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Un article de Véronique
Un soir où il pleuvait terriblement, après que j’eus fini de nettoyer et que je m’entraînais, seul, personne ne vint jouer (au Mah Jong) sauf GM Yip Man. Je me souviens très bien qu’il faisait les cent pas pendant que je m’entraînais. Après un moment il m’appela par mon surnom “Kong Jai” (Petit Kong).
“Kong Jai,
montre-moi ce que tu as appris”. Dans un premier temps je fus hésitant, mais je
présentais la Première Forme. “Ah ! Très bien” dit-il. Puis il m’invita à
faire un peu de mains collantes. Plus tard les invités arrivèrent petit à petit
et il conclut “Très bien. Pas mal du tout. Continue à travailler dur.”
Une autre fois
GM Yip Man m’appela de nouveau pour voir comment j’avais progressé, pendant
qu’il attendait ses invités. Après un peu de chi sau, et de lop sau, il me dit “Hmm,
ta base est très bonne” puis me demanda “Kong jai, pourquoi veux-tu apprendre
le Wing Chun ?” Je lui répondis que je voulais apprendre quelque chose de
pratique, que je puisse utiliser pour me défendre en cas de situation de
danger. J’ajoutais que le wing chun était un bon style, que ça me convenait et
que j’en étais complètement dingue.
GM Yip Man me
dit “Je t’aime bien, tu es honnête, tu travailles dur, et tu ne m’as pas dit
vouloir apprendre le wing chun pour une autre raison que la self défense. Si tu
veux vraiment apprendre le wing chun, viens me voir demain à 6 heures du matin,
au Hoon Lin Restaurant.”
Ce fut ce fameux
matin que GM Yip Man m’offrit de devenir son élève. J’étais à la fois ravi et
nerveux. C’était un tel honneur ! Toutefois je lui expliquais que je ne
voulais pas être irrespectueux vis à vis de mon sifu, Lok Yiu. GM me répondit
que je ne devais pas me sentir mal à l’aise, car Lok Yiu était son élève. Tout
ce que Sifu Lok Yiu m’avait enseigné venait de lui. Il me dit que parce qu’il
était le leader de la famille Wing Chun à Hong Kong, il avait totalement le
droit de me choisir comme élève privé.
L’autre souci
était que je n’étais pas sûr de pouvoir me permettre des leçons privées avec le
Grand Maître. J’avais entendu dire que c’était très onéreux. Mon père, quand il
l’apprit, proposa de payer ces cours.
La première
leçon avec mon Sifu Yip Man est mémorable. Il voulait revoir tout ce que
j’avais appris, afin de me corriger. Je commençais au début, avec la Première
Forme, Sil Lim Tau.
Je commençais
par prendre la position, en tournant mes pieds à 45 degrés, une fois, deux
fois, trois fois, et enfin une quatrième. “Kong Jai. Stop ! Attends une
minute ! Laisse-moi t’expliquer. Oui, normalement mesurer la largeur de ta
position neutre ainsi est correct, mais qu’en est-il si tu as de petits
pieds ? Ou des grands pieds ? Utiliseras-tu la même méthode dans les
deux cas ?”
Sifu m’expliqua
que l’écartement correct était à peine plus large que la largeur des épaules et
m’expliqua le but derrière cette position, et pourquoi nous l’utilisons. Je
compris alors que même quand on fait les formes il faut ajuster les mouvements
pour qu’ils collent à notre structure corporelle.
Quand j’en
arrivais au Tai sau, je me souvins que dans certaines écoles le mouvement était
fait différemment. Je demandais donc à Sifu quelle était la différence. Il
m’expliqua que chaque mouvement de la Sil Lim Tau est une technique, et que
chaque mouvement a une signification qui lui est propre. On ne peut pas changer
un mouvement et garder la signification initiale. Il me montra les applications
pour les deux versions de Tai Sau et me dit “Réfléchis-y par toi-même et demande-toi
lequel des mouvements est correct et fait sens.”
Et nous avons
continué l’entraînement ainsi. Vers la fin du cours Sifu me demanda soudain “Suis-je
célèbre ? Pense-tu que tu peux apprendre quelque chose d’un célèbre
Sifu ?”
Je pensais à son
célèbre élève Bruce Lee et répondis “Bien sûr que vous êtes célèbre !
Et je pense définitivement que je peux apprendre de vous.”
Il me dit de ne
pas croire aveuglément tout ce qu’il me dirait, de faire mes propres recherches
en utilisant mon sens commun, avec son enseignement comme fil rouge. Après
tout, me taquina-t-il “Kong Jai, comment peux-tu être sûr que je ne me moque
pas de toi ?”
Il conclut la
leçon en disant “Je ne te dis pas de ne pas me respecter, ou de remettre en
question mon savoir. Evidemment tu dois respecter ton Sifu. Je veux que tu
utilises ton sens commun. Accepte ce que je dis, mais teste-le. Ne mystifie pas
l’art. Si tu ne peux pas le voir, si tu ne peux pas le ressentir, comment peux-tu
alors savoir que c’est correct et pratique ? C’est l’unique moyen de
comprendre.”
Sa méthode
d’enseignement était totalement différente de tout ce que j’avais connu. Il me
lançait des défis intellectuels au sujet du wing chun et de la philosophie. Il
me donnait de nouvelles idées, et de nouvelles approches et me faisait toujours
penser à ce que je faisais.
Par exemple il
m’a montré en détail tout ce qui concernait les coups de poings enchaînés,
considérés comme la marque de fabrique du wing chun. Il m’a tout expliqué en
détail, puis m’a demandé si je pensais que la technique était efficace “Évidemment”
ai-je répondu. A sa façon très personnelle il m’a alors dit “Maintenant que tu
as compris comment pratiquer cette technique correctement, je vais te montrer
comment elle ne fonctionne pas”. J’étais perturbé !
Il m’a demandé
d’utiliser la technique contre lui, et quand je le fis il me contra aisément. “Kong
Jai, aucune technique n’est une technique parfaite, même si tu travailles avec
diligence, il y a de nombreuses choses à prendre en considération, comme la
vitesse, la puissance, le timing, le positionnement, et la distance. Je
voudrais que tu y penses sérieusement après cette leçon.”
Au moment de
partir je voulus reparler de cela avec lui, mais j’eus droit à une leçon “Je
suis ton Sifu, j’ai la responsabilité de t’enseigner. Mais je ne suis pas ta
baby-sitter. Si je continue à toujours répondre à toutes tes questions, tu te
reposeras toujours sur moi. Peux-tu trouver un moyen d’y répondre par toi-même ?
Dis-moi ! Quel âge ai-je ? Penses-tu que durant toute ta vie tu
pourras toujours venir vers Sifu pour trouver des réponses ? Fais tes
propres recherches. Ne fais pas une habitude de te reposer sur les autres, même
sur ton Sifu. Oui, je peux t’apprendre ce que je sais. Je peux te donner mes
expériences, et mes idées. Mais tu ne maîtriseras pas vraiment le wing chun
sauf si tu trouves un moyen de te l’approprier toi-même.”
Je passais
beaucoup de temps avec Sifu Yip Man. J’avais la chance d’avoir un emploi à
horaires flexibles à l’aéroport de Hong Kong qui me permettait cela. Dès que
j’avais du temps libre je l’accompagnais en promenade autour de Hong Kong,
c’est durant ces moments qu’il me transmit son savoir et sa philosophie.
Après environ 2
ans j’en étais au point que mon wing chun ne fonctionnait pas correctement Lors
des sparrings je comprenais bien ce que j’avais fait de travers, et pourquoi
j’avais été vaincu, mais je n’arrivais tout simplement pas à surpasser mes
opposants. Mon cerveau savait, mais mon corps ne suivait pas. Quand je finis
par en parler à Sifu Yip Man, il m’écouta, sourit et dit “Ha ! Très
bien ! Maintenant tu sais.”
Il me rappela ce
qu’il m’avait dit précédemment et conclut par “J’ai 70 ans à présent. Du fait
de ma condition physique et de mon âge, je ne peux pas te montrer comment
entraîner toutes ces choses… Mais j’ai 5 élèves privés qui ont la puissance et
la compétence (Gung lek) de te montrer tout cela afin que tu le comprennes. Veux-tu
apprendre ?”
Il me prévint
toutefois que ce serait dur, qu’il y aurait de la pression, que cela
impliquerait des sacrifices.
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