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Second stage de self-défense à
destination d’un public aveugle ou malvoyant
Cliquez sur l'image pour l'agrandir
Le public était
composé de 5 personnes : 4 personnes malvoyantes et 1 personne aveugle,
leur âge allait de 30 à 75 ans. Deux des personnes malvoyantes ne voyaient pas
au-delà de quelques centimètres.
Trois des
participants avaient déjà participé à la session du 22 avril, les 2 autres
venaient pour la première fois, tous sont débutants en self-défense.
Les objectifs de
ce stage étaient :
- former à quelques techniques de défense simples un groupe de malvoyants et non-voyants afin qu’ils soient aptes à réagir en cas d’agression.
- initier ce même groupe à la pratique du wing tsun kung fu en leur faisant pratiquer un programme de réflexes adapté.
Nous sommes le 10 juin 2017, vers 13
heure. Le stage ne commence qu’à 14h30 mais je suis venu en avance pour
préparer la salle et m'assurer que mes assistants ont tous bien compris toutes
les consignes. Dans le cas contraire je peux encore prendre le temps de réexpliquer.
J’ouvre les fenêtres pour aérer
suite au cours du matin. Et je fais le tour de la salle pour m’assurer que
l’environnement de travail est bien sécurisé. Je m’assure que l’issue de
secours est déverrouillée puis je fais un peu de ménage pour que la salle soit
bien propre pour nos stagiaires. Je referme ensuite les fenêtres et fais brûler
un peu d’encens pour purifier l’atmosphère.
Il s’agit de notre seconde édition
du stage de self-défense pour malvoyants et non-voyants et je sais d’expérience
que certains stagiaires arrivent très tôt, voila pourquoi je veux que tout soit
prêt pour 14 heure et que j’ai demandé à mes assistants de venir un petit peu
avant.
Je vais ensuite au bureau qui me
sert également de vestiaire lorsque je fais cours et j’enfile ma tenue pour le
stage. Je porte aujourd’hui mon costume de technicien, la même tenue que je
porte pour les cours avec les élèves voyants. Je pars du principe que ça n’est
pas parce que les stagiaires ne voient pas ma tenue qu’elle ne doit pas être
exemplaire, ils méritent le même respect que n’importe quel élève. J’ai
d’ailleurs demandé à mes assistants de porter eux aussi une tenue correcte.
Un peu avant 14 heure mes 4
assistants arrivent et j’effectue un rapide briefing afin de leur rappeler les
bons gestes, mais aussi les attitudes à éviter avec les personnes
malvoyantes : les informer si on les quitte afin d’éviter qu’ils ne posent
une question dans le vide, les laisser poser aux même leurs affaires afin
qu’ils sachent où elles sont, ne pas chuchoter à proximité d’eux car ils
l’entendront, etc. Je fais particulièrement attention à Anny qui n’était pas
présente sur la première session et est venue nous aider.
Je leur rappelle également comment
nous allons procéder pour l’accueil : Véronique sera en bas pour les
accueillir et les guider jusqu’à la rampe de l’escalier (notre salle est à
l’entresol), Christophe sera posté au sommet de l’escalier afin de les guider
jusqu’à la salle et enfin Anny et Naël les guideront jusqu’aux vestiaires afin
qu’ils puissent se changer, puis au bureau. Pour ma part je serai au bureau
afin de pouvoir enregistrer les inscriptions des stagiaires et répondre à leurs
éventuelles questions.
Il est environ 14 heure, mes
assistants n’ont pas de question, chacun sait ce qu’il a à faire et nous allons
chacun à notre poste. Les premiers stagiaires ne tardent pas et je vois avec
plaisir que Valérie, Yassine et Pierre sont effectivement revenus. Tous trois
étaient inscrits mais je n’étais pas à l’abri d’un désistement. Je prends le
temps de leur demander des nouvelles, savoir comment ils vont, s’ils se
souviennent de ce que nous avons vu sur la première édition. Pierre me parle
longuement de son envie de rejoindre le cours classique, je pense que c’est
faisable mais lui dis d’en discuter avec notre Sifu dont c’est l’école.
Deux stagiaires supplémentaires
arrivent Jean-Paul et Yvonne et nous attendons encore un peu notre sixième
inscrit. Vers 14h30, je fais néanmoins retentir la cloche, Véronique est encore
en bas si jamais le retardataire devait arriver. J’ai l’habitude de travailler
avec elle et je sais que d’ici quelques minutes elle remontera.
Le stage commence et je demande aux
assistants de me rejoindre au niveau des panneaux muraux. Les stagiaires sont
en face de nous et nous effectuons un salut : inclination, suivie du poing droit fermé, la paume gauche le recouvrant.
Je souhaite la bienvenue aux
stagiaires à ce second stage et je les remercie pour leur venue, j’ajoute que
je suis content de voir que certains sont revenus mais aussi de rencontrer les
nouveaux venus. Après cela je présente l'équipe encadrante, simplement nos
noms, inutile de s’embarrasser avec les grades dans un tel contexte.
Je précise également que si en cours
de stage ils ont soif, il y a du thé et de l’eau à disposition.
Après cela j’introduis le stage en
lui-même en reprécisant aux stagiaires les objectifs de celui-ci ainsi que le
déroulé :
« Au terme de ce stage vous
serez capable de réagir face à certaines attaques à partir du moment où il y a
un contact entre vous et l’agresseur. » Bien entendu si quelqu’un leur
envoie un coup de poing par exemple, ils ne pourront pas le voir venir.
« Nous effectuerons également
une initiation au wing tsun kung fu en fin de stage afin que vous puissiez
découvrir cet art martial passionnant. »
J’introduis ensuite le contexte, en
parlant un peu des agressions et en expliquant que l’idéal est de désamorcer le
conflit avant de devoir en passer par des techniques physiques :
« Nous vivons dans une société
où les agressions physiques ne sont malheureusement pas anecdotiques. Ce sont
des faits fréquents et un agresseur n’aura aucun scrupule à s’en prendre à une
personne ayant un handicap visuel, bien au contraire. Dans un tel cas il ne
faut pas hésiter à parler fort afin d’attirer l’attention des passants pour
leur faire comprendre que vous avez besoin d’aide. Parfois être le centre de
l’attention peut suffire à faire battre en retraite un agresseur. N’hésitez pas
non plus à lui rappeler que même si vous, vous ne le voyez pas, d’autres le
voient sans doute et pourront témoigner, qu’il y a probablement une caméra en
train de le filmer.
Si en dépit de tout cela l’agresseur
en vient à prendre contact avec vous, hé bien c’est là que ce que nous allons
vous montrer, ou vous remontrer pour certains, aujourd’hui entre en
action. »
Je démarre alors par un rapide
échauffement. Je repense à un stage de self-défense dans lequel l’enseignant
nous disait qu’en cas d’agression il n’y avait pas d’échauffement avant
d’immédiatement commencer son stage par de la pratique. Je le rejoins sur ce
point, néanmoins ayant des néophytes en matière d’arts martiaux je vais malgré
tout procéder à un échauffement. Je n’ai aucune envie que l’un d’eux se blesse.
D'autant plus que l'un des stagiaires affichait fièrement ses 70 printemps.
Je commence par la nuque et descend
le long du corps en sollicitant chaque articulation. Les assistants et moi-même
nous échauffons en même temps mais c’est avant tout par ma voix que les
stagiaires peuvent reproduire nos gestes aussi je prends un soin particulier à
détailler ce que j’attends d’eux :
« Nous allons effectuer des
cercles avec la tête, rentrez bien le menton lorsque vous passez devant, en
douceur et sans faire craquer les cervicales, dans un sens… et dans
l’autre ! »
Si certains mouvements sont trop
abstraits pour l’un des stagiaires, je vais le corriger ou laisse faire l’un
des assistants. Nous prenons notre temps et échauffons chaque articulation.
Après cela je leur propose
d’apprendre la position de garde classique du wing tsun :
« Dans un premier temps placez
l’une de vos mains contre votre buste, perpendiculaire à celui-ci, vos doigts
pointant vers l’avant. » Je vérifie que tout le monde a bien sa main dans
la bonne position, avec mes assistants nous aidons ceux qui sont un peu en
difficulté puis je poursuis :
« De là vous allez placer votre
autre main dans le prolongement de celle-ci, vos doigts également vers l’avant.
Tout le monde y est ? Super ! Ensuite placez la main qui est contre
votre buste dans le prolongement de l’autre sans bouger cette
dernière. Dernière étape, pivotez la main la plus proche de vous de
quatre-vingt dix degrés pour que vos doigts pointent à midi. Votre autre main
va pivoter très légèrement, de quelques degrés vers le haut. »
Je regarde rapidement et constate
que chacun à une position de garde correcte. De là je leur dis de bien retenir
cette position, nous la reprenons d’ailleurs de zéro afin de la pratiquer une
seconde fois, puis je leur demande de tourner leurs paumes vers l’avant et leur
explique que c’est ce que je nomme une garde d’apaisement.
Les mains placées devant soi, paumes
vers l’adversaire sont un signe d’apaisement, c’est universel comme le disait
Robert Paturel dans un stage que j’ai effectué avec lui il y a quelques temps
déjà.
« Comme vous pouvez le voir, il
est très facile de passer de la position d’apaisement à la garde. Aussi si
votre agresseur refuse de comprendre que vous ne voulez pas d’ennuis, il faudra
malheureusement en passer par la garde et par une contre-attaque. Je vous
propose donc de travailler les coups de poings enchaînés. Dans l’exercice
suivant le but ne va pas être de frapper une fois fort mais d’enchaîner une
multitude de coups afin de submerger votre adversaire. Vous voulez lui montrer
que vous ne serez pas une cible facile, que vous avez du répondant. »
Pour la culture générale, je leur
explique que la main la plus proche d’eux est la wu sao, la « main qui
protège », et l’autre main la man sao, « la main que cherche ».
Pour ce faire, je leur demande de
fermer les poings, leurs phalanges les plus larges dirigées vers l’adversaire,
le pouce sur le côté du poing. Pour qu’ils comprennent facilement comment doit
être leur poing, j’invite les assistants à prendre une position de garde et à
laisser les stagiaires toucher leurs poings afin qu’ils ressentent comment
placer leurs doigts.
Pour la pratique des coups de poings
enchaînés, dans un premier temps je leur demande de pratiquer l’exercice dans
le vide. Il leur faut imaginer une horloge sur leur gauche. A partir de la
position de garde (main droite devant, main gauche derrière pour l’exercice),
ils vont fermer les poings et frapper en suivant les chiffres sur le cadran de
l’horloge.
« Votre poing gauche est sur 9
heure, le droit sur 3 heure. Mon poing gauche va sur 10 heure, le droit sur 4
heure et ainsi de suite jusqu’à avoir fait le tour du cadran. »
Par la suite je leur demande de
légèrement « aplatir » leur horloge afin qu’elle soit moins haute que
large (réduisant par là même l'amplitude de leur mouvement)
Puis nous passons au même exercice
mais avec mes assistants et moi-même qui tenons un sac de frappe (makiwara)
pour que les stagiaires puissent s’exercer.
« C’est un exercice important
car il va conditionner vos répliques après chacune des applications de
self-défense que nous allons voir juste après. Si vous avez des questions,
n’hésitez surtout pas. Il n’y a pas de mauvaises questions. »
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