le
professeur. Je n’arrivais pas à me concentrer. C’est pourquoi mon père avait
décidé de me retirer de l’école. »
De là le jeune
Cuvillier décrocha un diplôme de boulanger. Puis, à l’âge de 18 ans, toujours
incité par son père, il fit son service militaire.
« A l’armée
vous ne pouvez pas être qui vous voulez, vous ne pouvez pas faire ce que vous
voulez. La discipline m’aida à être plus concentré. J’aimais ça, en fait j’aimais
tous les exercices. C’était un challenge : prouver ce que je pouvais
faire. Cela m’a aidé à changer. »
Dans le cadre de
sa formation on a envoyé Cuvillier en Allemagne pour apprendre le close combat,
comment se défendre contre des attaques au couteau avec… rien. Il trouva là l’occasion
d’utiliser intelligemment l’agressivité qu’il avait en lui.
« Quand je
revins à paris je me mis à chercher une école d’arts martiaux. »
Pendant 6 années
après que son service militaire se soit terminé, Cuvillier s’est entraîné au taekwondo.
Un jour, après l’entraînement, un de ses amis lui parla de « boxe chinoise »,
intrigué Cuvillier trouva un maître de wing chun sur Paris. Et après deux ans d’entraînement
en wing chun il prit la route.
« Je cherchais
quelque chose de plus difficile » se souvient-il, comme étant sa
motivation à partir pour Taipei, à une époque où il ne parlait pas l’Anglais,
et surtout pas le Mandarin ou le Hokkien. Il était alors au milieu de la
vingtaine.
« Mon
professeur à Paris était bon, mais je ne trouvais pas avec lui ce que j’avais
découvert lors de mes recherches sur le sujet, et ce que j’avais vu dans les
livres. Mon rêve était donc d’aller en Asie, et trouver un maître qui m’enseignerait
le vrai truc »
Le maître auquel
il pensait était Lo Man-Kam, le neveu du fameux Ip Man.
Cuvillier avait
suffisamment d’argent pour pouvoir vivre un petit moment et payer des cours de
Mandarin à la Tamkang University. Il avait aussi l’adresse de Lo à Bade Road,
au centre de Taipei. Et donc il débarqua dans la capitale de Taïwan en 1999.
Peu après son arrivée il frappa à la porte de Lo et commença son chemin sur la
voie qui deviendrait toute sa vie pour les deux décennies suivantes.
« Quand j’ai
rencontré Sifu il m’a demandé si je m’étais entraîné en wing chun et je dis
Oui, un peu, je me suis entraîné deux ans en France. Et il répondit Bien bien
bien, va te changer et monte sur le toit, on commence aujourd’hui. »
L’entraînement
avec son nouveau maître n’avait rien à voir avec ce qu’il avait expérimenté en
France.
« Sifu vint
me rejoindre et me dit Ok, on va faire la première forme. Donc je pris et
maintins ma position neutre. Il resta en face de moi pendant environ 2 minutes
puis dit Ok, c’est bien. Et je restais là, comme ça, pendant deux heures. »
Les leçons de
maître à étudiant étaient comme ça, d’une lenteur angoissante mais nécessaire.
C’était une perpétuelle recherche de la perfection, un dépassement du stade de
la douleur, de la frustration et une dissolution de l’ego. Il fallut 13 ans à
Cuvillier pour atteindre le niveau de Senior Instructor (7ème degré) niveau que
peu de pratiquants de wing chun atteignent.
D’assistant du
maître, Cuvillier progressa jusqu’à entraîner des élèves lui-même. En 2004 il
enseignait le wing chun à la Taipei European School. Il ouvrit un certain
nombre d’écoles autour de Taipei, en général dans des quartiers défavorisés et
bruyants dont les voisins se plaignaient. Puis finalement il déménagea à son
adresse actuelle.
Il a eu plus de
200 élèves, la plupart de jeunes adultes, leur demandant la modeste somme de
3500 dollars taïwanais (120 US Dollars) par mois pour assister à 6 cours par
semaine.
A côté de cela
il a aussi pris l’habitude de méditer quotidiennement, afin de bien dormir,
reposer son corps et son esprit. Il pratique aussi le yoga pour rester souple.
Et il va nager pour améliorer son cardio.
A présent, après
20 ans à Taipei le français songe à retourner au pays.
En Novembre
Cuvillier ira à Montpellier, dans le sud de la France, pas loin de la Méditerranée.
Là il espère ouvrir une nouvelle branche de son académie profitant de la manne
touristique et des expat’, ce qui manque à Taipei.
« C’est pas
que je sois vieux, mais le temps passe. Est-ce que je veux vraiment rester ici,
à Taipei, pour toujours et gérer mon école ainsi ? Est-ce que je veux le
faire pendant encore 5 ans ? 10 ans ? Partir ensuite ? Mais
quitter Taipei à 50 ou 55 ans ça ne sera pas pareil de tout recommencer
ailleurs. »
Ce déménagement
est la continuité d’un processus de vie, qui a vu un jeune homme rebelle
devenir un homme avec un but, du tempérament et de la sagesse.
Dans ce monde où
tout doit aller vite Cuvillier et beaucoup de ceux qui sont venus le trouver,
ont découvert le calme, la clarté et la confiance que procurent les arts martiaux.
Il ne fait pas de doute que d’autres continueront à rechercher ces trésors, et
peu importe où les mènera ce voyage.
Depuis il a bel
et bien ouvert une école à Montpellier !
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